Jeux à licence, ces adaptations moyennes qu’on adore
Qui ne s’est jamais retrouvé au milieu d’une soirée entouré par des gens parlant des jeux à licence comme d’infâmes bouses prenant les joueurs uniquement pour des vaches à lait, qui tordent le nez devant une jaquette uniquement parce qu’elle porte le même titre qu’un film ? Pendant ces moments là, on ne peut s’empêcher de penser aux dizaines d’heures qu’on a passé à survoler Gotham, ou à massacrer des Orcs et autres trolls des cavernes. Ce déversement de haine paraît alors disproportionné tant ces adaptations, certes, plus ou moins foireuses ont été décisives pour l’évolution de notre moyen de divertissement préféré. Pourquoi me demanderez vous ? Car avant même l’idée (je le concède c’est la raison première, mais je veux vous parler d’autre chose) de juste se faire un max de fric sur le dos des joueurs, les jeux à licence ont contribué à développer un aspect décisif des jeux vidéos : leur ambiance. En effet, plus que tout l’adaptation vidéoludique doit être fidèle à son matériau d’origine et proposer une expérience très proche de ce que les autres médias dont elle s’inspire ont mis en scène. C’est d’ailleurs uniquement cet aspect qui fera des adaptations un bide total ou un succès absolu. Pour étayer ce raisonnement voici donc une petite liste loin d’être exhaustive de ces jeux bourrés de défaut qu’on adore malgré tout.
Mad Max (2015, PC, Xbox One, Ps4)
Mad Max est l’exemple parfait, imaginez un monde ouvert vide, rempli de quêtes annexes complètement inutiles, répétitives, et à peine scénarisées avec un bestiaire qui ne sera finalement que des apparences différentes des mêmes 5 ennemis du début à la fin du jeu. Là immédiatement on se dit : « oh l’étron ! » et on aura totalement tort car rarement un jeu n’aura réussi à ce point à retranscrire l’esprit d’une saga. Très proche visuellement du dernier film, le scénario se rapproche bien plus des précédents films, entre séquences à moitié hallucinées, courses poursuites et une colère sous-jacente du personnage principal, une folie qui n’explosera que dans les deux dernières heures de jeu dans un déchaînement de violence et de feu qu’on ne peut louper sous aucun prétexte.
De même la relation que vous entretiendrez avec votre véhicule sera toute symptomatique de l’ambiance Mad Max : plus qu’une simple voiture, elle sera votre arme, votre moyen de fuite, la raison de votre acharnement, toujours meilleure, toujours plus vite. Elle devient le reflet de votre style de jeu ou de votre colère au gré de la partie. Les mains dans le cambouis, vous allez la bichonner, la customiser jusqu’à la perfection. Et là le chant de votre V8 surboosté vous portera aux nues ! (Il est en effet impératif de jouer à Mad Max avec un casque ou une installation son aux petits oignons, le travail sur les sons du jeu en fait une bande sonore des plus agréables et des plus immersives !)
Et les tempêtes… juste, les tempêtes … A elles seules l’achat du jeu est justifié, cette peur qui prendra aux tripes, cette intensité qui donne l’impression qu’elles ne vont jamais s’arrêter… Chaque fois qu’une tempête se lève votre âme de gamer fera un bond de joie mêlé à de la terreur pure, vous fuirez ou vous plongerez dedans mais sachez que vous allez mourir, le sourire aux lèvres certes, mais vous allez y passer !
Oh, what a game… What a lovely game !
Spiderman Web of Shadows (2008, Ps3, Xbox360)
Spiderman, on en oublierait presque que c’est une adaptation, tellement la licence est présente dans le jeu vidéo ! Pourtant ce côté jeu à licence est resté bien trop présent tout au long des adaptations du Tisseur, on attend d’ailleurs toujours sa version ultime fait avec le même degré de professionnalisme que Batman. Pour patienter il faut donc se rabattre sur cette version du super héros qui pour moi est la meilleure (oui j’ai joué au génial Spiderman sur ps1, et je l’ai fini une bonne vingtaine de fois).
C’est tout ce que le Spiderman Ps1 ne pouvait pas accomplir : un monde ouvert, un gameplay entièrement basé sur des combos aériens avec les toiles, 4 fins différentes, un new game +, Venom, le costume noir, Venom, le switch de costume à n’importe quel moment ouvrant des combinaisons infinies, Wolverine, Luke Cage, Black Widow, le Caïd, Wolverine avec le symbiote, Black Cat, Electro, New York remplie de zombies symbiotisés, Venom et une véritable putain d’impression qu’on a beau être l’un des super-héros les plus cools du monde on ne pourra pas sauver tout le monde et qu’il faudra faire des choix, tout ça en un seul jeu. O. M. G.
Sinon c’est aussi, je pense, le jeu le plus moche de la ps3 en plus d’être un merveilleux dictionnaire de bugs pour tout développeur qui veut découvrir ce qu’il ne faut pas faire en programmation : clipping en tout genre, aliasing dégueu, le jeu plante, le jeu ralentit quand y’a trop de trucs à l’écran… La sauvegarde qui disparaît est le seul bug qui vous sera épargné, fort heureusement ! Pour toutes ces considérations techniques cette adaptation s’est faite trasher par la presse, ne les écoutez pas ce jeu est une perle à laquelle j’ai consacré des nuits entières. Jouez à Spiderman Web of Shadows, vous n’en regretterez pas une seconde.
Afro Samuraï (2009, Ps3, Xbox 360)
J’ai beaucoup hésité à le mettre dans cette sélection. En effet il n’a rien d’une adaptation moyenne, mais il est passé bien trop inaperçu pour qu’il reste encore une fois sur la touche. Ici pas besoin de connaître cette série extraordinaire et hallucinante de 5 épisodes complètement barrés pour pouvoir suivre l’histoire. L’adaptation est totale et reprend points par points la série mais en version beat’em all. Les combos sont difficiles à placer, et les ennemis sont peu variés. Voilà ça c’était les défauts, non y en a pas d’autres. La musique, l’histoire, l’ambiance, les graphismes, le gameplay, le level design, les boss fights, tout est absolument génial.
De plus le jeu utilise son propre média pour apporter une interprétation différente de l’œuvre, ce qui le rend d’autant plus indispensable pour les fans de la série. Le combat contre le boss de fin est un chef d’œuvre du genre, parce qu’il est intense certes, mais surtout pour les échanges entre le boss et Afro le héros du jeu. Je n’en dis pas plus, sachez juste que je ne m’en suis toujours pas remis. Ah oui sinon, c’est Samuel L. Jackson qui double Afro, Ron Pearlman qui double le boss de fin et la musique est signée RZA… Un chef d’œuvre, je vous dis ! (Par contre fuyez sa suite comme la peste, c’est très très mauvais.)
Predator Concrete Jungle (2005, Ps2, Xbox)
Après le très haut du panier voilà le très bas. Impossible pour autant de dire si c’est une mauvaise adaptation car à ma connaissance, c’est le seul jeu Predator (et uniquement Predator) qui existe. Évidemment pour un fan absolu du monstre il fait donc figure d’incontournable. Tout y est, la chasse, l’invisibilité, les canons plasma, les shurikens, l’imitation de la voix des gens, les différentes vues thermiques et les cultissimes doubles lames fixées au poignet. Mais après… C’est là que le bât blesse de tous ces gadgets seuls quelques uns seront réellement utiles, la plupart sont redondants d’autres plus efficaces. L’ia des ennemis est scandaleuse, c’est un drôle de mélange entre beat’em all et infiltration (du coup le personnage qu’on incarne est à la fois trop fort et trop fragile pour être bon aux deux) et le scénario est juste incompréhensible (le fait qu’il ne soit disponible qu’en anglais n’aide pas non plus). Le plus gros défaut du jeu reste tout de même l’absence d’un new game + ce qui fait que tous les efforts fournis pour booster notre personnage à fond ne servira que contre le boss de fin. C’est très regrettable car visuellement toutes ces améliorations avaient de la gueule, la customisation permettait de vraiment créer notre chasseur ultime.
Playstation 2 oblige, pas de gigantesque monde ouvert mais une progression par niveau semi ouvert qui permettait plusieurs approches en grimpant sur les bâtiments pour tendre d’horribles embuscades à nos ennemis. Horribles parce que le jeu est hyper gore, vous allez démembrer, décapiter puis collectionner les crânes de vos victimes. Génial ! L’ambiance des films et le fan service étaient bien présents mais le manque d’ambition des développeurs (ou le manque de budget) a finalement empêché notre gueule de porte bonheur de devenir une licence phare du jeux vidéo. Quel dommage de ne laisser qu’un jeu qu’on adore mais qui ne restera pas dans les mémoires.
Jaws Unleashed (2006, Ps2, Xbox, PC)
Celui là par contre quand on y a joué, on n’est pas près de l’oublier ! Le jeu « les dents de la mer » je l’entends d’ici vous êtes en train de penser « mais quelle idée saugrenue ». Vous auriez sûrement raison si le but du jeu n’était pas complètement dingue. En effet comment ne pas être pris de court quand on découvre, passé la petite scène d’intro, que nous n’incarnons pas de gentils flics qui vont aller devoir affronter un requin gigantesque et sanguinaire mais… LE REQUIN GIGANTESQUE ET SANGUINAIRE !! Imaginez maintenant que celui-ci est secrètement un terroriste écolo-communiste déterminé à abattre le capitalisme à grand coups de mâchoires, en attaquant sans vergogne ni pitié toutes les installations que le pauvre maire d’Amity Island met en place pour enrichir sa commune. Mort au Sea World ! Mort à la plate forme pétrolière ! Mort au laboratoire d’expérimentation scientifique chelou du gouvernement ! Mort à la déchetterie sous marine ! Mort aux springbreakers qui viennent pourrir nos plages ! Vous ne vous arrêterez jamais !
Le scénario du jeu est complètement ouf mais ce n’est pas tout car les quêtes annexes sont toutes aussi jouissives : « et si on allait faire un tour dans ce concours de ski nautique ? » « Et si on cherchait jusqu’à combien de mètres on peut lancer des bidons de napalm sur des adolescents bourrés ? » « Et si on allait « sauver » Willy ? »
Quand on pense que ce sont les développeurs d’Ecco le dauphin qui nous ont pondu ce petit bijou de cruauté, ils devaient sacrément avoir envie de se défouler…
J’ai découvert son existence il y a maintenant une dizaine d’années, les images, les quelques vidéos sur la toile, l’hallu totale, il me le fallait ! J’ai dû acheter sur ebay une version américaine (le jeu est devenu quasiment introuvable) et j’ai du bidouiller ma console pour qu’il fonctionne, mais il en vaut tellement la chandelle ! Je n’ai jamais cessé de rallumer ma Ps2 pour y jouer ! De nos jours il suffit d’un émulateur et vous le trouverez sans problème. Si je vous dis ça, c’est pour vous encourager très vivement à l’essayer. Ce jeu, c’est ce moment dans Skyrim où vous sauvegardez juste avant de brûler tout le monde à Blancherive, ce moment dans GTA où vous pétez un boulon sauf que cette fois, pas de flics à l’infini pour tenter de vous arrêter, pas de peines de prison, personne ne pourra vous stopper. La gratuité de ce jeu est phénoménale, vous allez pouvoir expérimenter des choses d’une cruauté sans nom : « Tiens, il se passe quoi si je détache la jambe de ce baigneur au milieu de ces requins ? Oooooooooh, ils y ont pensé !! Ooooooooh, c’est immonde !! » Tout ça avec un sourire carnassier vissé sur le visage !
Dans ce tout petit monde ouvert les graphismes sont, en plus, pas trop dégueux (surtout votre requin qui impressionne par la qualité de ses animations) les ennemis et les animaux qui vous rencontrerez sont nombreux et variés et les possibilités d’animation sont considérables. Le requin a des attaques spéciales hyper dures à sortir qui servent pas à grand chose mais que vous passerez des heures à faire parce que le résultat est tellement nanardesque que vous allez pouffer devant votre écran.
S’il ne devait y avoir qu’un seul remake HD à faire ce serait celui-là.
Les jeux à licence, c’est un peu la loterie ou une boite de chocolat on ne sait jamais trop sur quoi on va tomber. S’ils sont réussis ils deviennent des souvenirs incroyables et des jeux qu’on va défendre jusqu’au sang malgré des bugs en pagaille, une IA à la ramasse et des scénarios pas forcément très inspirés. S’ils sont ratés par contre ils ne sont que des étrons sans âme ni originalité, de pâle copie de jeux qui ont marchés sur lesquels on a posé de force un titre sans se soucier du résultat. Mais ça ne tient qu’à peu de chose : les développeurs ont ils réussi à retranscrire une ambiance ? Sans ambiance des jeux comme Journey ou Shadow of the Colossus sont juste des mondes ouverts vides et morts. Pas besoin d’un gameplay ultra complexe pour faire un bon jeu.
Les jeux cités plus haut ont tous réussis ce pari d’avoir cette ambiance unique qui vous pousse à y rejouer ou à les finir à fond alors qu’ils trainent tous (à part Afro Samuraï) des casseroles énormes, des soucis majeurs qui les transformeraient tellement vite en jeu infréquentable. Bien sûr, il existe des jeux à licence qui sont des chef d’œuvres totaux, les Batman Arkham ou les merveilleuses adaptations des Disney des années 90 en sont les parfaits exemples. Mais il est important de garder l’esprit ouvert, ce n’est pas parce qu’un jeu est buggué ou qu’il porte le nom d’un film qu’il sera forcément mauvais, essayez toujours de trouver des démos et des let’s play sur Youtube, qui sont maintenant vos principaux alliés, pour déterminer si le jeu qui vous intéresse a une âme ou non. Faites vous votre propre opinion, ne vous censurez pas sous un prétexte fallacieux, on n’est jamais à l’abri d’une bonne surprise. Certains jeux à licence sont de vrais bijoux auxquels peu font attention, il serait vraiment dommage de s’en priver !