Hannibal, le dîner est servi
Pour ce premier article préparé par mes soins, j’ai décidé de vous proposer une série… culinaire.
Tout commença lorsque mon cher et tendre et moi-même nous retrouvâmes soudainement désœuvrés, dépourvus de la moindre série à nous mettre sous la dent. Mais quel ne fut pas mon effroi, quand son (et par défaut, notre) choix se porta, presque par hasard, sur Hannibal. Moi qui avais été traumatisée par Le Silence des Agneaux bien des années plus tôt, j’acceptai de mauvaise grâce… et pourtant !
Hannibal est une série télévisée portée à l’écran par le sieur Bryan Fuller, d’après l’œuvre de Thomas Harris. Elle a débuté en avril 2013 et comporte actuellement 2 saisons de 13 épisodes (de 45 minutes environ).
Starring :
Mads Mikkelsen : Hannibal Lecter / psychiatre-psychopathe et cuisinier hors pair.
Hugh Dancy : Will Graham / profiler sexy un brin tourmenté/dérangé.
Caroline Dhavernas : Alana Bloom / brune aux yeux bleus, la bonnasse du lot, ancienne élève de Lecter, proche de Will (mais pas trop).
Laurence Fishburne : Jack Crawford (aucun rapport avec Cindy) / le boss du FBI, qui pousse (un peu trop) Will dans ses retranchements.
+ pléthore de tueurs en série sanguinaires, plus déments et monstrueux les uns que les autre.
Hannibal, c’est (en partie) l’histoire de Will Graham, un mec qui pourrait avoir tout pour lui (tant il est à croquer, slash, ce n’est que mon avis) mais qui a malencontreusement foiré son entrée au sein du FBI et qui est diagnostiqué instable, psychologiquement parlant. Ça refroidit un peu dit comme ça, mais il se rattrape en sauvant tous les chiens abandonnés qu’il trouve (on fait ce qu’on peut dans la vie). J’admets que ça doit sentir un peu le fauve dans sa maison avec petit perron, située à la lisière d’une sombre forêt, isolée de tout… (Ce qui, personnellement, me foutrait grave les jetons.)
Will est néanmoins professeur (prof, pour les intimes) de criminologie et participe à de nombreuses enquêtes – glauques au possible – en tant que profiler. Parce que Will, il a vachement d’empathie avec les tueurs, ce qui lui permet de se glisser dans leurs peaux et de reconstituer les scènes de crime – littéralement. Il aide ainsi le FBI à traquer les vilains méchants, et nous fait découvrir de curieuses pathologies.
La mise en bouche se fait avec une histoire de cannibalisme – évidemment – mais les autres enquêtes présentes au menu ne sont pas moins alléchantes : entre le « botaniste » qui utilise ses victimes pour faire pousser des champignons (je simplifie un peu, pour ne pas vous gâcher la surprise), le violoniste qui fabrique ses instruments à même les gens ou l’illuminé qui crée des anges à base de personnes en chair et en os… Et j’en passe et des meilleures.
Mais quel rapport avec Hannibal me direz-vous ? Eh bien, Hannibal Lecter n’est autre que le psychiatre de Will. Funny, isn’t it ?
La série s’attache donc à relater la relation un tantinet malsaine entre les deux. Graham confie ses troubles au docteur Lecter, évoquant ses doutes, ses angoisses, ses cauchemars (LE CERF) et lui demande même des conseils en ce qui concerne les enquêtes qu’il mène auprès du FBI. Situation d’autant plus cocasse quand on sait qu’Hannibal est sans doute le plus dangereux de tous les psychopathes qui peuplent la série. Hannibal est cannibale, mais ça, tout le monde s’en cogne/l’ignore. Tout le monde l’apprécie, tout le monde l’admire. Pratique. Docteur Lecter peut donc se mêler dans la foule en passant incognito, inspecter les différentes scènes de crimes et faire son marché.
Will traque les tueurs, Hannibal lui donne de petites recommandations par-ci par-là, rencontre à l’occasion un de ses « collègues » et cuisine de succulents petits mets, invitant régulièrement ses amis à dîner.
En prime, les épisodes se déclinent à la manière d’une véritable suite de plats. La saison 1 rend hommage à la gastronomie française, regardez comme c’est exquis : Apéritif, Amuse-bouche, Potage, Œufs, Coquilles, Entrée, Sorbet, Fromage, Trou Normand, Buffet Froid, Rôti, Relevés, Savoureux.
Will enchaine les investigations, résout les énigmes les plus tordues, mais un mystère demeure : celui du chesapeake ripper (aka la pie grièche du Minnesota), qui imite les meurtres de ses voisins. Mais qui cela peut-il bien être ?
N’ayant pas eu le courage de regarder ou de lire vu/lu l’ensemble des œuvres mettant en scène notre célèbre cannibale, je ne peux ici m’aventurer à dresser un parallèle entre les différentes adaptations. Nonobstant, je peux vous dire que l’intrigue est rythmée et bien menée, avec des acteurs qui se glissent parfaitement dans la peau de leurs personnages. La série est fidèle à la thématique d’origine, à savoir policier/thriller psychologique, alternant scènes de crime chocs et consultations en tête à tête dans le superbe cabinet du docteur. Les meurtres – comme les repas – sont véritablement mis en scène, présentés comme des tableaux hauts en couleurs, et en noirceur.
Cet Hannibal Lecter, c’est (surtout) la gueule de Mads Mikkelsen, le regard tour à tour froid et calculateur, le rictus au coin de la bouche et la parole plus aiguisée que jamais. Les allures de dandy, de parfait gentleman avec ces costumes impeccables. Les talents de cuisinier et la table dressée en l’honneur des invités. Le psychiatre, le confident… qui se dévoile lentement.
Hannibal, c’est à la fois crispant, captivant, affreux, surprenant, sordide, esthétique et dérangeant. C’est une excellente série, que je recommande vivement mais attention aux âmes sensibles à tendance parano (comme c’est pourtant mon cas).
Petit conseil, toutefois : à ne pas regarder en mangeant, à moins que cela ne vous mette en appétit… Mais dans ce cas-là, posez-vous les bonnes questions.
Excellent !