Dragon Quest XI : un classique hypertonique !
Le 29 Juillet 2017 sortait au Japon le onzième épisode de la supra-célèbre et célébrée série de Yuji Horii, Dragon Quest. Vous savez, la série dont le chara et monster-design est assuré par Akira « Dragon Ball » Toriyama ? Oui rien que ça…
Il aura fallu plus d’un an pour voir débarquer ce onzième épisode dans nos contrées, le 4 Septembre 2018 très exactement. Privés de la version 3DS, mais gâtés grâce à l’ajout de nombreuses fonctionnalités à la version PS4, les petits Européens fans de JRPG doivent-ils se jeter sans réfléchir sur ce Doragon Kuesuto Irebun ? Combattez quelques gluants pour l’échauffement, faites une petite prière de sauvegarde à la chapelle et on est partis pour l’aventure !
Échos d’un Âge Insaisissable !
Dragon Quest XI nous transporte dans un monde d’heroic-fantasy somme toute assez classique. On y incarne un jeune homme lors de la cérémonie qui, dans son village, marque le passage à l’âge adulte. Ayant pour mission d’escalader le piton de Caubaltin avec son fidèle chien-chien et sa meilleure amie d’enfance Gemma, notre héros accomplit la tâche sans trop de mal, profitant au final d’une vue magnifique sur les terres d’un monde qui lui reste encore inconnu.
QUAND SOUDAIN !
Un terrible monstre fait un piqué-diagonale pile-poil sur la tronche de Gemma. Ni une ni deux, notre héros, sans vraiment s’en rendre compte, invoque un gigantesque éclair qui fait littéralement rôtir le dangereux malotru. Sauvés, mais interloqués par ce prodigieux pouvoir, les deux amis (et le chien, on va pas l’oublier) apprennent une fois rentrés au village que cette incroyable magie est la marque de l’élu/le sauveur/le Jésus, celui censé vaincre le mal/ramener l’équilibre dans la force/défaire Voldemort. À partir de là, on suit le voyage de notre héros, et la constitution de sa petite équipe de héros, en commençant par son BFF Erik le voleur (sérieusement, la bromance est surpuissante entre eux), suivi des frangines magiciennes Rebecca et Veronica, de Sylvando l’artiste gay comme un italien quand il sait qu’il aura des copains et du vin, puis de Théo et de Jade tous deux avec un passé prestigieux que je tairai afin de ne point spoiler.
Une véritable aventure de JRPG, simple, racontant la lutte entre l’ombre et la lumière, avec des persos attachants qui interagissent entre eux, et qui font passer les 80h de jeux nécessaire à la complétion en un rien de temps.
Bref, un JRPG bien classique dans son scénar. C’est même super classique, oui bon, okay. D’accord. C’est pas faux, c’est même carrément vrai. Et plutôt deux fois qu’une.
SAUF QUE !!!!
Final Fantasy VI.
Final Fantasy VI ?
Final. Putain. De Fantasy VI !
Et je n’en dirais pas plus, les vrais peuvent peut-être deviner ici de quoi je veux parler. Et oui, Dragon Quest XI a osé nous ressortir un des meilleurs twists de l’histoire du jeu vidéo. Bon, dans les faits, il n’ose qu’a moitié parce qu’il y a la seconde fin du jeu, car si Draque se termine en 60H, il se débloque rapidement une sorte de second monde, rajoutant bien une vingtaine-trentaine d’heures de jeu à une durée de vie déjà plus que consistante. Cette seconde partie a pour défaut de briser les tensions et conséquences dramatiques qu’avait su bâtir la première, mais elle permet de peaufiner le gameplay, avec des challenge bien relevés, de l’exploration peut-être un brin plus poussée, et somme toute une apogée plus satisfaisante.
Un mal pour un bien.
Tonique ta mère
Du côté du gameplay on a affaire au classique du classique de chez Draque. On explore villages, landes et autres donjons, poursuivant notre quête de sauveur du monde. Quelques différences et évolutions par rapport aux Draque précédents, puisque les monstres apparaissent dorénavant directement sur la carte, ce qui permet de les éviter allégrement quand on a déjà plusieurs niveaux au-dessus de la zone, et que les streums ne présentent plus aucun intérêt. À noter également la présence de montures tout au long du jeu, qui ont un rôle en ce qui concerne l’exploration, mais rien de plus. Le cheval, monture de base assez facilement accessible, se révèle d’ailleurs être passablement naze. Si sa rapidité avait une utilité certaine dans la version Jap’ du titre, force est de constater qu’avec le sprint activable d’une simple pression sur R2, exclusif aux versions occidentales, le bourrin se retrouve sans raison d’exister. Relégué au fond du panier de tous les trucs affreusement inutiles le canasson, aux côtés de l’homéopathie (ouais, ouais j’dénonce ouais, tu vas faire quoi, me sortir une étude de chez Boiron pour me contredire ?!) et de la moustache de Végéta.
Concernant les nouveautés, on notera également l’arrivée des feux de camp, qui permettent de sauvegarder, de se reposer (rendant les auberges caduques au passage, foutez-les dans l’panier aussi), et de fabriquer armes et armures via la forge.
Côté combat, retour à la routine : on a affaire à du tour par tour à la Dragon Quest, avec les aptitudes et sorts connus des fans, avec des personnages spécialisés ayant chacun leurs particularités. Un classicisme que Draque XI tente bien de rompre en essayant de dynamiser les combats, en vous permettant de bouger dans une minuscule arène. Mais ça ne trompe personne, et ça sert à rien. Tiens, rajoutez-y dans le fond du panier aussi… Petite nouveauté en revanche pour ce qui est de la mécanique de l’hypertonisme. Grosso modo, à force de prendre des mandales, vos personnages peuvent au cours des combats rentrer dans un état Hypertonique. Leurs caractéristiques sont alors augmentées, et l’état hypertonique peut permettre des attaques combinées dévastatrices et assurément classieuses. Celui-ci reste d’ailleurs en place pour un certains nombres de tours, et même entre les combats, ce qui permet de filouter juste avant un boss par exemple, histoire de l’assaisonner salement dès le début d’affrontement. En attendant, force est de constater que les combats sont dynamiques, avec des tours qui s’enchaînent rapidement et qui demandent de vraiment réfléchir à la meilleure tactique à employer face à des boss à la difficulté parfois bien relevée. Si les packs de mobs sont de la chair à canon une fois obtenues certaines capacités finales du héros, les boss restent une toute autre histoire et tant mieux : voir un personnage se faire one shot au deuxième tour ce n’est pas rare, et ça ajoute du piquant à des combats qui n’en manquent pourtant pas !
Un jeu un peu vieux jeu
Mais du coup, à force de classique et de déjà vu, le jeu n’apporte que bien peu de changements vis-à-vis d’une formule qui a déjà fait ses preuves par le passé. En gros, si vous connaissez ou aimez Dragon Quest, vous serez en terrain connu pour ce onzième épisode, et vous risquez fortement apprécier l’aventure. Si vous découvrez en revanche la série avec cet opus, il y a des chances pour que le gameplay vous semble un brin fadasse. Ciselé, parfaitement dosé et équilibré, mais fade quand même.
En ce qui concerne les défauts flagrants de ce DQ XI, ceux qu’on ne peut décemment pas pardonner, on trouve bien curieusement la partition musicale qui nous est servie par l’habituellement excellent Koichi Sugiyama. Qui roule tout de même sur ses 87 ans, ce qui constituerait peut-être une piste concernant la qualité décevante des musiques. Non parce que, si le thème des grandes zones ouvertes, son instrumentation plan-plan et ses sonorités du pauvre, ne vous fait pas sauter un fusible après 10 minutes, soit vous avez une patience d’ange, soit vous êtes sourd. Et ce serait quand même bien plus triste.
Du côté des doléances on pourra aussi noter le personnage de Sylvando, qui est un poil tendancieux dans sa représentation de la communauté gay. Un poil. En gros, le perso en lui-même est représenté comme drôle PAR son aspect fabulous. Ça n’empêche aucunement le personnage d’être réussi, particulièrement dans son ton sarcastique et ses répliques bien senties, mais les moments où Sylvando est « rigolo » juste parce qu’il a un comportement gay ou non rattaché à son genre, viennent remettre un poil de malaise dans le fond de la bouche. En même temps, on ne pouvait que difficilement s’attendre à des miracles de la part de papis japonais… Parce que oui, Yuji Horii, avec ses 64 ans, il est plus tout jeune non plus.
On repassera pour la modernité, dans le fond comme dans la forme donc.
Qu’est ce que j’apprends, Yuji Horii, espèce de vieux papi ?!
Excellent épisode que ce onzième Dragon Quest : les habitués peuvent enfiler les chaussons et se sentir à la maison, les autres peuvent se lancer dans cet excellent JRPG pour peu qu’un classicisme marqué ne les effraie pas. En tous les cas, n’hésitez pas à faire l’achat de quelques boules quies, et à vous lancer dans cette aventure que vous avez déjà vécue, mais qui vous ravira une nouvelle fois.