Horizon Zero Dawn + Frozen Wilds : l’aube d’une licence
Le 1er mars sortait Horizon Zero Dawn, exclu PS4 développée par Guerilla Games. Hypé à mort par la bande-annonce, qui ne va pas tarder à suivre, et confiant en les capacités du studio pour nous pondre une perle de caractère (le deuxième épisode de la série Killzone était un putain de MONSTRE), j’avais déjà la main sur la carte bleue, prêt à dégainer. Et BIM ! Sitôt livré en magasin, sitôt en ma possession. C’était le début d’un long voyage.
Sacré univers à l’Horizon !
Dans Horizon Zero Dawn, nous incarnons Aloy, une jeune fille gravitant autour l’une des tribus qui peuplent notre monde. Mais ce dernier a quelque peu changé, puisque la civilisation que l’on connaissait a été éradiquée et la Nature a repris ses droits. Petit bémol tout de même : les machines, des robots au comportement animal, squattent aussi les vertes prairies, les hautes montagnes et les forêts verdoyantes. Et si certaines sont relativement pacifiques (mais faut pas trop les faire chier), d’autres sont carrément agressives. Pas évident dans ces conditions de rebâtir une civilisation humaine d’autant que, notre espèce restant ce qu’elle est, certaines communautés ne brillent pas par leur altruisme. Et c’est un euphémisme.
Au début du jeu, notre héroïne est une paria. On ne sait pas trop pourquoi, ça aurait à voir avec sa naissance mystérieuse, mais voilà c’est comme ça, le reste de la tribu vous crache limite à la gueule dès que vous essayez d’interagir avec. Vous apprenez tout ce qu’il faut savoir auprès de Rost, un autre paria : chasse, survie, valeurs, etc. Mais il vous prépare surtout pour une épreuve qui vous permettra, si vous la réussissez, de pouvoir réintégrer la tribu. Tout ça, c’est le didacticiel en gros.
Mine de rien, plus vous avancerez dans le jeu, plus vous découvrirez un monde particulièrement riche. Les différentes machines, bien sûr, mais aussi les autres tribus humaines qui ont chacune leur identité et leurs motivations. Il est d’ailleurs agréable de voir qu’on n’a pas travaillé que quelques personnages-clés : à l’instar de The Witcher 3, qui excelle dans ce domaine, toutes les quêtes sont scénarisées et vous permettent d’interagir avec de vrais gens, ayant un but, des envies ou des craintes et survivant comme ils le peuvent dans cet univers hostile.
Si le scénario comporte pas mal de déjà-vus et d’archétypes de personnages connus, il n’empêche que Guerilla Games a fait un réel effort sur la cohérence de son jeu. Non, ce n’est pas « que » des tribus d’humains contre des robots qui pètent la classe : rien n’est laissé au hasard dans Horizon Zero Dawn, tout a une cause, tout aura une conséquence et tout le monde a quelque chose à dire.
Aloy Aloy, monsieur l’ordinateur
Mais celle qui a le plus de choses à dire, c’est Aloy. Valeureuse, courageuse, n’hésitant pas à bousculer tabous et traditions dans lesquels sont engoncés ses pairs, on ne peut que s’attacher à ce brin de fille fort en caractère. Il vous est possible, à certains moments, d’influer de manière limitée sur le cours de l’histoire en choisissant la solution musclée, rusée ou sensible. Le reste du temps, vous pourrez admirer Aloy évoluer dans Horizon Zero Dawn tout en renvoyant bouler les lourds non sans un certain sarcasme, en mettant de grands coups de pied dans les fourmilières et en faisant bien comprendre à qui veut l’entendre que rien ne l’écartera de sa quête. C’est toujours plaisant de ne pas téléguider le destin d’une banane molle.
Après avoir fait une découverte qui va bouleverser le cours de sa vie (teaser de l’extrême), Aloy sera en mesure de mieux manipuler la technologie qui l’entoure. Pour avancer, il vous faudra apprendre à connaître les différentes machines, leurs points faibles et leurs résistances, mais aussi découvrir les archives électroniques des Anciens, les Hommes de la civilisation antique. Nager entre deux eaux, entre Nature/civilisation primitive et Technologie/civilisation avancée mais éteinte, est très plaisant. Découvrir cet univers est passionnant, et on aurait difficilement pu rêver mieux comme avatar qu’Aloy, une héroïne aussi forte qu’attachante.
Cri pas si lointain
Parlons maintenant du jeu en lui-même. Une fois le tuto passé, nous voilà lâchés dans le grand inconnu. On se cache, on bute des animaux et des machines, on se prête au jeu de l’artisanat pour agrandir nos différents inventaires etc. Et là, l’évidence crève les yeux : on pense à Farcry 3 (aux autres aussi peut-être, mais moi je n’ai fait que le 3). On retrouve ainsi tout plein de similitudes : les zones dédiées à une espèce de machine qui apparaissent sur la carte, la façon de monter les trois arbres de compétences, les camps de bandits à éradiquer (discrètement sans déclencher les alarmes ou comme un mulet c’est au choix), voire les « tours » à trouver pour dévoiler des zones entières sur la mini-carte. Ce dernier aspect se voit aussi dans Assassin’s Creed, mais bon.
Horizon Zero Dawn n’est par contre pas un FPS mais dispose d’une vue à la troisième personne, choix logique au vu du système de combat et de déplacement beaucoup plus développé que dans les Farcry. Aloy est facile à prendre en main, elle esquive grâce à des roulades, saute, se dissimule, fait du parkour et de l’escalade comme une pro. Je me souviens d’ailleurs que j’en chiais bien pour grimper les tours de Far Cry 3 en vue subjective, donc merci à Guerilla pour ne pas nous avoir infligé ça pour les grands-cous !
On évolue dans un monde ouvert pourvu de plusieurs zones, giboyeuses, désertiques, enneigées… juste assez vides pour nous laisser profiter de l’immensité de la nature redéployée mais tout de même animées par divers acteurs : les machines, bien sûr, mais aussi des bandits, des convois aux prises avec des agresseurs, des feux de camps vous permettant de sauvegarder, quelques petits hameaux dans lesquels vous pourrez trouver quelque marchand ou quête à effectuer. À la manière de Skyrim (je suis tout en comparaison ce soir), on peut aisément affirmer que l’environnement est un personnage d’Horizon Zero Dawn à part entière. Il y a plusieurs raison à cela. Déjà, les paysages et le level-design ont bénéficié d’un travail irréprochable qui émerveillent à chaque voyage. Ensuite, même si on passe parfois d’un filtre à l’autre trop brutalement, la lumière qui baigne le jeu, jour comme nuit, en rajoute une sacrée couche : je me revois l’air béat devant ces rayons de lune qui passent entre les troncs d’arbre et les feuillages. Et puis surtout, principalement, sans tergiverser… et bien c’est
ULTRA BEAU
Mais là je ne pense rien vous apprendre. Vous avez sûrement tous vu des captures d’écran, vous êtes censés avoir regardé au moins UNE bande-annonce (celle en début d’article, sinon je vois vraiment pas pourquoi je me casse le cul) et Guerilla Games est connu comme étant LE studio qui pond les vitrines graphiques des engins de Sony. Horizon Zero Dawn fait honneur à la réputation des néerlandais, encore plus sur PS4 Pro si l’on en croit les testeurs de jeux professionnels et les gens plus riches que moi.
Aïe, Robot
Revenons maintenant aux machines, les autres « stars » du jeu. Dotés de mouvements gracieux et d’un design qui force le respect, il est impossible de parler d’Horizon Zero Dawn sans leur consacrer un peu de temps. Elles seront à la fois ennemies, alliées lorsque vous saurez les pirater, montures et génératrices de ressources nécessaires à l’artisanat ou au commerce. Les plus petites d’entre elles nécessiteront un peu d’entraînement avant de les terrasser sans trop transpirer, mais pour les plus grosses…
Les plus grosses bestioles sont capables, même si vous avez une super armure, de faire descendre le tiers de votre barre de vie en une seule baffe. Il est donc nécessaire de calculer votre approche. C’est là ce qui fait le sel du jeu : détruire un carapateur ou un ravageur nécessitera une bonne préparation. Poser des pièges, scanner la bestiole pour détecter ses points faibles et construire les munitions en conséquences, pirater une machine à proximité pour vous aider dans le combat et encore bien d’autres choses, les angles d’attaque sont nombreux et plus ou moins efficaces selon les modèles de machines. Il vous faudra apprendre à connaître vos ennemis, très souvent au prix d’os brisés et de dents éparpillées sur le sol.
Si scanner les machines vous aidera à savoir où cogner et avec quoi, débloquer des options de piratage ne pourra se faire qu’en fouinant un peu. Les « creusets », ces étranges bases technologiques dont je ne peux pas trop vous parler sans spoiler vont beaucoup vous changer des ruines maussades ou des grands extérieurs ! Préparez vos mirettes lorsque vous entrerez dans le premier : là encore le boulot des développeurs sur les effets de lumière pourrait bien vous scotcher.
Je pourrais encore m’étendre, mais je crois que vous avez compris l’idée. Et puis, je ne voudrais pas vous gâcher le plaisir de la découverte. Horizon Zero Dawn est un jeu qui m’a énormément plu, pour toutes les raisons évoquées plus haut. Mais l’heure n’est pas encore au verdict ! Presque un an après la sortie de l’épisode original arrivait Frozen Wilds, première extension du jeu qui nous ouvrait les portes des terres glacées du nord. Alors, ça donne quoi ?
Frozen Wilds : l’effroi dans le froid
Ce DLC vous débloque donc une nouvelle zone, au nord de votre carte. Nostalgiques de Skyrim, réjouissez vous ! La terre des Banuks, dont vous n’aviez eu qu’un petit avant-goût dans l’aventure originelle, vous tend les bras. En gros, vous prenez Horizon Zero Dawn, vous le mettez à la sauce « haut hrothgar », vous rajoutez une nouvelle entité étrange qui fait péter des plombs aux machines et voilà ! Vous devriez avoir une idée assez précise de ce que vous réserve Frozen Wilds.
Au delà de ça, vous avez : plus d’armes, plus de compétences à débloquer, plus d’ingrédients pour crafter, plus de machines, plus de tenues etc. plus de tout. L’ajout est de taille, d’autant que ce scénario additionnel va vous demander un peu de patience pour le boucler étant donné la hargne des monstres qu’il apporte. Pompon sur le gâteau, le nouveau méchant connu sous le nom de Daemon a eu la très bonne idée d’améliorer toutes les machines du coin. Tomber sur un Gueule d’Orage c’est déjà pas rigolo, mais quand en plus il a été « daemonisé », vous allez pouvoir compter vos potions de soins. Heureusement, Aloy ne sera pas seule pour mener cette quête à bien : les Banuks, une tribu aussi fière/butée que féroce vous épaulera pour dissiper la malédiction qui s’est abattue sur leurs terres.
Le DLC respecte l’esprit de base. Ainsi, chaque quête que vous aurez à accomplir sera plus ou moins scénarisée et vous en apprendra un peu plus sur le personnage, les coutumes du nouveau monde ou ce que l’on pense savoir de l’ancien. Je vous conseille d’ailleurs très fort la collecte des petites statuettes du musée, c’est assez rigolo de voir un shaman banuk étaler sa science sur des animaux disparus dont il pense tout savoir.
L’aspect graphique n’est pas en reste puisqu’il a lui aussi été revu à la hausse. Ainsi, la brume qui règne dans les forêts glacées, les tempêtes de neige et le vent qui fait s’envoler la poudreuse sur les cimes est bluffant de réalisme. Petit détail tout con mais qui a son importance : les traces de pas que laisse Aloy dans la neige lorsqu’elle y gambade comme un cabri. Nemarth et Flavius ont eux aussi pu témoigner des empreintes plus vraies que nature d’Aloy dans la couche blanche immaculée qui recouvrait le versant d’une montagne haute. Bon et après, je me suis fait surprendre par un Gueule d’Orage, c’était moins bucolique.
Pas de secret donc : Frozen Wilds magnifie Horizon Zero Dawn dans cette zone bonus au charme si particulier. Donc si vous avez kiffé, pas d’hésitation ! Foncez, tel un grand-front chargeant Aloy ! Vous trouverez tout ce qui a fait le charme du jeu de base, mais en mieux. Pourquoi se priver ?
Horizon Zero Dawn et son extension Frozen Wilds ne sont pas que d’excellents jeux : ce sont les premiers pas d’une licence extrêmement prometteuse. Guerilla Games sort de sa zone de confort, ou plutôt de sa killzone de confort (ho ho ho), pour accoucher d’un jeu en monde ouvert truffé de bonnes idées, reprises ou originales, doté d’un univers à l’identité déjà très marquée. Pour cela, il bénéficie du savoir-faire du studio néerlandais en matière de graphismes à couper le souffle et de direction artistique forte. C’est donc pour ma part une excellente surprise, et un bon bol d’air frais dans le rayon des prods AAA qui a parfois la fâcheuse tendance à sentir le renfermé. A suivre donc !