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Villages de Noël : 3 city builders pour passer les fêtes au chaud

Ça ne vous a pas échappé : c’est l’hiver, c’est les fêtes, on se les pèle. C’est l’heure des activités ludiques compatibles avec le vin chaud et le feu de cheminée. Au Cri du Troll, on est quelques-uns à apprécier les jeux de gestion alors, après Planetbase et sa colonie martienne, on vous a concocté une sélection de city builders plus terre à terre – des village builders même – plus adaptés à l’esprit de Noël, l’ambiance conviviale des marchés et la féérie des sacs à sapin.
Si vous aussi vous trouvez plus épique de planter des choux et distiller de l’absinthe que de taper un dragon dans Skyrim, cet article est pour vous !

 

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Procédons par un vague ordre croissant d’accessibilité afin qu’il y en ait pour tous les goûts et les degrés de tolérance à la prise de tête. Commençons ainsi par une petite friandise qui emprunte à l’esprit de Noël ses neiges immaculées, sa naïveté enfantine et son lot de gros barbus. Valhalla Hills est un city builder façon Settlers mettant en scène des pitits vikings trop mignons sur leur route vers le Valhalla, terre promise qu’ils n’atteindront étrangement pas en décédant bêtement au combat mais en passant une série de portails.

 

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On peut personnaliser ses vikings ! Ici Graour du Cri du Troll, menant ses fiers guerriers à la mort contre des ours.

Le jeu vous balance donc sur une petite île montagneuse avec, en son sommet, un passage vers le niveau suivant. Ce dernier, une fois ouvert, provoque l’arrivée de gardiens, plus ou moins énervés, qu’il faudra apaiser soit par des offrandes, soit par des coups de hache dans la gueule. L’île elle-même, en fonction du niveau, comprendra d’autres dangers, tels que des esprits de vikings tout aussi choupis mais légèrement plus agressifs. La présence d’une finalité à chaque carte, qui rappelle des jeux comme From Dust, contribue en bonne partie à l’accessibilité du titre. Point question ici (sauf en mode libre) de miser sur une installation à long terme, optimisée de fond en comble mais plutôt sur un village permettant d’atteindre les technologies nécessaires. En mode campagne, chaque nouvelle étape propose des défis plus coriaces et ouvre de nouvelles possibilités de construction, permettant une progression régulière dans l’apprentissage et la difficulté, à la manière d’un tutoriel permanent.

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Petrocore, comme toujours très occupé à ne rien branler.

Concrètement, vous partez avec un petit groupe de vikings et les autres tomberont du ciel au fur et à mesure de vos besoins, tant qu’ils disposent d’assez d’habitations. A partir de là, il faudra ordonner la construction de diverses unités de production où ils iront travailler. Vos petits nordiques auront bien sûr besoin de collecter les ressources présentes pour construire leurs infrastructures, mais également se sustenter, fabriquer des outils, dormir dans les meilleures conditions et sociabiliser à la manière de Sims bedonnants. Chacune de ces activités leur prend du temps, ce qui impacte sur leur productivité, il est donc nécessaire qu’ils puissent s’y livrer efficacement. L’une des problématiques principales est donc de bien penser vos flux, notamment via des tracés de route intelligents (mécanique intéressante : les chemins sont gratuits et s’améliorent au fil des passages, vous poussant à privilégier quelques axes plutôt que d’en foutre partout). Vous pouvez également penser l’accessibilité de vos stocks ou attribuer des coursiers et autres porteurs pour amener les denrées à qui de droit. Les cartes sont petites, ne vous forçant pas à d’énormes axes routiers façon Cities : Skylines, mais attention tout de même : les constructions sont limitées à de petits emplacements, plus ou moins coûteux selon le terrain, et il est primordial de penser en amont vos infrastructures.

 

Tyriel Connelly
Dr Tyriel drague Jennifer Connelly. Kristin, bouleversée, s’éloigne.

Rassurez-vous, le jeu reste d’une difficulté graduée et pas trop exigeante. Chaque village ayant un objectif, vous ne passerez pas 10h sur chacun et serez moins chagrinés de les recommencer après une gestion douteuse (heureusement d’ailleurs, car on ne peut pas sauvegarder à loisir). Contrairement à beaucoup de jeux du genre, vous comprendrez assez vite son fonctionnement et l’IA a un comportement très cohérent (ce qui n’empêchera pas un de vos bûcherons de se faire écharper par un ours en allant bosser trop loin, mais c’était à vous de lui offrir des alternatives sûres ou d’envoyer vos guerriers sécuriser la zone). Les crises sont peu punitives et facilement rectifiables (les vikings mettent un temps considérable à crever de faim, probablement du fait de leur embonpoint). La gestion militaire est simple : votre campement de fiers combattants est déplaçable et ils attaqueront tout ce qui se trouve dans la zone. A vous de faire en sorte qu’ils soient assez nombreux, suffisamment équipés et alcoolisés (oui, l’alcool les rend meilleurs, nous verrons que c’est une constante dans cette sélection). Chaque nouvel ennemi est un peu un test (« ah merde, à 4 contre 2 ours à mains nues c ‘était pas assez ? ») et la nécessité de combattre pour accéder aux portails fait que l’alternative des offrandes est souvent parfaitement dispensable.

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Faire le deuil de son zoli village à la fin de chaque mission. RT si t’es triste.

Agréable, facilement compréhensible et family friendly (on peut même désactiver les rares effusions de sang), Valhalla Hills a en outre une direction artistique crochoupinoudamour, sur la base – déjà vue mais très réussie – du petit viking rondelet cartoony.

 

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 Pour les grands gamins plus ingénieux (en gros, ceux qui préféraient les Legos aux Playmobils), Lethis a pris de Noël l’aspect féérique mâtiné de consumérisme et l’ambiance industrieuse des fabriques de jouets. Développé par le studio Triskell qui traduit à peine son implantation bretonne (car ce peuple fier est prompt à trahir ses origines), il est quant à lui directement héritier de jeux comme Caesar ou Pharaon.

Dans un style que je ne pourrais qualifier autrement que de Miyazaki-steampunk-thermidorien, Lethis propose de construire des villes industrielles type XIXème saupoudrées de fantasy et vivant au rythme du calendrier républicain. En mode campagne, chaque carte est une nouvelle mission (récolter tant de telles ressources, construire tel bâtiment, atteindre tel niveau de développement,…), le tout avec un scénario décoratif mais assez rigolo. Le jeu est également extrêmement agréable en mode bac à sable, pour le seul bonheur de monter une superbe mégalopole steampunk aux rouages huilés où la vapeur pschitte à flot.

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L’alcool, une ressource capitale.

Comme son sous-titre l’indique, les mécaniques de jeu tournent autour du progrès. Les emplacements habitables accueillent d’abord de petits voyageurs qui verront leurs maisons s’améliorer (et accueillir de nouveaux arrivants) au fur et à mesure des services qui seront à leur disposition, dans un cercle vertueux où la main-d’œuvre nouvelle ira travailler dans de nouveaux services, appelant ainsi plus de main-d’œuvre. Une vision totalement raccord avec l’esprit du progrès industriel et technologique, pierre angulaire de l’idéologie de cette époque fantasmée, et parfaitement intégrée dans le gameplay. Mais attention, cercle aussi vertueux qu’il peut se faire vicieux, et c’est là la plus grosse difficulté du jeu : si un service n’est pas assuré, les quartiers se dégraderont et leurs habitants partiront, départs qui mettront à mal le bon fonctionnement des autres services, et ainsi de suite. Ajoutez à cela que le jeu utilise un ordre précis dans les exigences des habitants (comme c’est un jeu breton, l’alcool arrive en 3ème, juste après l’eau et la bouffe, avant même le lavoir). Ainsi, la présence d’un théâtre n’améliorera en rien le quartier si l’un des éléments précédent (genre picoler) est absent. Imaginez maintenant un magnifique quartier ouvrier aux immeubles de briques rouges gorgés de fiers prolétaires, quand soudain, l’une des ressources primordiales vient à manquer (exemple : plus rien pour se bourrer la gueule). C’est alors toute la zone qui régresse aux premiers niveaux, malgré les infrastructures avancées, provoquant un exode massif et l’effondrement de tout le reste, faute de main-d’œuvre. En bref, vous l’aurez compris : malgré un côté fort mignon et des mécaniques très claires, Lethis est un petit sournois dans lequel les crises sont parfois irrécupérables.

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Les bourgeois c’est comme les cochons. En plus agaçants et moins utiles.

Pour être tout à fait honnête, mes premières heures de jeu m’ont même poussé dans des rage quits incontrôlables. Cette mécanique du progrès y est pour beaucoup, ainsi que quelques autres choix peu inspirés, notamment le fait que les bougres fournissant les services utilisent des trajets aléatoires, laissant parfois en ruine une partie de leur secteur parce que ça fait 4 tournées qu’ils refusent de tourner à gauche. Mais la direction artistique est beaucoup trop adorable et la satisfaction d’une magnifique ville fonctionnelle est trop forte pour qu’on laisse tomber, nous poussant à tout faire pour apprivoiser la bête. Vous finirez par trouver comment maîtriser ces quelques éléments retors avec une joie indescriptible. Une maîtrise dûment acquise et qui provoque, à un certain stade, une limite au jeu qui vous pousse malheureusement à toujours reproduire les mêmes schémas par peur d’expérimentations potentiellement catastrophiques (d’autant que les missions se contentent souvent de modifier une ou deux contraintes anecdotiques). Cependant, les amateurs d’optimisation tireront une grande fierté à répliquer ces méthodes apprises à la sueur de leur front pour constater qu’elles tournent à merveille.

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On en revient toujours à des problèmes de blé.

A noter que l’univers en lui-même est tout aussi inspiré que son rendu visuel, avec quelques idées géniales de fantasy ajoutées au steampunk. La soie est par exemple obtenue dans des fermes à vers géants, la vapeur alimente des automates qui servent les bourgeois, tandis que l’absinthe est obtenue en maltraitant de pauvres fées braconnées dans les bois. Au-delà d’un côté très mignon, le jeu a ainsi également ces petites touches d’humour noir (les commentaires de la cour sur l’alcool – toujours lui – pour faire oublier leur vie de merde aux ouvriers), une critique malicieuse de l’esprit victorien (avec une représentation très drôle des classes sociales) et quelques clins-d’œil amusants (les braconniers qui disent « y’a le bon et le mauvais chasseur » et les fées « hey listen ! hey list… SPATCH ! »).

En bref, un digne héritier des classiques dont il s’inspire, qui vous demandera un peu de persévérance pour autant de satisfaction, le tout dans une ambiance absolument réussie.

PS : Si les devs de Triskell me lisent, merci pour la mise à jour d’Halloween, c’était trop trop mignon. Je vous cœur cœur d’amour !

 

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Pour finir, mon chouchou toute catégorie avec lequel j’entretiens une relation d’amour-haine depuis des dizaines et des dizaines d’heures de jeu. De l’esprit de Noël, ce village builder a retenu les hivers meurtriers, le charbon dans les chaussettes et les gosses qui crèvent de faim comme dans un Dickens. Développé seul par un grand malade du nom de Luke Hodorowicz (dont on raconte qu’on lui avait juste demandé de passer un coup de pinceau sur le plafond de la chapelle Sixtine, avec le résultat qu’on connait), le jeu vous colle dans les pattes un groupe de colons bannis de leur village, dans un lieu et une époque tous deux aussi reculés qu’indéterminés, pour y construire une nouvelle vie.

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Beatricio City, un des mes plus beaux accomplissements.

Trêve (des confiseurs) de visuels choupinous et d’ambiances rigolotes, on est ici dans un environnement réaliste avec un boulot phénoménal sur l’architecture comme sur la nature et le moindre élément qui peuple ce monde. Foin également d’objectifs précis et de mécaniques qui vous prennent par la main : votre sacerdoce sera de faire vivre cette petite communauté avec les moyens du bord et de l’époque. Et cela ne sera pas chose facile, dans la mesure où vous allez côtoyer la famine, le froid, le vieillissement, les bestioles qui boulottent vos champs et les épidémies de malaria. Une liste non exhaustive de joyeusetés toutes plus mortelles les unes que les autres qui ne s’habille même pas de second degré : pas de maladies rigolotes à la Theme Hospital ou de calamités emmerichiennes à la Sim City. Non ici, c’est le quotidien des colons de la bonne époque qui crevaient du choléra à 15 ans (dont 8 à la mine) en bouffant du chou les jours de fête.

Les cartes sont générées aléatoirement selon des critères modifiables (la taille, les ressources, l’hostilité du climat ou du décor, etc.). Vous récoltez les ressources à votre disposition pour mettre en place des unités de production et des habitations, le tout en optimisant la distance entre les villageois, leur lieu de vie, de travail et les stocks. Et sachez que bien des choses seront nécessaires : des habits pour ne pas crever de froid, de la bouffe pour pas crever de faim, des herbes et un hospice pour pas crever de maladie (et les refiler aux autres), des outils pour bosser correctement, etc. Un seul élément vous manque et tout le village est dépeuplé. Je ne rigole pas : j’ai vu des choses, des choses horribles, des choses qu’aucun homme ne devrait voir. Des pénuries de bois de chauffage à la moitié de l’hiver, des famines soudaines qui emportaient 80% de mes gars. Vos villageois meurent également de vieillesse et, si en amont vous n’avez pas construit assez d’habitations pour qu’ils puissent faire des bébés tranquillement, votre population va doucement s’étioler (ce dont vous rendrez bien sûr compte des années après). Tiens, vous savez quoi : il faut même construire des cimetières, des églises et des pubs (l’alcool, toujours), pour éviter qu’ils se morfondent. Sans parler des écoles, qui vous fourniront à long terme des travailleurs plus productifs mais en mettant vos jeunes au boulot beaucoup plus tard.

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Léa Passion : Faire pousser des trucs.

Je ne fais que survoler la richesse du gameplay de Banished que je considère un des plus phénoménal dans le genre. Une richesse extrêmement compliquée à maîtriser où les erreurs ne pardonnent rien et où tout n’est pas explicite. Vous allez maintes fois hurler contre l’IA, ne comprenant pas pourquoi ils meurent de faim avec des greniers plein à l’autre bout de la région, avant de comprendre qu’il faut revoir votre façon de les acheminer. Vous allez péter des câbles en passant d’un village prospère à une hécatombe l’hiver suivant parce que vous avez un peu trop vendu de bois ou surestimé vos récoltes. Vous allez pleurer, les yeux fixés sur la rivière, en attendant ce putain de bateau de commerce qui ne vient pas, alors que vous devez impérativement échanger votre charbon en surproduction contre des habits en laine. Il y aura aussi peut-être Beatricia, 12 ans, qui partira à l’autre bout de la map pour une raison inconnue avant de mourir de froid et de faim sur le chemin retour (mais ça je pense que c’était un bug ou une gestion particulièrement fine de la maladie mentale).

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5 fruits et légumes par jour. Surtout sous forme de liqueurs.

 

Bref, si vous voulez ressentir l’extase absolu de faire pousser des choux et de vous ruiner pour acheter 3 poules (les vrais savent), Banished est tout simplement incontournable.

 

Bonus : A défaut de vous apprendre à jouer, ce let’s play du grand Mister MV devrait bien vous faire marrer.

 

 Instant pognon :

Tous ces jeux sont disponibles sur Steam. Vous pouvez donner plus d’argent au valeureux développeur de Banished en passant par son site (http://www.shiningrocksoftware.com/buy/) et en achetant une version sans DRM. Je tiens à préciser que Banished, comme Lethis, sont à 19 euros (ce qu’ils valent plus que largement) mais que Valhalla Hills est à 29 euros (26 en ce moment, il vient de sortir) ce que je trouve un peu excessif. Je le conseille tout de même à ceux qui cherchent des city builders sympathiques et pas prise de tête. Sinon, attendez des soldes.

6 réflexions sur “Villages de Noël : 3 city builders pour passer les fêtes au chaud

  • Petrocore

    C’est pas officiel mais ça m’étonnerait pas.

  • Eric Lavorel

    Es-tu en train de nous faire comprendre que tu es en fait l’omega de la meute des Trolls ? ;-)

  • Petrocore

    Manifestement, y a pas que dans les articles que je prends cher, y a aussi dans les commentaires !

  • Eric Lavorel

    Autrement, je sais pas chez toi, mais en ce moment, ici, en Limousin, pourtant réputé pour son climat rude, pour passer les fêtes au chaud, il suffit d’aller dehors et sortir le barbecue… Sinon, je trouve que Valhalla Hills manque vraiment de réalisme : je ne vois pas les bières vides à côté de Petrocore endormi !!! Ça va pas du tout, ça !!!

  • Dr Tyriel

    Je dois m’excuser solennellement pour deux choses. D’une part d’avoir dragué ouvertement Jennifer Connelly alors que Bolchegeek en est épris depuis des années et ainsi avoir brisé le Bro Code. D’autre part de l’avoir fait devant la pauvre Kristin, sans doute partie se jeter dans le feu et dont on est sans nouvelle depuis. A moins qu’elle soit partie dans Banished fonder COTOREP city.

  • Petrocore

    Petrocore, le bizu du Cri du Troll qui prend trop cher à chaque fois qu’on parle de lui dans un article.

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