Shadow Tactics : Shinobi ne frappera qu’une fois
Comment on appel un chat assassin ? UN NINCHAT !
Voilà.
Vous l’aurez compris, ce test sera placé sous le signe de l’humour sautillant et le trait d’esprit d’une grande finesse. Désolé par avance, il est beaucoup trop tôt à l’heure où j’écris ces quelques lignes et le spectre de Pétrocore aka Maitre Jean-Jacques (ne lui dites pas que je vous ai révélé son identité cachée) me hante (quand on parle du Japon, il n’est jamais loin le bougre), je me dois donc d’être à la hauteur du maître.
Allez, place aux images crébondieu d’bon Dieu ! (PS : certaines captures d’écran sont des images empruntées sur le site de l’éditeur Mimimi Productions !)
Aujourd’hui donc, nous allons partir à l’ère Edo, à l’époque où les shurikens s’échangeaient plus que les pokémons et où les coups de sabres réglaient souvent les problèmes.
Tactique ta mère : des lames et des larmes
Quand Commandos vous mettait à disposition une équipe de saboteurs de la Seconde Guerre mondiale, ou encore quand Desperados, mon jeu de l’amour, vous plongeait en plein Western avec des bras cassés aux compétences diverses, Shadow Tactics : Blade of the Shogun vous envoie lui directement dans le Japon féodal.
Nous voilà en pleine guerre de suprématie, missionné par le Shogun Tokugawa Ieyasu qui s’est imposé dans le sang et a mis l’Empereur dans les cordes. Notre mission ? Déjouer les complots rebelles visant à faire tomber le tout nouveau régime encore fragile. On se retrouve à diriger une équipe de cinq spécialistes (espions, assassins, saboteurs…) qui, de missions en missions, vont consolider le pouvoir du shogunat et mater la rébellion de Kage Sama. Ainsi, le samouraï Mugen, la jeune Yuki, le vieux tireur d’élite Takuma, Hayato le ninja, et Aiko l’espionne, vont ensemble mettre leurs compétences spéciales en commun pour mener à bien les missions.
A chaque carte une mission, à chaque mission ses objectifs. Pour ce faire, chacun des spécialistes dispose de compétences propres qui permettront de neutraliser plus ou moins agréablement les obstacles du niveau, entendez par là les « ennemis », et parvenir ainsi à remplir les objectifs divers et variés. Oh ne vous attendez pas à devoir cultiver votre jardin, ce sera plutôt du style : assassinat, sabotage, massacre !
Quand Takuma fera parler la poudre de son vieux tromblon distance, Hayato préférera lancer les shurikens dans la gorge des ennemis attirés par Aiko ou pris au piège par Yuki (l’oiseau est une excellente composante de gameplay tmtc). Enfin, Mugen sera votre nettoyeur, balancez le dans le tas, et il découpera en zone tous les ennemis présents : un bon moyen pour terminer une embuscade rondement menée.
Tou as tué mon frère à Gstaa, tou va murri !
Qu’on se le dise tout de suite : ce sera dur. Ce sera exigeant, mais juste et récompensé. Ce sera jouissif, mais gare au faux pas, car de l’excès de confiance à la foirade totale il n’y a qu’un pas dans Shadow Tactics. On parle de stratégie ici monsieur ! Et on ne badine pas avec la stratégie ! Celui qui se précipitera verra ses efforts réduits à néant. Il faut planifier, il faut calculer son coup, à l’ancienne !
Le maître mot de Shadow Tactics reste clair comme de l’eau de roche : Know your enemy. Il faut apprendre les déplacements et les comportements des ennemis avant de se lancer à l’assaut. Certains sont sensibles à vos leurres, d’autres ne se laissent pas déconcentrer, les samouraïs adverses résistent aux attaques de vos personnages (excepté Mugen, le bourrin)…
Il faut aussi éviter, tout simplement, de se faire repérer : chaque ennemi se dote d’un « cône de vision » (élément indissociable des Commandos-like) et une fois repéré, cela deviendra extrêmement compliqué de gérer son infiltration. Bien évidemment, le bruit aussi, sera pris en compte. Eh oui mon petit bonhomme, Shadow Tactics est EXIGEANT. Marcher dans l’eau/la neige fait du bruit, courir fait du bruit, balancer un truc fait du bruit… Et le bruit attire les ennemis.
Prudence donc !
Le Shadow Mode est aussi une des idées les plus intéressantes de l’opus. Ce mode permet à tout moment de planifier les actions de nos petits assassins, qui, une fois la touche entrée pressée, vont se précipiter suivant les ordres que vous leur aurez assignés. Propre, sans bavures, dans le meilleur des cas. Car le Shadow Mode N’EST PAS une pause, tout reste en temps réel. Il faut donc être vigilant, encore et encore pour réaliser l’embuscade parfaite et observer avec un plaisir sadique non dissimulé son plan être mené à bien sans accrocs.
Un succès méri-thé
(Japon… Thé… Vous l’avez ?)
Avec la réactualisation de ce genre perdu de vue depuis les années 2000, Mimimi Production, sous branche du géant Daedalic, tente ici le pari de la nostalgie, tout en essayant de recomposer avec les nouveautés de son temps. Faire du neuf avec du vieux quoi. Et force est de constater que les petits gars du studio Allemand ont concrétisé leur tour de force en proposant un jeu solide et diablement efficace. Pour leur premier jeu, ils frappent un grand coup, emplissant le paysage vidéoludique de fracas de talent (oui monsieur, je le dis moi monsieur) !
Shadow Tactics est un Commandos-like qui n’y va pas par quatre chemins : on y retrouve les codes et les mécaniques de la licence à succès. Du champ de vision des ennemis en cône, jusqu’aux capacités des héros, on part très clairement sur une réactualisation du gameplay d’antan. Et ça marche. Eh oui mes bonnes gens, ça marche ! Car c’est efficace et bien pensé, et parce que bien souvent encore, c’est dans les vieux pots qu’on fait les meilleures confitures !
D’autant qu’avec la VO japonaise, véritable énorme plus de cet opus, les décors fabuleux du jeu et l’ambiance sublimée du Japon féodal, l’immersion est garantie et le plaisir énorme. Et ce même après moult resets après s’être acharné sur un groupe de gardes problématiques.
Avec ses treize missions à la difficulté croissante (du genre hardcore, on passe assez vite du simple au très délicat, c’est bon à savoir) qui assurent au bas mot une vingtaine d’heures de jeu, on se retrouve ici avec une œuvre de très bonne facture qui tient la route et fait honneur au genre. Une excellente pioche que ce Shadow Tactics : Blades of the Shogun que personne n’avait vu venir !
Et nous ne sommes pas les seuls à le dire, la preuve en est : la pléthore de récompenses que le jeu commence à recevoir sur le coin de la bobine dont celle du Best Game Design, Best PC/Console Game et Best German Game au German Developer Award 2016, et ça, c’est un signe qui ne trompe pas !
C’est Saké bon !
Ahem… Je sens la lourde présence de Maître Jean-Jacques s’intensifier, me Brider MÊME ! AHAH VOUS L’AVEZ ? OUI ? Pardon.
Il est temps pour moi de fuir ce clavier, au risque de me prendre une manchette (méritée) de l’ombre.