Le vidéaste du mois #6 : Interview de Gorkab
Quand on se targue d’être quelque peu cinéphile, on finit toujours par s’intéresser aux effets spéciaux, comme en témoigne par exemple l’article de Fly sur Ray Harryhausen. Pour les longs métrages les plus récents cependant ce ne sont plus les marionnettes et autres astuces de montage qui ont la part belle des effets. Ce sont bien sûr les images de synthèse et l’histoire de celles-ci, pourtant très récentes, est infestée d’idées reçues et de contre vérités. Un homme a décidé de se dresser contre elles et cet homme c’est Gorkab !
Son émission CGM, pour Computer Graphics in Movies, va ainsi effectuer un bond dans le temps pour aller chercher la vérité ! Non, Tron n’était pas le premier ! Non, Terminator 2 n’était pas le premier non plus à utiliser les reflets sur la masse liquide du T 1000 ! Grâce à lui vous pourrez découvrir quels ont été les véritables films pionniers de l’image de synthèse au cinéma ! Mais pas seulement ! Gorkab va également expliquer comment ces tout premiers effets spéciaux numériques ont été créés, par qui et sur quelle machine ! D’ailleurs il n’a pas hésité une seconde à aller demander directement aux gens dont il voyait le nom au générique de ces films fondateurs. Ainsi de nombreuses interviews accompagnent les épisodes, ce qui est non seulement énorme mais en plus permet de mettre un visage sur des noms auxquels on prête difficilement attention au cœur des crédits de fin et qui, pourtant, ont révolutionné le cinéma.
Chaque épisode se concentre sur un détail précis de l’imagerie de synthèse, en commençant bien sûr par le premier de tous et en suivant la chronologie. Si parfois c’est difficile à suivre, Gorkab n’hésitant pas à être très technique par moment, c’est avant tout parce que CGM a pour ambition de vous initier aux effets spéciaux numériques et vous donner les pistes pour des recherches plus approfondies. N’ayez pas peur, la grande majorité des épisodes reste totalement accessible au grand public (même si on ne connaît strictement rien aux ordinateurs) grâce à une mise en scène très efficace mêlant extraits vidéos et blagounettes, en plus, des fois, il y a un chat.
Alors que l’épisode 15 est en préparation nous sommes allés à la rencontre de l’homme au pistolet Nerf chargé, à la barbe taillée et au visage marqué par la lutte quotidienne de rendre à César ce qui appartient à César, décidé à vaincre les idées reçues et élever la connaissance de l’Humanité, Gorkab l’historien des images de synthèse au cinéma !
Suite aux différentes tentatives, toutes résultant sur un échec, penses-tu que le rêve d’Hironobu Sakaguchi de créer des acteurs entièrement virtuels se réalisera un jour ?
Toutes les tentatives n’ont pas été des échecs à vrai dire. Les trois films de Robert Zemeckis tournés en performance capture ont tous trois été des succès au box-office mondial, tout comme le Tintin de Steven Spielberg, mais c’est vrai que le rêve de crafter des acteurs virtuels qui pourraient jouer dans plusieurs films différents et être mis au même rang que des acteurs réels est aujourd’hui loin d’être une réalité. À cela, les raisons sont cependant assez logiques : on va très souvent voir un film pour ses têtes d’affiche et ce sont ces mêmes têtes d’affiches qui font que les producteurs mettent leurs billes sur des projets. Or, aujourd’hui, faire porter tout le poids d’une franchise hollywoodienne sur les seuls polygones d’acteurs qui n’existe pas, à l’exception des films d’animation, c’est quelque chose qui n’est pas encore arrivé. Le film d’Hironobu Sakaguchi se basait d’ailleurs lui aussi sur des têtes d’affiches réelles pour les voix de ses protagonistes virtuels !
Mais, bien sûr, je pense que ça arrivera tôt ou tard et, lorsque ce sera le cas, à l’image du film « S1M0NE » d’Andrew Niccol, on ne le saura même pas.
Pourquoi en parallèle de nous raconter l’histoire des images de synthèse, nous montres-tu l’histoire des consoles portables ?
C’est vraiment parti d’un délire pour meubler mes apparitions face cam, mais je commence à être à court de machines à montrer dans les épisodes, donc peut-être que je vais passer à autre chose.
Regarder l’intégralité de CGM à la suite nous permet de constater que tu suis un plan chronologique très précis, sais-tu déjà ainsi combien d’épisodes la série comportera ? A quelle date comptes tu t’arrêter ?
Comme je le dis dans ma bande-annonce, le but est de passer au crible les 20 premières années d’évolution de la technique au cinéma. J’ai une liste d’une centaine de films, répertoriés depuis 2005 au fur et à mesure de mes recherches, mais dire avec précision le nombre d’épisodes est impossible à l’heure actuelle. Ceci dit, je me garde toujours quatre numéros au thèmes fixés d’avance, avec notamment la seconde partie des animés japonais qui arrivera pour l’épisode 17, et je compte continuer à faire quelques hors-séries vu la grande popularité de ceux-ci sur la chaîne. En tout et pour tout, je pense ne pas dépasser la trentaine de numéros pour la forme actuelle de CGM.
Tu montres toujours ton chat en train de ronronner sur le passage des gnous du Roi Lion, il n’a donc aucun cœur ?
Les siamois sont des gros enfoirés, c’est bien connu ! Il va d’ailleurs bientôt donner de sa personne pour une bande-annonce d’un épisode à venir d’ici à la fin de l’année si tout se passe comme prévu… Un nouvel épisode avec guest, comme ceux tournés précédemment avec Ginger Force et GillusZG.
Comment effectues-tu tes recherches ? Les films dont tu nous parles sont souvent d’obscurs échecs commerciaux et je ne peux pas croire que tu regardes tous les films du monde en traquant la première apparition d’une technique d’animation !
Il me serait en effet très difficile de traquer tous les films du monde en quête du moindre bout d’image de synthèse dedans, mais il m’arrive encore de découvrir des films qui en faisaient usage. Rien qu’en 2016, j’ai ainsi découvert les longs-métrages « Stay Tuned » et « Rover Dangerfield » en me rematant de vieux épisodes de la géniale émission « L’œil du Cyclone », qui m’avait fait m’intéresser à l’image de synthèse quand j’étais tout petit. Pour mes recherches, après, je me base beaucoup sur les bonus créés pour des éditions LaserDisc, DVD et parfois Blu-ray. Seulement, il arrive que les films dont je traite dans CGM n’aient aucun supplément disponible, et dans ce cas-là je dois traquer les personnes crédités aux effets spéciaux pour en apprendre plus. Là encore, certains films peuvent se contenter de ne marquer que le nom du studio, et les recherches peuvent être encore plus difficiles à partir de là. Digital Productions, par exemple, négociait de plus gros contrats en échange d’un crédit minimaliste à la fin des films sur lesquels ses équipes avaient travaillé, comme « 2010 » ou encore « Labyrinth ».
Au fait tant que je te tiens, c’était quoi la différence entre le Blu-Ray et le HD DVD, à part que l’un était le cd de la Playstation et l’autre celui de la Xbox ?
Alors, le HD-DVD n’a jamais été le CD de la Xbox 360. Microsoft vendait bien un lecteur externe optionnel à connecter sur USB pour lire des disques HD-DVD, mais le média de sa console de jeu était le bon vieux DVD, simple ou double couche. Après, la différence principale avec le Blu-ray, c’est que le HD-DVD n’était capable d’accueillir que 30 GB maximum, contre 50 GB pour le format supporté par Sony. Ce n’était cependant pas si mal, puisque les disques HD-DVD ont très tôt bénéficié d’encodages en MPEG4 H.264 pour palier au manque de place, là où les premiers Blu-ray utilisaient encore du MPEG2, beaucoup plus gourmand en place pour obtenir des résultats similaires. La concurrence a toujours du bon, puisqu’à l’heure actuelle, la majorité des films qui sortent en Blu-ray sont encodés en H.264, et même H.265 depuis cette année pour les disques 4K, avec des disques allant désormais jusqu’à 128 GB par galette.
Cependant, le format physique est de plus en plus mis à mal, notamment avec les rumeurs concernant la prochaine console de salon de Nintendo, qui exploiterait de nouveau des jeux en cartouches, mais aussi la VOD et les services de streaming type Netflix. Il y aura toujours des passionnés pour maintenir des sorties physiques de films, mais on pourrait assister à un repli du marché de la vidéo dans les prochaines années, voire un retour au marché de niche comme l’était celui du LaserDisc dans les années 90.
Pour retrouver Gorkab :
Sa chaîne Youtube : https://www.youtube.com/channel/UCL9j5fepWlAN3yx1LuYj1LA
Son site officiel : http://gorkabnitrix.com/
Sa page Facebook : https://www.facebook.com/GorkabNitrix/?fref=ts
Son Twitter : https://twitter.com/Gorkab
Et pour le soutenir sa page Tipeee : https://www.tipeee.com/gorkab
Le Vidéaste du Mois :Une chronique avec la complicité de la Vidéothèque d’Alexandrie Les émissions web ont pris une place de plus en plus importante dans nos pratiques culturelles, au point de remplacer chez beaucoup d’entre nous la télévision. Des petits passionnés qui papotent en facecam floue aux désormais professionnels du contenu vidéo, internet fourmille d’une galaxie de créations à déguster sur votre PC ou votre tablette du turfu. La fulgurante histoire du web a déjà donné tort à ceux qui pensaient que seuls y survivraient des formats courts humoristiques, à base de chatons ou éventuellement de let’s play maquillage. On a d’ores et déjà connu l’avènement des contenus culturels, pédagogiques et de vulgarisation. Et au Cri du Troll, qu’on mange ou non du vidéaste 2.0 au petit déj’, on considère que ces créations ont mérité qu’on les traite à égalité avec les formats plus traditionnels. Les copains de la Vidéothèque d’Alexandrie font vivre une association de promotion des contenus culturels sur le web. Leur site partage quotidiennement des émissions causant science, littérature, ciné, art et tout autre sujet susceptible de vous cultiver à n’en plus finir. A cause d’eux, vous n’avez plus aucune excuse pour dire « je ne sais pas quoi regarder ». Pour cette chronique mensuelle, les chasseurs du Cri du Troll attrapent un petit vidéaste sauvage dans le vivier des contenus sélectionnés par le regard affûté de la Vidéothèque. Dans le respect des conventions de Genève, nous le soumettons ensuite à quelques questions de notre cru (souvent aussi sottes que grenuttes, vous commencez à nous connaître). On espère que cette chronique vous permettra de découvrir des chaînes qui vous plaisent et d’en savoir plus sur ces étranges animaux du web. |