Lazylumps sifflera trois fois : livres, séries, films, bd… Du western en veux-tu en voilà !
Je n’ai jamais bien compris d’où me venait cette fascination pour l’Ouest sauvage pourtant si loin de moi. Tout petit, les cowboys me laissaient assez de glace -j’étais plus chevaliers !-, jusqu’à la découverte de la BD des Tuniques Bleues et le trait génial des belges Cauvain et Salvérius. À ce moment là, ce fut le déclic. Et un déclic incontrôlé et incontrôlable.
Après avoir englouti toute la série de BDs, puis avoir collectionné des centaines de petits soldats peints avec amour par le paternel, ça y était, j’étais mûr pour une grande histoire d’amour avec l’Histoire, avec un grand H celle-là, des USA.
Un peu de musique pour t’accompagner dans ta lecture copain !
De la ruée vers l’or à la guerre américano-mexicaine, en passant par la Guerre de Sécession fratricide, la conquête du Far West et l’extermination pernicieuse des Indiens, ou encore la modernisation du Wild West… tout dans cette période de soixante petites années m’a alors poussé à une curiosité débordante. Jusqu’à céder à une boulimie de cette montagne d’œuvres sur l’Ouest sauvage et -pour un temps- indompté et indomptable. Il faut dire qu’on avait là un véritable condensé d’histoires qui ont accouché, parmi toutes les mythologies modernes, de la plus terrible et la plus dense en terme de figures, de liberté, d’icônes, de possibles, d’espoir… mais aussi de fracas, de fureur, de cruauté et de ténèbres humaines.
Voilà donc pourquoi je me suis décidé à vous parler western. L’idée est de faire un petit tour non exhaustif d’œuvres qui m’ont marqué et qui retranscrivent cette période comme jamais ! Bref, allons droit au but : quoi de mieux pour parler de western que de vous présenter LE livre sur ce Far West légendaire ? Hein ? Allez, suivez l’guide.
Deadwood, le livre de Pete Dexter : la rédemption impossible
Deadwood, c’est ce véritable village à la croissance champignonnesque qui a émergé de la terre quand les hommes y ont trouvé de l’or. Deadwood, c’est la boue, la crasse, les abandonnés, la violence, le sang, la vengeance, la haine, le désespoir…. Deadwood, c’est l’enfer sur terre.
Mais c’est aussi, encore, la terre du « possible ». Le refuge des vieilles légendes, et des gens qui essayent de s’en sortir.
Dans le bouquin de Dexter, on croise des personnages bien connus : l’inénarrable Calamity Jane, le célèbre Wild Bill Hickok et son ami de toujours Charlie Utter, le shérif Seth Bullock… Et c’est dans ce nouveau monde encore sauvage que l’on voit naître et mourir des aspirations, des courants de pensée et une liberté hors de contrôle, belle, sauvage et impossible à la fois. Et puis, petit à petit, on voit aussi bourgeonner les fleurs d’ombre de l’âme humaine : l’esclavage, les massacres, la violence, la guerre, la cruauté.,
Deadwood est un immense bouquin, un immense panorama de la vie à cette période si singulière. C’est un instantané sans concession d’un passé devenu légendaire que Dexter nous propose, en nous immergeant dans le quotidien de ces gens qui ont façonné l’Ouest ; dans la poudre et le sang, certes… mais pas seulement. En démystifiant les protagonistes qui ont acquis une renommée légendaire, Dexter vous parle simplement du grand Ouest de la fin du XIXème siècle tout en vous décrivant les mœurs et les problématiques de l’époque avec une justesse et une exactitude sidérante.
Bref, un pur chef d’œuvre.
À lire aussi : 3h10 pour Yuma de Elmore Leonard, recueil de nouvelles western dont beaucoup ont été adaptées au cinéma. Parmi elles, Le Tireur de Glendon Swarthout, magnifique coup de génie qui inspira Clint Eastwood. Dans le même style, vous avez aussi L’Homme des vallées perdues de Jack Schaefer, avec cette figure du héros sublime protégeant la veuve et l’orphelin, tout en cherchant la rédemption. Citons aussi Incident à Twenty-Mile de Trévanian, du western classique mais diablement efficace avec la plume de son génial auteur… un régal ! Également, Les marches de l’Amérique de Lance Weller, qui nous livre ici un cliché vertigineux du milieu du XIXème siècle à la frontière entre le Mexique et les USA, cruel, sombre, profond et magnifique (il avait déjà sévi avec Wilderness, un formidable bouquin sur un ancien soldat confédéré traumatisé qui entreprend le dernier voyage de sa misérable vie). Et enfin, Le Fils de Philip Meyer, épopée familiale sur plusieurs générations, du grand-père élevé par les Indiens et qui a vécu avec du sang sur les mains, à la petite fille magnat du pétrole, en passant par le père rebelle et idéaliste… Grandiose !
La série Hatfields and McCoys : la guerre des voisins HARDCORE
Guerre de Sécession : Anse Hatfield et Randall McCoy se battent sur le front du côté Confédéré. Ils sont amis, frères d’armes, jusqu’à la fin de la guerre qu’ils traversent ensemble. Puis, ils rentrent chez eux : dans le Kentucky pour Randall, sur une rive de la Tug Fork (un bras de la Big Sandy River) ; et en Virginie occidentale pour Hatfield, de l’autre côté de la-dite rivière. Mais voilà. Entre temps, un des membres du clan Hatfield a tué un McCoy : Asa McCoy, le seul de la famille a avoir combattu sous la bannière de l’Union et donc le vilain petit canard mal vu par tout le monde. Et c’est à partir de là que tout part en vrille. Mais pas une petite vrille à base d’engueulades sévères… Non non… Plutôt une bonne grosse guerre de clan qui va durer dix ans et faire une trentaine de morts jusqu’à presque déclencher une nouvelle guerre civile.
AMERICA FUCK YEAH !
Hatfields et McCoys est une série absolument géniale, une sorte de fresque Shakespearienne tragique au pays des bouseux ricains. On suit avec attention, tout au long de ces six épisodes, les méandres et rebondissements de cette ubuesque embrouille, entre deux familles de deux États différents qui sont pourtant tellement similaires. D’épisode en épisode, on va assister à leurs déchirements, à leurs éphémères réconciliations, à leur amour et leur dégoût… Jusqu’à leur haine sanguinaire qui ne sera que la conséquence d’une guerre civile encore ancrée dans les mentalités, transformant les hommes en bêtes sauvages, et les rivalités en prétexte pour un nouvel appel du sang.
Brillamment mise en scène, sublimement interprétée (avec Kevin Costner de toute façon, qui aurait pu en douter ?), je vous recommande plus que chaudement cette série courte qui vous emporte dans une période « » »étrange » » » qui, encore une fois, est devenue un réel mythe de l’autre côté de l’Atlantique, à tel point que l’expression « Hatfields et McCoys » est passé dans le langage courant pour décrire un conflit familial.
À voir aussi : Godless, mini série sur Netflix assez bien foutue, ou l’on va suivre la fuite d’un hors-la-loi pourchassé par ses anciens collègues, qui se réfugie dans un village tenu par les femmes et où tous les hommes sont morts dans un accident de mine. Classique mais visuellement épatant et captivant. La Ballade de Buster Scruggs, un recueil visuel de contes sadiques menés par le duo des frères Cohen, qui est savoureux. Deadwood, la sublime série portant donc sur la ville du même nom : masterpiece de Timothy Olyphant en sheriff et de Ian McShane en tenancier de saloon véreux. Et aussi La Petite Maison dans la Prairie… parce que pourquoi pas ?
The Proposition : le western Australien de Nick Cave
Pendant que l’Australie brûlait salement, moi, je matais des films avec des cowboys. Mais des cowboys australiens ! C’est ma façon à moi de rendre hommage.
Eh oui donc, l’Australie… Pas en reste, en termes de dégénérés de colons qui se sont massacrés à tout va, en oblitérant gentiment les locaux ! L’Australie, donc, suivant un parallèle flagrant avec les States et leur Far West. On se retrouve ici dans l’Outback, l’arrière pays, où les dingos et les indigènes se partagent un bout de terre aride et désertique… Et où les Blancs cherchent à « civiliser » l’endroit. C’est sans compter sur les hors-la-loi qui jappent leur liberté au visage de l’État tout en survivant à la cohabitation avec les Aborigènes, en se planquant dans les canyons.
Nous voilà donc devant The Proposition, un film de 2005 écrit par Nick Cave, l’intermittent du spectacle (sisi, vous le connaissez).
Ici, et comme souvent pour les westerns en général, le pitch du film tient sur un timbre poste : un hors-la-loi reçoit une proposition d’un capitaine de l’armée. Soit ils meurent par pendaison, lui et son plus jeune frère. Soit il arrête par tous les moyens l’aîné de la famille, le tueur en chasse qui ne laisse que des cendres et des cadavres derrière lui. Simple, efficace. Et c’est alors parti pour un voyage au coeur de la folie et dans l’enfer du désert Australien (le Bush) aux allures d’Apocalypse Now.
Appuyé par une OST du tonnerre façonnée par Nick Cave et Warren Ellis (non pas le dessinateur de comics, mais bien le compositeur australien) le film se laisse regarder avec plaisir et nous envoie sur des terres différentes, bien que très proches de l’atmosphère des Bad Lands américaines : le Bush australien. Avec un casting quatre étoiles (Guy Pearce, Emily Watson, John Hurt, Danny Huston, Ray Winstone, etc…) The Proposition avait tout pour avoir du succès… Mais son rythme lent, son côté très contemplatif, son scénario à double lame (l’homme qui doit arrêter son frère fou ; le capitaine de l’armée qui ne cherche qu’à enrayer la spirale de violence) et sa prise de risque, n’ont pas su convaincre le public et la critique (mais ça c’est pas étonnant). Dommage, car le film méritait mieux !
À voir aussi : Open Range, chef d’œuvre de Kevin Costner -et je pèse mes mots-, classique mais diablement efficace ; Les frères Sisters, évidemment, pour son scénario brillant et Joaquin Phoenix ; L’Assassinat de Jesse James par le lâche Robert Ford, pour son ambiance, Brad Pitt, la photo, et le coup d’œil talentueux du réal ; Danse avec les Loups, pour Chausettes et les litres de larmes que j’ai versé ; Le Dernier des Mohicans pour cette ost sublime… Et tant d’autres !
La BD Sykes : bain de sang sur le chemin de la vengeance
Sortie chez le Lombard édition sur sa collection « Signé », Sykes s’est imposée comme une référence western dès sa sortie. Réalisée par Armand (Angor) et Dubois (les grandes encyclopédies), la BD nous propulse aux côtés de … Sykes. « Sentence » Sykes pour être précis : une légende de l’Ouest qui va se lancer à la traque d’une bande d’assassins qui a massacré la famille du jeune Jim Starret… Et pour cela, il devra les retrouver et les punir, tout en luttant contre ses propres démons.
Des traits fins et précis, des aquarelles somptueuses, un scénario ciselé, efficace, et malin, des personnages iconiques et torturés… Il n’en fallait pas beaucoup plus pour que je tombe amoureux de cette belle BD d’aventure qui fleure bon le grand Ouest américain en pleine période de chaos de la ruée vers l’or !
Alors qu’elle se voulait un one shot, Dubois et Armand ont récidivé pour un prequel intitulé Texas Jack, mais qui, à mon grand dam, se révéla bien en-deçà de la première. Donc si vous voulez mon conseil (j’espère bien que vous êtes ici pour ça), contentez-vous de ce Sykes, et savourez les pages, c’est de l’or !
À découvrir aussi : L‘Homme qui tua Lucky Luke, magnifique hommage à Morris réalisé par le talentueux Matthieu Bonhomme qui nous sort là une histoire du plus célèbre flingueur de l’Ouest tout en apportant une réelle vision à l’œuvre. Génial ! L’Homme qui n’aimait pas les Armes à Feu du malin et drolatique Lupano, qui signe ici un vaudeville prenant et fun à souhait. Compadres de T. Bisson, très chouette BD où l’on suit un Français qui fuit la Commune de Paris en 1871 pour refaire sa vie aux USA, et se retrouve à travailler dans une mine où la colère syndicale gronde ! Beau point de vue, assez unique en son genre, foncez ! Mais aussi Stern, Undertaker, Bouncer, Blueberry, Comanche, Duke, et toutes ces séries que l’on ne présente plus !
Et voilà, les loulous, pour ce petit tour d’horizon modeste. En espérant que vous trouviez votre bonheur dans ces quelques petits bonbons western, et surtout n’hésitez pas à partager vos trouvailles dans les commentaires !