Cluster : vous reprendrez bien un peu de SF ?
Dire que j’ai pris mon pied en lisant Cluster serait un petit euphémisme tant le scénar m’a embarqué. Oui m’sieur dame, vous commencez à me connaitre et le verdict tombe assez vite dans mes articles alors je ne vais pas y aller par quatre chemins : Cluster est une tuerie de comics SF que tout bon amateur se doit d’avoir au coin de son étagère tant le one-shot sorti chez Akileos cette année prouve que le genre a de l’avenir ! Vous voulez savoir pourquoi madame Claire Chazal ? Eh bien je vais vous le dire.
Monde de merde !
Le pitch est simple comme un bon film de science-fiction : dans le futur, les prisonniers sont utilisés par l’entreprise G.O.E (Global Outreach Enterprises) pour intervenir sur d’autres planètes contre remise de peine. Ils sont donc envoyés dans une prison « Tranent » sur la planète Midlothian pour « contrer l’invasion extra-terrestre » et garantir la prospérité de l’entreprise, qui terraforme gentiment le prochain Eden des humains. Sur place ils sont formés et rejoignent les sections du DMD (déploiement militaire de détenus) mais problème : Paguranis et Raneses, deux espèces d’Aliens, luttent contre ces humains qui posent des tours dans le décor et leur suppriment leur oxygène, génocidant par pelletées de douze.
Car voilà, l’atmosphère provoque des cancers et réduit l’espérance de vie des colons humains à une quinzaine d’années, il faut donc virer tout ça pour imposer notre bon vieil O2, quitte à laisser crever les aliens, de toute façon « on-était-là-les-premiers-pis-c’est-tout-et-si-vous-êtes-pas-contents-vous-boufferez-du-plomb ». Bonne ambiance ! D’autant que la G.O.E a un très bon moyen de garder ses petits soldats-prisonniers bien disciplinés, en ordre de bataille pour servir l’entreprise : des bracelets les obligent à pointer à la prison avant le décompte des 24 heures qui leur sont allouées. Sinon ? Eh bien sinon, boom. Enfin, plutôt « scrouic », car le dispositif implanté dans le corps de chacun, leur pointeuse, liquéfie les organes des retardataires.
Ambiance Prison-Baston-Trahison
Finaude, la G.O.E a trouvé la bonne solution en envoyant les indésirables terrestres sur cette planète empoisonnée, le temps que tout soit sécurisé pour les futurs colons. D’une pierre deux coups ! C’est le cas de Samara Simmons qui, après un événement que je vous laisserai découvrir, est condamnée à quinze ans de bagne pour servir la cause.
Cette fille d’homme politique se retrouve donc embarquée dans la lutte pour sa propre survie et pour l’avenir de l’humanité épaulée par Slarreg, un alien psychopathe et Grace, la punkette. Et plus Samara passe de temps sur cette planète, en quête de rédemption, plus les mensonges de l’entreprise apparaissent au grand jour et la rébellion gronde.
C’est par l’impulsion d’Ed Brisson (The Violent, Sheltered) et le dessin assez particulier de Damian Couceiro (Sons of Anarchy, Incorruptible) notamment avec le jeu des couleurs et les traits d’ombre caractéristiques du bonhomme, que l’histoire de Samara prend vie. L’intrigue se dévoile page après page, l’intensité monte jusqu’au bouquet final tenant en haleine le lecteur à tous les moments sans jamais aucune perte de rythme.
On pressent l’influence des créateurs : de Dune, au Temple du Passé ou encore Stargate les clins d’œil pullulent, pour qui sait les dénicher, et ça fait un bien fou de retrouver ce dosage dans un comics aussi bien ficelé !
Au final, on parcourt les pages de ce one shot avec l’envie toujours plus pressante de dévorer le tout, jusqu’au festin final qui rassasiera les fans de SF comme les amateurs du genre. Cluster est une réelle réussite, un mélange savamment orchestré entre Starship Trooper, Fortress et Blade Runner transposé en comics.
De l’enfer de la prison à la découverte du monde, en passant par la rébellion contre l’establishment, on retrouve tous les ingrédients chers aux écrivains des années 80/90 en matière de science-fiction.