La Rédak’ propose : ses films pour la rentrée !
Le mois de septembre. La chaleur de l’été est encore présente, mais déjà les ombres de l’automne et des fournitures scolaires s’étendent. Le monde recommence à se couler tragiquement dans le lancinant rythme du métro-boulot-dodo, tandis que les gniards courent dans les rues pour ne pas arriver en retard à leur bahut. Les devoirs, le boulot, les cours, les profs à l’haleine de café. La plupart des Trolls sont sortis du monde scolaire, mais certains y sont restés pour combler les narines de vos drôles avec leur haleine bien à eux. Du coup, en ce dernier samedi du mois de Septembre, et alors que le monde s’est remis au boulot, on s’est dit qu’il serait sympathique de partager avec vous les films de la rentrée, ceux qui nous rappellent l’école, les cartables, les boutons, et autres joyeusetés de l’enfance et de l’adolescence.
Bonne dégustation.
La Folle Journée de Ferris Bueller, buller avec le meilleur
Par Narfi
Forcément, si on me parle rentrée, ou film qui parle école, j’ai envie de faire l’école buissonnière. Et quel meilleur professeur que Ferris Bueller pour vous apprendre à sécher consciencieusement les cours ?
La Folle Journée de Ferris Bueller nous conte l’incroyable journée d’école buissonnière que Ferris va vivre avec sa copine Sloane et son meilleur pote Cameron. Et si on se dit qu’on a affaire à un sale gosse diablement intelligent et égoïste dans les premières minutes du film, autant vous dire tout de suite que le film se révèle bien plus profond qu’il n’y parait. Entre le proviseur du lycée qui est une parodie du système lui-même, Ferris qui est un bien meilleur pote qu’on ne le pensait, ou encore Cameron qui est bouffé par les angoisses de l’adolescence, chaque personnage se révèle être une incarnation d’éléments que l’on a tous connu au lycée. C’est fun mais aussi bouleversant, et mon seul regret c’est d’avoir découvert le film jeune adulte, alors que je suis certain qu’il m’aurait beaucoup plus plu et interpellé quelques années auparavant, dans ces moments où je sentais que tout était en train de m’échapper. Oui, j’étais clairement un Cameron, rêvant d’être un Ferris. Mais c’est justement tout le propos du film, chut, arrêtez de spoiler.
Du point de vue de la réal, si on a affaire à un film sans grandes prétentions, force est de constater que certaines scènes marquent. Et fortement. La visite au musée, à titre d’exemple, reste une scène qui dit beaucoup, beaucoup, BEAUCOUP de choses, en bien peu de mots et de temps. En plus d’être magnifique esthétiquement et humainement, ce qui est pas rien non plus. Une scène pleine à craquer d’angoisses existentielles mais aussi de plaisirs simples, qui reste sans doute ma favorite dans un film pourtant loin d’être dénué de bonnes trouvailles.
Tiens, à titre d’exemple, Ferris il fait rien qu’à parler à la caméra comme Deadpool ou Frank Underwood. Et c’est quand même sympa et rigolo. Surtout que Deadpool y lui pique toutes ses idées…
Trois heures, l’heure du crime
Par Blorb
Narfi vous a régalé avec son Ferris Bueller bien trop propre sur lui pour être vrai (en fait le vrai héros du film c’est Cameron mais ça n’a rien à voir avec ce qui nous intéresse aujourd’hui). On reste donc dans les teen movie américain avec un film injustement méconnu mais pourtant indispensable.
Jerry Mitchell est à la bourre pour aller en cours ce matin et croyez moi, vu la journée qui l’attend, il aurait mieux fait de rester au lit. Jerry c’est le type sympa toujours prêt à filer un coup de main. Il tient la boutique du lycée, il fait même partie du journal du lycée. Son redak’chef et meilleur pote Vincent Costello lui demande de rédiger un article sur Buddy un nouveau venu au lycée. Sauf que ce que Jerry ne sait pas, c’est que Buddy est un psychopathe. Et que si il a changé de lycée en cours d’année c’est qu’il a été particulièrement violent avec ses anciens petits camarade. Surtout, il ne supporte pas qu’on le touche. Et, dans un geste amical, Jerry touche l’épaule de Buddy… Je vous ai dit que ça se passait dans les toilettes du lycée?
Bref, Buddy monte en pression direct et convoque Jerry à trois heures pétantes à la sortie de l’école, pour la dérouillée de sa vie. À partir de ce moment, il reste exactement six heures à Jerry pour foutre le camp et sauver sa misérable vie. Jerry va absolument tout tenter pour s’en sortir, quitte a transgresser les règles qu’il passe son temps a respecter.
Le film par son montage nerveux vous rappellera sans doute les épisodes les plus épiques de Parker Lewis. Vous collez aux baskets de Jerry, vous partagez sa peur, ses angoisses, bref, le lycée dans toute sa splendeur. Alors, est-ce que Jerry va réussir à sauver sa peau et ressortira-t-il grandi de cette histoire ? Sans doute, mais la réponse se trouve chez ton loueur de vidéo cassette !!!
Jerry Mitchell est interprété par Casey Siemaszko que vous avez déjà vu sans véritablement le voir dans la trilogie Retour vers le Futur (où il interprète 3-D, l’un des amis de Biff Tannen), et aussi dans Stand By Me, où il joue Bill Tessio, un des loubards qui terrifie les mômes.
Donnie Darko
Par Fly
Vous cherchiez un film sur la rentrée ? Un film qui vous parle de voyage temporel ? Un film qui aborde le problème de la schizophrénie de façon délicate et poétique ? Un film nostalgique tourné vers les 80’s ? L’élixir absolu conciliant drame, épouvante et comédie ? Un film avec un lapin nécromantique géant ? Rien de tout cela, mais quelque chose de simplement original et bien conçu ? Alors, arrêtez-vous sur Donnie Darko.
Vous avez bien lu, le métrage traite de tous ces thèmes, et y parvient même de manière sophistiquée, sans pour autant tomber dans une forme poussive et trop masturbatoire. Le héros éponyme, adolescent schizophrène interprété par Jack Gyllenhaal, est en proie à des hallucinations récurrentes ; en cette rentrée d’automne 1988, celles-ci se manifestent sous la forme de Frank, lapin géant nécrosé et ami imaginaire de Donnie.
Personnage auparavant inoffensif, quoiqu’aussi grotesque qu’inquiétant, Frank commence à pousser Donnie à commettre certains forfaits pendant ses épisodes hallucinatoires, selon une logique obscure… Ces actes, que le lapin justifie auprès de Donnie par la nécessité de rétablir une sorte d’équilibre cosmique avant que n’advienne la fin du monde, sèment le trouble dans la petite ville pavillonnaire et sans histoire où réside la famille Darko. Tiraillé entre le quotidien compliqué du lycée, où gros durs, filles et professeurs accusent de plus en plus la rupture entre Donnie et le monde réel, et les exigences sacrificielles de Frank, le héros tente de trouver quelque sens à une existence qui en semble dépourvue. Cette désillusion froide s’accompagne pourtant d’une étonnante lucidité quant à la superficialité des liens sociaux et de la vie de la petite communauté, ce qui permet à Donnie de ne privilégier que les gens et les choses ayant, à ses yeux, le plus de valeur… Valeur qu’il sera finalement amené à reconsidérer.
Si Donnie Darko n’est pas exclusivement centré sur l’école, il lui octroie cependant une présence fondamentale. Sans verser ni dans le souvenir horrifié ni dans la vision béate d’un espace d’accomplissement social, le film nous livre une vision nuancée de l’institution à l’américaine. Donnie y affronte aussi bien la bidon et mystique mais néanmoins tyrannique prof d’Éducation Civique, qu’il est inspiré par ses enseignants de Mathématiques et de Littérature. À l’image de ses classes composites, l’école communale apparaît comme un espace hétéroclite, un peu perdu dans le temps, où se côtoient des êtres de tous âges, de toutes sensibilités et aux degrés d’intelligence… variables. Film d’auteur halluciné, mélange ultime de tous les genres et moment simplement inoubliable sur le plan formel, Donnie Darko est de ces œuvres à la richesse inépuisable dont l’intérêt croît à mesure que passe la vie. À voir et à revoir sans modération, à tous les niveaux de lecture, quelles que soient votre humeur et vos envies. Du très grand art.