[Re-play] Sid Meier’s Civilization V, bâtirez-vous une civilisation capable de résister au passage du temps ?
Aujourd’hui, je voudrais revenir sur l’un des jeux qui m’a le plus enthousiasmée récemment (ce qui s’est traduit par près de 70 heures de jeu en un mois seulement) : Civilization V. Pour les adeptes de gestion et stratégie, nul doute que ce nom est familier : ce n’est, après tout, que le dernier opus de l’une des séries les plus cultes en la matière. Mais pour tous les autres, commençons par un petit retour dans le temps.
Le développeur devenu titre
L’histoire commence en 1991 avec la sortie de Sid Meier’s Civilization I, plus communément appelé Civilization I. En effet, il est plutôt rare de nommer le jeu par son titre complet et d’ailleurs, quid de ces deux premiers mots qui peuvent sembler bien obscurs aux non-initiés ? Sid Meier, ce n’est autre que le créateur du jeu, un monsieur qui avait déjà fait ses preuves quatre années plus tôt avec Sid Meier’s Pirates, qui mêlait stratégie et jeu d’aventure dans un open world très novateur pour l’époque.
Civilization I connaît immédiatement un franc succès et s’offre, dès sa sortie, l’Origins Award du « Best Military or Strategy Computer Game ». Dans sa lignée directe s’inscriront Civilization II (1996), Civilization III (2001), Civilization IV (2005) et Civilization V (2010).
Je passerai sur le premier jeu que je n’ai absolument pas connu. Pour ma part, je ne me suis réellement frottée à la série qu’à partir du troisième opus. Il faut dire qu’à la sortie du second, la gameuse en herbe que j’étais se préoccupait davantage d’aider Pouce-Pouce à sauver le zoo (et ce, des dizaines et des dizaines de fois) qu’à faire croître des civilisations florissantes.
De mes quelques heures sur Civilization III, je n’ai gardé que quelques très bons souvenirs même s’il est évident que je ne suis pas allée au fond des mécanismes du jeu. Du coup, c’est très logiquement que je me suis tournée vers le suivant quelques années plus tard. Et là, la déception a été ÉNORME.
Des graphismes peu convaincants – du fait notamment au passage à la 3D, une interface tout sauf intuitive, un gameplay fastidieux… Et surtout, surtout, le passage quasiment obligatoire par des périodes de guerre complètement dévastatrices. Bien sûr, la série laisse une large place à la stratégie guerrière. Le système de combats est d’ailleurs très efficace. Mais moi qui suis une pacifiste dans l’âme (pacifiste et naïve, à vouloir rester amie éternellement avec le peuple voisin) je vous avoue que ça me troue les bottes de construire patiemment ma civilisation siècle après siècle jusqu’au jour où mon allié de toujours va découvrir la bombe atomique et décider que mon territoire sera parfait pour l’expérimenter. Quand ça vous arrive la première fois, vous vous dites que vous avez probablement fait une erreur quelque part, vous recommencez gentiment… Quand c’est systématique, vous fermez le jeu pour vous en retourner vers des contrées vidéoludiques moins belliqueuses.
Et Civilization V, alors ?
C’est vrai qu’à la base, c’est de lui que je voulais vous parler ! Bien qu’il date déjà de quelques années, je m’y suis intéressée voilà un mois (l’histoire classique : période de soldes, le jeu avec toutes ces extensions pour une bouchée de pain… et me voilà en train de l’installer !). Et ça a sans aucun doute été l’une de mes meilleures surprises de ces dernières années, au point de ne pas savoir par où commencer.
Petite musique d’intro pour se mettre dans l’ambiance…
Chaque peuple a une musique qui lui est propre et favorise l’immersion.
Étant affreusement superficielle, je commence souvent par juger des graphismes.
(Je vous invite à cliquer sur l’image pour mieux en prendre la mesure.)
Chacun en pensera ce qu’il voudra mais de mon point de vue, ils sont simplement sublimes avec une interface épurée qui nous permet d’en apprécier les détails sans une multitude de boutons apparents. Et c’est clairement une force du jeu : il est très simple à prendre en main au premier abord et contient pourtant une foule de détails, statistiques et informations complémentaires qui sont un régal à découvrir petit à petit pour complexifier le gameplay. Et parlons-en du gameplay, justement ! Les villes sont toujours au centre du jeu, fournissant ressources, bâtiments, unités militaires et merveille. Mais désormais, nous pouvons dire adieu aux inévitables victoires militaires à grand coup de missiles nucléaires destructeurs version remix de la Planète des Singes ! Les autres types de victoires sont tout à fait envisageables, sans le risque de succomber manu militari aux atomes explosifs des voisins : scientifique avec une course vers l’espace effrénée, diplomatique en se faisant élire dirigeant mondial à l’ONU (rien que ça, oui, oui) et une victoire culturelle qui fleure bon les États-Unis avec la possibilité d’inonder les autres peuples de notre culture. Autant dire que ça multiplie par autant les enjeux et qu’aucune partie ne ressemble à une autre, en fonction de la direction souhaitée, des adversaires, etc.
Puisque nous en sommes aux adversaires, il me semble important de noter le travail considérable dont ils ont fait l’objet. L’IA a évolué. Elle s’acharne toujours à gagner au détriment des autres mais sans pour autant s’en prendre uniquement aux joueurs humains, contrairement à celle de ses prédécesseurs. Une amélioration fort louable, même si leur sens du commerce reste encore discutable (non, je ne te vendrais pas toutes mes ressources de luxe contre 5 malheureuses pièces d’or par tour, inutile d’insister !). Les développeurs ont plongé dans les méandres de l’Histoire pour valoriser chacun des peuples jouables, travaillé l’esthétique des dirigeants qui nous apparaissent dans des cadres magnifiques et qui, petit détail croustillant, nous parlent dans leur langue d’origine. Ça peut paraître anecdotique mais c’est très agréable, même si certaines langues oubliées – comme le babylonien – sont quelque peu… particulières.
L’un de mes décors préférés : celui de Guillaume d’Orange, dirigeant des Pays-Bas.
Vous l’aurez compris, l’une des principales qualités du jeu à mes yeux, c’est sa richesse. Outre un gameplay impeccable, il nous plonge dans l’Histoire des civilisations dûment étudiée avec une foule de précisions qui sont impeccablement répertoriées dans la « Civilopédia » intégrée au jeu. Non contente d’être une aide de jeu précieuse sur chaque élément, elle est agrémentée d’une fonction de recherche très performante et de centaines de détails historiques propres à chaque unité ou bâtiment. C’est indubitablement l’encyclopédie de jeu la plus complète et la plus agréable à consulter qu’il m’ait été donné de voir à ce jour.
Si j’avais été réellement déçue par le précédent, Civilization V m’a totalement réconciliée avec la série, par toutes les qualités que j’ai précédemment listées. Je pourrais encore y ajouter la place importante du multijoueur qui s’adapte aussi bien à des équipes qu’à des antagonistes ou l’impressionnante échelle de difficulté qui va jusqu’à Divinité (soit le niveau 8 ; personnellement, j’en suis restée pour le moment au stade de Roi, qui est le niveau 5). Le seul véritable bémol que j’avancerais concerne l’absence d’une campagne suivie pour se faire la main et ne pas se retrouver directement catapulté en mode libre. Il y a bien un tutoriel et quelques scénarios mais ces derniers sont trop ardus pour une mise en route. Enfin bref, j’ai encore de longues heures à passer devant ce jeu, en attendant le prochain. Car nous pourrons très prochainement nous envoler vers d’autres territoires inexplorés avec Civilization : Beyond Earth, qui sortira le 24 octobre prochain. Il nous permettra pour la première fois de coloniser non plus des continents mais des planètes. En effet, 15 ans après Sid Meier’s Centauri, le studio revient à la conquête de l’espace. Espérons que ce nouvel opus rencontrera un plus franc succès que le titre dont il est, sans nul doute, le successeur spirituel !
Delrya