Aquaman super héros et diplomate
Aquaman… Rien qu’à l’évocation de ce nom, le sourire vient aux lèvres…. Ça sent le charisme à plein nez, le ridicule sera de la partie ! Et on erre un peu sur Internet : T-shirt orange et pantalon spandex vert, blond avec le sourire Colgate. On a limite de la peine pour cette pathétique copie du Namor de chez Marvel.
Puis on entend parler de reboot. On le retrouve barbu, cheveux longs, un crochet à la place de la main et les yeux déments. Le choc est brutal, ça y est on est intrigué, on apprend que la série est arrêtée et impossible de trouver des recueils. On oublie, on laisse tomber.
Enfin on regarde Young Justice, magnifique série sur les sidekicks oubliés des super-héros les plus célèbres : Superboy, Red Arrow, Robin, Kid Flash, et dans le lot Aqualad (les noms… s’il vous plaît…). Mystérieux, charismatique, des tatouages qui s’animent et qui permettent de manipuler l’eau tel l’Avatar de The Last Airbender. Décidément il y a quelque chose d’intéressant sous la surface de l’univers DC.
Soudain Geoff Johns nous annonce The New 52 : gigantesque reboot de DC avec à la clé une nouvelle série Aquaman. Pour illustrer tout ça Jim Lee se lâche dans Justice League nous posant une des plus belles illustrations du personnage qu’il m’ait été donné de voir. Il n’en fallu pas plus pour votre serviteur pour craquer et cinq tomes et trois Justice League plus tard, il est temps de faire le bilan de cette plongée au cœur de l’univers d’Aquaman.
De gardien de phare à Roi d’Atlantide :
La première rencontre avec le personnage est particulièrement surprenante. Connu en tant qu’Aquaman aux yeux du grand public il subit une sacrée mise en abimes de sa popularité. Fait original c’est justement l’attitude des fans qui détermine les relations d’Arthur Curry (de son petit nom) avec le monde extérieur.
Raillé, considéré comme inutile, ridicule, qui « parle aux poissons », toutes les insultes qu’on entend à son propos sur la toile sont retranscrites dans le comics. Pourtant lors de son apparition il arrête un camion de convoyeurs de fonds lancé à pleine vitesse d’un seul coup de son trident, le soulève d’une main et le repose lorsque la police arrive. Il saute ensuite par dessus un immeuble pour quitter la scène. Des exploits que ne renierait pas Superman. Mais le mal est fait et c’est à un héros qui devra constamment faire ses preuves que l’on aura à faire dans cette histoire.
Si sa situation vous parait déjà pénible à la surface de l’eau attendez de voir comment il est accueilli au fonds des océans. On attaque là l’un des thèmes fondamentaux de la série : le racisme. En effet n’étant qu’à demi-atlante il est considéré comme impur par une majorité de la population. Pas de bol pour lui il est quand même sensé être le roi de cet endroit. Sa légitimité sans cesse remise en cause, les aventures d’Aquaman peuvent faire penser celles des X-men : Trouver sa place dans deux sociétés antagonistes, faire valoir ses droits, faire changer les mentalités. Avec tout de même un côté shakespearien à 20 000 lieues sous les mers.
Sous l’océan
Que serait un super héros sans sa galerie d’alliés et de méchants ? Ici encore Aquaman fait preuve d’une grande originalité, ses principaux alliés sont quasiment tous des criminels ou des personnalités douteuses. Voyez plutôt : un scientifique à moitié dingue qui rêve de disséquer notre héros, des mercenaires sans foi ni loi du temps où Aquaman, dégouté de l’accueil que lui a réservé l’Humanité, avait sombré dans des milices glauques et autres opérations secrètes sanglantes. Enfin Méra, l’amour de sa vie, avait à la base pour mission de l’assassiner.
Quant aux méchants, étrangement, on aurait limite plus de sympathie pour eux : Black Manta victime de la colère d’Aquaman qui a juré de se venger ; Orm demi-frère d’Arthur, évincé du trône d’Atlantide à l’arrivée de celui-ci. On pourrait penser à une copie de Loki et pendant bien des années cela a été le cas. Mais le reboot donne une nouvelle dimension au personnage, on comprend sa lutte et son évolution. Enfin les différents peuples sous-marins : monstres marins des abysses, anciens bagnards d’Atlantide remisés au ban de la société.
Chacun est légitime à attaquer la cité engloutie et ce sera encore une fois à Aquaman de trouver les solutions qu’il faut pour éviter la guerre.
Le monde du silence
Vous l’avez maintenant compris Aquaman ne passe pas son temps à sauver la veuve et l’orphelin mais plutôt à éviter une annihilation mutuelle entre Atlantide et notre monde. Mais au delà de ses intrigues le monde d’Aquaman rend possible un voyage magnifique. Les décors abyssaux à l’opposé des grattes ciels dont on a l’habitude dans les comics sont très dépaysants.
Tout amateur de kaiju, de Lovecraft ou tout simplement de nos océans sera en joie de voir ce héros atypique évoluer dans cet univers en trois dimensions peuplé d’une richesse vivante incroyable. Si le crayon de Jim Lee donne le meilleur design du héros, Ivan Reis, dessinateur de la série régulière, dessine les plus beaux décors. Enfin Paul Pelletier qui illustre les deux derniers tomes sortis s’en sort un peu moins bien mais l’ambiance reste bien là, et c’est au final l’essentiel.
Je vous propose pour achever notre tour d’horizon de nous pencher d’avantage sur le personnage de Méra. Cas véritablement à part dans les comics, la petite amie du héros est loin du cliché de la demoiselle en détresse. Elle est l’égale d’Aquaman, forte, indépendante, royale et belle à en crever, cette Wonder Woman sous marine représente à la perfection la volonté du comics de créer des personnages charismatiques se battant pour l’intégration, la tolérance et l’égalité. Le couple qu’ils incarnent est un modèle dont beaucoup devraient s’inspirer pour écrire des histoires d’amour, surtout entre héros.
D’une grande maturité, original, très moderne, le reboot des New 52 d’Aquaman est une franche réussite. Le héros idiot qui parle aux poissons semble très loin quand on parle d’écologie, de réfugié, de différences, d’intégration et de légitimité du pouvoir. Entre baston dantesque à la Pacific Rim, les intrigues de cour et l’une des plus belles histoires d’amour du genre, Aquaman est un must-have. Les trois premiers tomes de la série éditée par Urban Comics ainsi que le tome 3 de Justice League qui lui est consacré sont absolument magistraux, les deux derniers sont tout de même moins ambitieux mais méritent tout de même la lecture.
Ps: Si l’apparition de Jason Momoa dans Batman v Superman manquait un peu de percutant (il a vraiment l’air de se retenir de rire en faisant flotter ses cheveux façon Ariel avec une grosse barbe), j’attends avec impatience de voir comment sera utilisé, dans les prochains films, le personnage dont le design est juste trop classe.
C’est vrai qu’il est vraiment intéressant, ce héros ! Il ne fait pas le bien pour se venger ou par gentillesse mais par nécessité, pour éviter des guerres ou des holocaustes ce qui le démarque beaucoup des autres séries de super-héros dont on a plus l’habitude. J’aime comme il essaie toujours d’écouter avant d’agir, au point même où il est prêt à s’interposer entre la ligue de justice et un « méchant » parce qu’on a pas encore entendu sa version de l’histoire. Ce parti pris rend le personnage passionnant ! Ceci dit faut pas non plus se braquer contre les héros les plus célèbres, Batman et Superman ont chacun leurs points forts même si leur côté trop parfait dans tout peut parfois agacer. Par exemple, en ce moment, dans Justice League, Superman vit une superbe histoire d’amour avec Wonder Woman il lui apprend comment arrêter d’être un super héros et souffler, apprendre à apprécier les petites choses et il n’y avait que Superman chez DC qui pouvait faire ça aussi bien et de manière aussi poétique. Restons ouvert on peut toujours être surpris par des personnages dont on pense avoir fait le tour depuis longtemps !
J’ai pas mal cherché des recueils sur justement cette période mais malheureusement pour le moment j’ai fait chou blanc ceci dit maintenant j’ai le nom de l’auteur, ça devrait me simplifier la vie ! Merci !
Justice League Unlimited… c’est tellement génial cette série !
Super article sur le « seul » héros de DC que j’arrive à supporter, loin des clichés que sont Superman et l’autre empaffé de Batman (qui sont à mon sens bien plus ridicules et clichés qu’Aquaman).
Merci d’apporter un peu de lumière sur ce personnage bien trop moqué à tort.
Justice League Unlimited, pas United… -_-«
Aquaman a eu aussi des périodes incroyables avant le New 52, sa meilleur version étant celle écrite par Peter David, où justement, forte de mauvaise réputation, le personnage avait été rendu plus bad-ass et grandiloquant, avec un crochet à la place de la main gauche. D’ailleurs, c’est de cette version que s’inspire le Aquaman de la série animée Justice League United. :)
Dans tout les cas, j’aime cet article ! :D
D’ailleurs l’adaptation du tome 3 Justice League en dessin animé : Justice League Throne of Atlantis est trop chouette et apporte des trucs intéressants au personnage. Par contre le méchant est un peu moins bien que dans la BD.
Sinon Aquaman dans Flashpoint Paradox (autre adaptation en film de DC trop bien) en dictateur suprémaciste maître des mers est terrifiant. On peut bien voir le genre de personne qu’il pourrait devenir s’il entrait dans le jeu des atlantes de pureté de race et tout. Quelque chose qu’il combat fort heureusement tous les jours, évidement cela n’est qu’un comics cette histoire n’a pas du tout vocation à être de près ou de loin le reflet d’une réalité…
Au moins comme ça, on pourra plus nous accuser d’être des fanboys de Marvel.