Le Medley du Power de la bonne humeur
Vous êtes des petits veinards, aujourd’hui j’ai décidé de partager avec vous le secret de ma légendaire bonne humeur. Pour ceux de mes connaissances qui liraient ces lignes, ÇA VA j’ai dit « légendaire » j’ai pas dit « permanente », pas la peine de crier à l’intox. Allez, je ne vous fais pas languir plus avant, au risque de passer pour un cliché (court) sur pattes, ce secret n’est autre que la musique. Ah, mais attention, pas n’importe laquelle ! Et c’est là que ça se gâte, parce que je vais vous emmener là où nombre de mélomanes fiers de leurs goûts choisis et de leurs avis éclairés en matière musicale n’aiment pas traîner leurs esgourdes. Je sais, je sais, #notallmetalleux maiiiiis quand même, je sais que d’aucuns m’ont jugée, ce dont je fis fi (hihi) pour m’engouffrer gaiement dans une ruelle obscure mais festive : celle du metal qui me fait rire.
Car oui, on dit que la musique adoucit les mœurs, mais on dit moins qu’elle peut faire de vous un guerrier badass qui tour à tour chante les bienfaits du rhum, combat des licornes intergalactiques, ou va en disco-boîte. Parfois tout ça à la fois. Y compris quand vous vous écharpez sur un tableur excel récalcitrant. Alors sans plus attendre, laissez-moi vous guider dans ce pays des merveilles où, spoiler alert, je ne parlerai pas d’Ultravomit.
Au détriment de mon propre confort d’écriture, puisque je suis incapable de ne pas m’arrêter d’écrire pour chanter, j’ai intégré des clips alors j’espère que vous brancherez vos écouteurs hein.
ALESTORM, de la bière, du rhum, et des mecs enjoués
Pour commencer, et surtout pour séduire les fans de rhum et bière qui forment une partie du lectorat du Cri (on vous voit !), laissez-moi vous présenter Alestorm. Fondé en 2004 (sous l’ancien nom de Battleheart), le groupe est originaire de Perth, en Écosse, et se qualifie lui-même de « vrai metal pirate écossais ». Sous sa forme actuelle, il est composé de Peter Alcorn à la batterie, Máté Bodor qui depuis 2015 remplace Dani Evans à la guitare, Gareth Murdock à la basse et au chant, Elliot Vernon au clavier et chant, et enfin Christopher Bowes au lead chant et au keytar (oui oui).
Je pourrais vous dire que musicalement, Alestorm c’est du power metal qui rencontre des orchestrations folk colorées par des cuivres, de l’accordéon ou encore du steeldrum (cœur sur eux franchement), et qui s’amuse régulièrement a revêtir les atours d’autres styles (trash, death…). Mais en vrai, ils se caractérisent surtout par une patate d’enfer, une bonne couche de second degré et d’humour absurde, et un gros côté sea shanties vénère.
Franchement, après ça, vous avez pas envie de lever une chopine en chantant avec vos pote dans un rade aux tables en bois qui collent encore de l’alcool de la veille et qui sent vaguement la sueur et le goudron ? De fendre les flots sur votre rafiot entouré de vos ruffians pour aller piller la compagnie des Indes occidentales ? Je sais bien que la réalité historique de la piraterie est autrement complexe et nuancée, mais laissez-moi kiffer la vibe avec cette vision romancée.
Quelle efficacité ! En concert, ils méritent largement leur réputation de « Kick Ass Live Band « : les mecs sont contents d’être là, ils ont vraiment envie de s’amuser avec leur public et ne sont pas radins en énergie ! C’est vendredi, vous avez un p’tit coup de mou avant de sortir rejoindre vos potes au bistrot ? Écoutez-en deux-trois, vous serez comme neuf, AHOI ! Sale journée, quelqu’un qui vous ennuie ? Écoutez donc Anchor, petit exutoire discret. Je pourrais continuer la liste longtemps comme ça… Mais je vous laisse découvrir (ou réécouter, on n’est pas des bêtes) leurs 5 albums car au passage, le 6e Curse of the Crystal Coconut est attendu fin mai, hardis moussaillons !
GLORYHAMMER, la quête épique de l’espace
Ce qui m’amène tout naturellement à vous parler de Gloryhammer, « heroic fantasy power metal« comme ils se qualifient eux-mêmes, fondé en 2010 par le chanteur-keytariste d’Alestorm Christopher Bowes. Il y fait office de méchant très méchant, puisqu’il incarne Zargothrax, le dark emperor of Dundee : ce sombre sorcier, non content d’avoir pris possession d’un troupeau de licornes qui, désormais mort-vivantes, ravagent le royaume, a aussi emprisonné la princesse ! Obviously, c’est la guerre… Mais heureusement un homme, que dis-je, un héros ! va se dresser face au mal : Angus McFife XIII (aka Thomas Winkler, chant), prince de Dundee. Suite à un rêve, il se lance donc dans la quête de trois artefacts qui l’aideront à triompher : un marteau de guerre magique (et glorieux !), un dragon doré, et une amulette… Dans sa quête, Angus recevra l’appui bienvenu des puissants chevaliers de Crail menés par Ser Proletius (Paul Templing à la guitare), et sera guidé par le guerrier barbare de Unst (James Cartwright à la basse) et l’ermite Ralathor (Ben Turk, batteur) jusqu’au lieu du combat final.
Pourquoi je vous raconte tout ça ? On ne parlait pas musique à la base ? C’est que Gloryhammer a mis un point d’honneur à développer un univers et ses récits et à l’incarner dans ses morceaux. Ils ne sont ni les premiers, ni les derniers, c’est vrai, mais ils ont le mérite de l’avoir fait en y ajoutant une merveilleuse touche de gros nawak. Non mais qui d’autre titrerait ses morceaux Power of the Laser Dragon Fire ou Apocalypse 1992 ?
Leur premier album est très clairement orienté heroic fantasy, d’inspiration « tolkiénite » si je puis dire, mais les suivants (dont mon extrait est extrait) se parent, vous l’aurez noté, des mille couleurs visuelles et sonores du space opera. Car la guerre n’est pas finie ! Le combat reprend dix siècles plus tard entre Zargothrax et Angus, mais cette fois c’est l’univers tout entier qui se retrouve en danger… Voyage vers Mars, portail du chaos, roi Gobelin, réalité alternative, jet-pack… Si c’est pas des ingrédients épiques, je sais pas ce qu’il vous faut ! Moi ça me donne envie d’aller botter des culs à l’autre bout de l’univers vêtue de mes plus beaux habits de lumière et avec une grosse arme qui en jette. Non mais sérieux vous avez pas envie de rejoindre la Hootsforce ?
Je ne saurais trop vous conseiller d’aller écouter et lire ce qu’a fait Gloryhammer, car c’est mille fois trop tout : trop épique, trop absurde, trop drôle, trop efficace, trop bon quoi ! Mais attention, il ne s’agit pas que d’une « blague » sans qualités musicales derrière, qu’on adhère ou pas au concept de Gloryhammer le boulot fourni est indéniable : c’est accrocheur, maîtrisé, technique… Bah ouais, on est pas obligé d’être super sérieux pour être glorieux ! Et on peut faire du bon metal tout en y mettant du disco.
Les bêtes en noir, mashup osé
Quand vous avez écouté Universe on fire, vous vous êtes dit : « Ah c’est pour ça qu’elle parlait de disco-boîte! », je parie. Beh non, perdu. Mais du coup, vos esgourdes sont prêtes pour le suivant sur ma liste, j’ai nommé Beast in Black ! On va faire plus court puisqu’il s’agit d’un groupe relativement jeune, fondé en 2015 par Anton Kabanen (guitariste) après son départ de Battle Beast. Il s’entoure de Yannis Papadopoulos (au chant), Kasperi Heikkinen (guitare), Máté Molnár (basse) et successivement Sami Hänninen et Atte Palokangas (batterie). Leur premier album Berserker sort fin 2017, From Hell with Love début 2019.
C’est ce petit coquinou de Youtube qui, au gré de ses suggestions, m’a fait découvrir le groupe. À ma première écoute, on ne va pas se mentir, j’ai ressenti un gros WTF (faut dire, à la base j’étais au taf en train d’écouter du folk irlandais) et j’ai rouvert mon onglet pour couper court à ces galéjades. Ce qui me fit donc poser les mirettes sur le clip. Et donc, le remettre du début. Et donc, l’avoir dans la tête pour le restant de la semaine.
Voilààà tu savais pas si tu allais lancer ta playlist power metal ou ton mix eighties? Maintenant tu sais. Ne me remercie pas, va plutôt écouter Crazy, Mad, Insane pour la chanter sous ta douche. On est en plein Power Pop, avec de doux accents kitsch mais un line-up solide, qui laisse le chanteur s’éclater avec son amplitude vocale. Pour le coup, le ton me parait quand même plus sérieux que les deux premiers groupes que je vous ai présenté, et le premier album du groupe est largement inspiré du manga éponyme. Vous vous ferez votre propre opinion, car ça fait partie de ces groupes dont je préfère ne pas savoir s’ils sont premier ou second degré (ça gâcherait mon plaisir).
NANOWAR OF STEEL : prendre la comédie au sérieux
Aucun doute possible en revanche avec les petits derniers que je vous présente ici, Nanowar of Steel : on est pas là pour niaiser, mais on est quand même sévèrement là pour se marrer. Fondé à Rome en 2003, le groupe rassemble : Potowotominimak (chant), Gatto Panceri 666 (basse), Uinona Raider (batterie), Mohammed Abdul (guitare) et Mistar Baffo (chant). S’ils ont sorti plusieurs opus, le groupe ne compte que trois albums à proprement parler, dont le plus récent est sorti en 2018. Mais dès leur première démo, le ton parodique est donné, avec notamment The Only Forest of the True Metal and the Other Heavy Minerals (La seule forêt du vrai metal et des autres minéraux lourds).
Musicalement, tout se tient : les rythmiques sont puissantes, les orchestrations sont soignées, le chant est solide. C’est donc bien ancrés sur leur technique que les Italiens se paient le luxe de se moquer avec la plus jubilatoire efficacité d’un peu tout le monde, de Manowar à Judas Priest en passant par Ennio Morricone ! Et leur humour n’est pas la moindre de leurs forces, loin de là ! Je ne vous fait pas languir plus longtemps, et pour votre peine, vous aurez droit à non pas un, mais deux extraits !
Et parce que le respect est mort (2020 RPZ), on commence par celui-ci :
Si vous avez kiffé, Nanowar of Steel mène actuellement sa tournée « Ladder to Valhalla », et pour info, vous propose sur son site un tour parallèle, le « Stairway to Ikea Tour », donnant la liste des Ikéa dans lesquels ils s’arrêteront casser la croûte pour que vous les rejoigniez afin de partager, je cite : « Un repas à base de boulettes de viande et quelques crayons en bois », sans oublier de célébrer Odin of course. Cœur sur eux.
Je suis loin d’avoir fait le tour de leur discographie, mais sachez qu’elle est entièrement et gratuitement disponible à l’écoute sur leur site (oui oui, sur Youtube aussi mais y a beau geste, admettez). Nombreux sont ceux qui, comme moi, les ont découvert récemment au détour de leur coup de poker, la publication d’un clip qui en une semaine, a totalisé plus d’1,3 millions de vues, explosant leurs anciennes statistiques. En non-exclusivité, le voici pour vous :
Pour reprendre leurs mots, Nanowar of Steel peut se vanter d’avoir sorti « le premier hit où le pogo et le twerk, la danse et le headbang, l’adoration de satan et le bronzage se rencontrent ». Et ça, ce n’est pas rien. La liste des morceaux que j’aurais aimé vous présenter est longue, mais je ne peux m’empêcher d’espérer que vous aurez une petite pensée émue pour cet article en écoutant Ironmonger ou Valhalleluja.
Vous l’aurez peut-être remarqué, les labels Napalm Records et Nuclear Blast sont donc de bons pourvoyeurs de joyeusetés. Ils accueillent aussi en leur sein bien d’autres groupes qui procurent autant de joie, comme dirait Marie Kondo. Et si je reviens sur cette notion de joie, c’est que voyez-vous j’y tiens. On a le droit d’aimer écouter une chanson simplement parce qu’elle nous procure du plaisir. En effet, qui n’a pas croisé de ces gens qui se permettent un regard condescendant, une lippe méprisante, lorsque vous répondez au fameux « Et toi tu écoutes quoi comme musique ? ». Une de ces personnes qui a une haute opinion de ses propres goûts et s’estime donc juge de ceux des autres… Une qui va vous dire que c’est trop simple, c’est trop commercial, c’est kitsch, c’est pas assez technique, ou novateur, ou mes fesses sur la commode. On s’en fout. Ne pas être sérieux ne délégitime pas un objet culturel. D’autant qu’ici, on a tout de même affaire à des groupes qui sont techniquement carrés, et qui font de vraies propositions artistiques.
En vrai ce sont aussi des groupes comme ceux que je vous ai présentés, qui en redonnant la patate et la banane à ceux qui les écoutent, nous permettent parfois d’aller au bout d’une journée difficile sans tout envoyer valdinguer, sans prendre ses jambes à son cou, sans mordre quelqu’un à la jugulaire. Ne négligeons pas leur pouvoir anxiolytique et euphorisant !
Aussi, mon verdict est celui-ci : écoutez aussi des choses qui vous amusent, et s’il ne s’agit pas de celles que je vous ai présentées, tant mieux, c’est que le monde est riche de joies diverses. N’hésitez pas à en parler et à les partager autour de vous. Envoyez chier les esprits étroits. Sentez-vous badass au moment même où vous maîtrisez le moins ce qui vous arrive, ce qui vous entoure. Soyez combatif au moment où vous voudriez tout lâcher. La vie est trop courte. Et les emmerdes, vous allez leur mettre une peignée.