La rentrée de Lazylumps : Malboire, L’âge d’or et Sick Note
Eh oui mes petits trolls, souvent vos rédacteurs chéris loupent quelque chose de beau et de grand par manque de temps, par manque de flair aussi sûrement. Je vais donc me rattraper et corriger ces affronts au bon goût en vous présentant ma rentrée ! En effet, comment passer à côté de petits bijoux sans même les mentionner dans l’année ? La Honte avec un immense « h » pour nous qui souhaitons être des dénicheurs de pépites… et il se trouve que grâce à nos vacances imméritées, j’ai eu le temps de retrouver des petites gourmandises.
Aujourd’hui, je vous propose donc mon top 3 de ce tout début d’année, trois petites merveilles qui vous raviront les zieux et les zoreilles. Et on commence tout de suite avec Malboire.
[Livre] Malboire, une quête initiatique aux confins d’un monde mourant
Non, Malboire ne narre pas les pérégrinations de Dédé, alcoolo accroc au PMU et au mauvais jaja ç’ui qui fait des trous dans l’foie et la tête. Nenni, c’est le deuxième galop d’un auteur français à suivre de très près : Camille Leboulanger.
La Malboire, c’est une coulée de boue, une meurtrissure dans le paysage, un empoisonnement. Nous nous retrouvons bien après un cataclysme, à première vue écologique, bien après la chute de la civilisation et l’écroulement de l’ancien monde qui appartient désormais au Temps Vieux. Et puis il y a Zizare, un jeune homme qui reprend conscience dans cette Malboire, nu et traumatisé en son for intérieur : il ne sait rien. Plus rien de ce qu’il est, d’où il vient, ni pourquoi il est là. C’est à peine s’il retrouve la conscience de son propre corps. Après sa renaissance, il se fait recueillir par un vieil homme, Arsen, un chercheur qui fore le sol de la Malboire à la recherche d’eau pure, et qui le prend sous son aile protectrice. On va alors suivre leurs pérégrinations, et surtout celle de Zizare, qui va aller parcourir le monde et découvrir, avec nous, cet univers meurtri, ce néant infini qui ne subsiste que dans l’attente de sa fin.
Malboire, sorti à l’Atalante, est un petit tour de force de Camille Leboulanger, un roman post-apo, intelligemment conçu qui vous emporte en moins de cent pages dans un univers complet et riche. Puis on dévore tout le reste, et on reste comme deux ronds de frite devant la pépite même si l’on se dit que l’auteur aurait pu pousser encore plus loin son univers. Une bonne grosse découverte en somme, et un auteur à suivre de toute urgence. On pourra très justement le ranger dans sa bibliothèque aux côtés d’un Damasio, un Dewdney et même un Jaworski.
Grand Cru !
[Série] Sick Note : docteur maboule, reste cool
Arrivée sur Netflix sans crier gare, Sick Note met en scène un duo improbable au potentiel comique monstrueux : Rupert Grint (RON WEASLEY !) et Nick Frost (l’inénarrable compère de Simon Pegg dans la trilogie Cornetto d’Edgar Wright).
Le premier est Daniel Glass un looser, fainéant, assisté, qui va se faire larguer par sa folle de copine à force de laisser son couple tomber à l’eau et son pote la besogner. Et puis soudain, sa vie bascule lorsqu’il croise la route du Docteur Glennis. Ce praticien de bas étage, incompétent au possible et à la limite de la radiation de l’ordre, va se tromper sur la lecture de son scanner du coude et lui annoncer un cancer… de l’oesophage. Passée l’annonce terrible, Daniel se rend vite compte que l’annonce de son cancer sur son entourage lui rend la vie bien plus agréable et que les effets du cancer ne se manifestent pas. De fil en aiguille, il va se retrouver à faire chanter le docteur pour qu’ensemble ils entretiennent le mensonge de son verdict le plus longtemps possible.
Avec Sick Note, on est dans de l’humour à l’anglaise où l’on se délecte de la descente aux enfers des personnages, aspirés dans un tourbillon de mensonges qui amènent à des situations toutes plus improbables les unes que les autres. Un trip complétement halluciné, hilarant au possible. On en redemande !
[BD] L’Âge d’or, une « BD de geste » féodale utopiste et féminine
Pedrosa était plus réputé pour créer de la BD « réaliste » et introspective (notamment avec son plus gros succès : Portugal même si l’on peut citer aussi Trois Ombres qui annonçait déjà son envie d’explorer les temps anciens et les contes), et il s’essaye là (avec l’aide de Roxanne Moreil) à naviguer entre les codes et à interpréter sa propre geste médiévale : L’âge d’or raconte la quête de revanche d’une reine déchue par son frère et qui, avec l’aide de deux chevaliers loyaux et d’une flopée de personnages rencontrés sur sa route, va parcourir le monde à la recherche d’un livre réputé légendaire qui changerait la face de l’humanité à jamais.
En plus de proposer un regard intéressant et crédible sur ce Moyen Âge bouillonnant où les révoltes citoyennes grondent et où le peuple est épris d’un désir de changement utopique, Pedrosa se permet de livrer un conte philosophique et féministe qui annonce du très bon pour la suite. Effectivement, cette histoire est prévue en deux tomes, et ce premier est un jalon d’introduction qui permet au lecteur de goûter à la patte artistique caractéristique du maestro : tout en courbes et en aquarelles, le toucher de Pedrosa est délicat, à la fois minimaliste et précis. On se retrouve ici avec une œuvre graphique pensée comme une volute de rêve couchée sur papier. Et c’est délicieusement envoûtant.
Et si vous n’êtes toujours pas convaincu, matez le making of et courez l’acheter :