Le Bordeaux Geek Festival (BGF) 2016 : la culture geek partout, pour tous !
L’avis de Fly
Le week-end des 14, 15 et 16 mai derniers voyait le déroulement du Bordeaux Geek Festival (BGF) qui se tenait, comme les plus perspicaces d’entre vous l’auront deviné, à… Bordeaux. For your eyes only, vos dévoués Narfi et Fly furent au rendez-vous pour couvrir l’évènement, accréditation et bracelets-presse en main (ou plutôt au poignet).
Le calme avant la tempête…
Commençons par le commencement. À l’aube du premier jour, Dieu créa Damien Beigbeder. Et Damien Beigbeder fut. Mais la vie bucolique des premiers âges de ce monde ne seyait pas à cet ambitieux bâtisseur, geek dans l’âme, tourmenté qu’il était, du fond de sa lointaine Gironde, par l’absence d’évènement de grande ampleur près de chez lui. Certes, il existait le festival Animasia, consacré notamment aux cultures numériques asiatiques… Mais le conquérant en devenir, dans la lignée d’un César ou d’un Alexandre, souhaitait fédérer toutes les communautés geek au sein d’un moment unique ; se faire le chantre de la diversité de cet univers nébuleux, pluriel, parfois méprisé, souvent incompris, mais toujours surprenant…
C’est ainsi que, tirant l’épée unificatrice de son rocher, l’architecte de cette rencontre cosmopolite s’attela à sa tâche. Partant du principe que la culture geek devenait de plus en plus populaire, il misa ainsi sur la forme d’un festival le plus ouvert possible. Ouvert tout d’abord à toutes les sensibilités : tant aux geeks vétérans et revendiqués, venus sur place vivre pleinement leur passion grimés en personnages de fiction, qu’aux simples curieux venus se familiariser avec des œuvres incontournables et des phénomènes culturels modernes prenant de plus en plus d’ampleur. Ouvert également à toutes les générations ; par la diversité des animations proposées, le BGF s’adresse tant aux enfants grandissant à une époque où la culture geek constitue déjà un univers cohérent qui s’organise, qu’aux personnes plus âgées ayant été touchées auparavant par un élément qui va leur permettre, dans ce contexte, de découvrir le reste de cet univers. Ouvert enfin à toutes les passions regroupées aujourd’hui sous le qualificatif générique (ou réducteur et simpliste?…) de « geek ». Comprendre par là : tout. Absolument tout.
Vous êtes fan de cosplay ? Allez donc voir le défilé (encore qu’il n’y ait pas grand besoin d’y aller étant donné le nombre de visiteurs déguisés). Vous êtes plutôt intéressé par les applications techniques de votre passion? Voici à votre disposition divers stands, tenus par des professionnels de l’informatique: vente et essai de matériel hardware (dont le fameux oculus rift, ITSELF !) par CyberPC, conception de sculptures par imprimantes 3D au stand CapSciences… tout y est! Si vous êtes plutôt de fibre littéraire et avez besoin d’évasion, ou au contraire de mieux cerner l’élaboration narrative d’un récit se déroulant dans un univers de fiction (si vous êtes un lettreux technique, quoi !), pas de problème ! Vous n’avez qu’à assister aux nombreuses conférences tenues là encore par des spécialistes de métiers : entre autres, celle du scénariste Jean-Luc Sala à propos de l’Écriture mythologique, ou encore celle du traducteur et auteur Édouard Kloczko au sujet de Tolkien et son monde imaginaire et des langages elfiques, dont il animait deux master-class pour s’y initier le dimanche.
Le stand de CapSciences, et une des réalisations faite à partir des machines présentes
D’autres activités et évènements plus ludiques vous sont proposés, de manière généralement permanente, parfois ponctuelle. Pour les individus qui aiment se trémousser sur le dancefloor de leur village au son du biniou, et je ne vise personne, une piste de danse introduisait de manière brutalement visuelle le visiteur candide dans le hall principal. Pour ceux qui préféraient faire profiter (dans un élan de générosité parfois dispensable) de leurs prouesses vocales aux badauds assourdis, un karaoké pop 80’s-génériques de séries-variété japonaise faisait office de transition entre les deux halls d’exposition… qui a parlé de sas de décompression ??
Des espaces étaient également consacrés à la pratique de jeux de rôles et de sociétés, à l’image du stand de l’enseigne bordelaise Jeux Descartes. Vous êtes venus pour le 2.0 ? Il y avait aussi du O.2. Pour ceux qui souhaitaient se défouler en tapant allègrement sur leur prochain, l’association de la Mesnie du Blanc Castel proposait des initiations à l’escrime médiévale, avec différentes armes, comme la hallebarde, la dague, ou l’indétrônable épée. Non loin de là, et dans le même esprit, une autre association vous permettait de pratiquer le bowtag, sorte d’air soft à l’arc !
MARIO 3 ! SAINT LUIGI !
D’autres stands présentaient des collectifs ayant encore vocation à prendre de l’ampleur, et bénéficiant ainsi de la visibilité que leur conférait le festival. Citons la Zombie Walk de Bordeaux, l’équipe de la web-série Nordicks d’inspiration kaamelottienne, les nouveaux éditeurs français de l’écurie comics Valiant… Le BGF, c’était aussi l’occasion pour d’humbles reporters en herbes, que nous sommes, de rencontrer du monde et de se faire connaître ! En effet, l’équipe du BGF avait organisé spécialement une « Matinée des blogueurs », c’est à dire un évènement un peu en marge aménagé pour les gens souhaitant diffuser l’évènement. L’inscription à cet évènement menait à l’obtention d’un bracelet « presse » et tous les accès privilégiés qui vont avec ! Ainsi, des professionnels de quotidiens locaux (comme le journal Sud-Ouest) aux petits chroniqueurs-blogueurs hantant encore les rangs du lycée (j’aurais même plutôt dit du collège, pour certains, à moins que je ne devienne moi-même un trop vieux con), l’équipe des organisateurs, si elle n’en a pas annulé les traitements de faveurs inhérents à la profession, n’avait oublié personne pour autant. Ce qui est tout à fait appréciable et mérite d’être salué. Une diversité extrême donc, jusque dans le choix des personnes couvrant l’évènement.
Homo Sapiens Narfis, couvrant l’événement. La diversité à son paroxysme.
Cependant, la diversité, si elle ne représente définitivement pas un mal mais une force, a également ses limites. Aussi le seul point d’amélioration véritable que mon collaborateur, l’éminent Narfi, et moi-même avons dégagé au cours de ces heures passées à déambuler au milieu des Mario, Chewbacca et autres Deadpool, est le suivant. Formulé en toute humilité, notre conseil aux organisateurs serait donc de trouver pour les prochaines éditions un fil conducteur aux évènements, si mince soit-il, afin de mieux mettre en valeur non seulement la diversité des cultures geek mais aussi ce qui peut les rapprocher. Lors de son interview, l’organisateur, Damien Beigbeder, évoquait justement une sienne conception d’une culture geek devenue fort diffuse, tolérante, englobante, et par là-même incontournable. Autrement dit, un autre domaine dans lequel se cultiver, où puiser des ressources intelligentes et enrichissantes.
Cette dimension, des plus intéressantes, reste à l’heure d’aujourd’hui la moins évidente compte tenu de la forme actuelle du festival. À savoir, trois journées conséquentes, denses, proposant des activités très variées. Livret de programmation à l’appui, nous avons ainsi pu constater (pour ne pas dire subir) l’afflux de visiteurs pour certaines attractions des plus ponctuelles: au hasard, la rencontre avec des vidéastes et acteurs fameux (pour ne pas citer E-penser, LinkstheSun, E-pansu… euh Brice Fournier, alias Kadoc)… là où d’autres furent désertées au sens le plus littéral du terme, à la grande tristesse des intervenants sollicités, venus transmettre leur passion et présenter leur projet. Aussi pourrait-il s’avérer judicieux de capter l’attention des visiteurs de manière un poil plus suivie et cohérente, à travers un nombre plus grand d’évènements regroupés autour d’un même thème. Ce changement serait profitable, à notre humble sens, tant au festival (qui se renouvellerait ainsi de façon plus sûre) qu’aux visiteurs et aux intervenants. Pourquoi ne pas établir, par exemple, une partie du programme de manière fixe, et la répéter durant les trois jours ? Tout en préservant une diversité dans les stands et dans certaines attractions proposées, ce que l’équipe a déjà su mettre en œuvre de main de maître.
En résumé, le BGF représente un évènement original et important. Il dispose de moyens suffisants pour donner à voir l’étendue des cultures geek contemporaines, et faire vivre leur diversité aux visiteurs de tous âges et de toutes les sensibilités. Cette diversité peut néanmoins s’avérer problématique pour certains : octogénaires curieux égarés parmi tous ces imaginaires déchaînés, intervenants déprimés par la vacuité d’une salle de conférence, nombre diminué de visiteurs le troisième jour… Le BGF constitue cependant une étape incontournable et un pari réussi pour la vie culturelle geek française ; on y rit, on y apprend, on y découvre, on y rencontre… Pour les passionnés comme pour les curieux, à ne pas manquer donc !
L’avis de Narfi
Ah le Bordeaux Geek Festival. Le BGF comme disent les jeunes.
Accueillis dès l’entrée par des geeks sous MDA dansant face à un écran projetant du Just Dance, on sent tout de suite qu’on met les pieds dans un truc où on peut s’amuser sans complexe, et que les activités vont être diverses et variées. Et on ne s’y trompe pas !
En résumé le BGF est un grand petit événement : énormément d’exposants sont présents, qu’ils vous présentent leurs travaux et certains de leurs produits, comme CyberPC avec le matos informatique, proposant au passage un test de l’Oculus Rift (beaucoup moins ouf que ce à quoi je m’attendais) ; leurs objets de collections, comme les éditions Cote-a-cas et les membres de Pulp de Bordeaux ; leur business, et certains de leurs nouveaux produits comme les toutes nouvelles éditions Bliss Comics ; ou encore qu’ils soient simplement là pour vous tenter avec une réplique 1:1 de la Master Sword ou du nodachi de Trafalgar Law, un nombre impressionnant de boutiques goodies se trouvant sur le salon.
Également au menu, bon nombre d’artistes de qualité se trouvaient sur place, que ce soit des vidéastes (coucou Castor Mother, Jigmé, e-penser et Brice Fournier) ou bien des dessinateurs de Comics salement lourd (mais je fais confiance au docte Tyriel pour le coup, m’y connaissant moi-même très peu) comme Pere Perez.
Le plus plaisant à titre purement personnel, lorsqu’on se balade sur le salon, c’est de découvrir, quasiment en son centre, quelques expositions d’œuvres d’art ayant pour thème l’univers geek, que ce soient des tableaux réalisés à partir de collage, ou encore un Predator en métal de 2m. Et qu’on se le dise, le casque de Sauron taille réelle avec des ciselures plus fines que ma b*** au sortir d’un bain sur la banquise, ça envoie délicieusement du pâté.
– Juste un doigt ! – Vous ne voulez pas un casque HYPER classe d’abord ?…
Comme l’a souligné plus haut mon collègue, les conférences sont nombreuses et intéressantes, pointues, principalement tournées vers la culture et les sciences geek, sans oublier les inévitables rencontres avec les vidéastes présents, permettant de voir quelques inédits et de parler de leurs projets. Cette volonté de parler pointu et culture geek, qui se ressent même dans les vidéastes invités (il y a autant de vidéastes scientifiques qu’axés sur la culture ou purement humoristiques), est sans doute la volonté principale des organisateurs, comme nous l’a dit Damien Beigbeder. Pour lui, le festival se doit avant tout d’être justement, non pas une convention, mais bien un festival, axé sur une culture geek certes diverse et plurielle, mais qui fédère. Le BGF se veut ainsi très généraliste, avec des intervenants spécialistes dans leurs domaines respectifs. Le but avoué du festival selon M. Beigbeder, c’est avant tout pour les gens de se rencontrer autour de cette culture Geek, ajoutant que les prochains festivals se feraient dans la continuité, avec toujours bon nombre d’intervenants et de vidéastes tournés vers les sciences et la culture.
Il m’a fallu repasser trois fois devant pour comprendre que c’était un collage. Et mon esprit a implosé, comme on dit outre Atlantique.
Du point de vue de l’organisation justement, puisque je parle du grand manitou, on ne peut que saluer le sérieux de celle-ci. Un des bénévoles m’a ainsi confié qu’à part quelques légers problèmes qu’on peut toujours rencontrer avec certains visiteurs lourds du bulbe, le festival se déroulait sans grand problème, et qu’une fois la première journée et ses couacs de lancement passés, le programme suivait son cours paisiblement. Et effectivement, si je fus témoin le premier jour de quelques problèmes techniques bien sales (coucou au projecteur de la scène jeu vidéo qui refuse de marcher pendant plus d’une demi heure !), je n’ai plus constaté aucun incident du genre dans les jours qui ont suivi ce cafouillage bien dommageable.
Au passage, BIG UP aux nombreux bénévoles, véritables fourmis artisans du succès du festival à mon humble avis. Nombreux, ils sont tous très bien répartis dans les travées et sur les stands, où ils aident tant les visiteurs que les exposants.
Et on sait qu’une organisation est bonne quand les exposants eux-même la félicitent, tel un Brice Fournier adoubant le BGF d’un bon « L’organisation est super cool » à la fin d’une rencontre avec les fans. Et personnellement, j’ai tendance à croire sur parole un homme interprétant un sage qui sait reconnaître que le caca des pigeons c’est caca.
Enfin je ne peux, du coté des points positifs, que rajouter une couche sur la diversité des activités que l’on peut trouver à faire sur le salon, sortie des conférences, des dédicaces et des goodies ! Danser comme un déchaîné sur Just Dance, aller crafter quelques sculptures du côté de CapSciences grâce à leur découpage laser et autres imprimantes 3D, fragger ses potes tel le Legolas du XXIe siècle qu’on a toujours rêvé d’être via le Bowtag, s’enfuir d’une mystérieuse escape room ou encore se faire une bonne partie de Skögul ! Mais si, vous savez, le truc où vous êtes dans une boule de plastique avec juste les jambes qui dépassent et où vous foncez dans tout ce qui bouge !
Parmi les plus intéressantes , on peut citer la Delorean Experience, vous permettant de monter dans une réplique exacte de la fameuse Delorean à voyager dans le temps de Retour vers le Futur, fabriquée à la main (à partir d’une Delorean, quand même) par un passionné comme on aimerait en voir plus souvent, du genre à vous donner envie de revoir encore une fois son film fétiche dont il vante si bien les mérites !
La beauté de la chose s’allie à la beauté morale puisque une partie des revenus captés par la compagnie proposant ce petit bijou, sont reversés à la fondation Michael J. Fox ! Quand la passion extrême s’allie à la bonne cause, ça nous donne envie de casser quelques vertèbres lors d’un câlin troll !
NOM DE ZEUS !
J’avoue c’est l’pied !
Bon allez, à un moment donné, faut bien parler des choses qui fâchent, alors, qu’est ce qui n’allait pas dans ce festival ? Fly a déjà mentionné son point de vue plus haut, et en ayant fatalement discuté avec lui, je ne peux que le rejoindre sur le fait qu’il manque au festival un véritable fil rouge, liant les trois journées entre elles. Hormis ici l’E-sport peut-être, et quelques concours, rien n’encourage le visiteur à se procurer un pass 3 jours afin d’écumer le salon et ses conférences de long en large et en travers. On peut ainsi en étudiant convenablement le programme au préalable, se prendre un ticket pour seulement un jour ou deux, en prenant soin de sélectionner les conférences et animations qui nous aguichent le plus. La diversité extrême du salon qui est sa plus grande force avec son axe sur la culture, l’empêche d’obtenir un lien entre les trois jours d’exposition.
Excepté pour l’E-sport donc. Traitez moi de vieux con si vous voulez, mais bon, un match de foot, qu’il soit avec des joueurs de chair ou de pixel, ça m’emmerde à mourir. Une compétition de PES est donc loin de me satisfaire ! En revanche, pour ceux enthousiasmés par LOL, PES et autres jeux compétitifs comme CS : GO, le fil rouge est bien présent entre ces trois jours, la grande finale se déroulant le Lundi.
Autre défaut du festoche, mais cette fois ci bien plus mineur : un manque de poubelles sur le salon ! Eh oui. On ne sait pas trop pourquoi, mais trouver une poubelle se révélait être une quête épique niveau 100. Heureusement les geeks sont apparemment des gens propres, le sol de la convention étant loiiiin d’être un champ de détritus. Mais tout de même, l’an prochain, on veut des poubelles M. Beigbeder ! #onvautmieuxqueça.
Enfin, en parlant de lui, l’organisateur en chef a concédé que le BGF manquait peut-être de financement par sponsos, manque de financement qui pousserait les prix de l’entrée vers le haut pour les années à venir. Mais c’est aussi un objectif avoué de l’organisation de s’améliorer à ce niveau là, afin de soulager et stabiliser le prix du billet. Ouf !
Alors ce BGF ? C’était bien cool et on ne peut pas dire que les organisateurs n’ont pas réussi à créer ce qu’ils souhaitaient, c’est à dire un festival célébrant la culture Geek sous toutes ses formes diverses et variées, et un lieu de rencontres pour passionnés. Activités nombreuses, découvertes de produits allant du goodies affriolant à la carte-graphique monolithique, déambulation parmi des geeks de tous poils, on ressort du BGF avec le sentiment de s’être fait un bon petit kiff.
Il manque peut être encore un soupçon de jeu-ne-say-keoah comme disent les Rosbeefs, mais on n’est qu’à la deuxième édition de ce rendez-vous, qui continue de rouler sur les bons rails, en ne grandissant pas trop vite mais en se développant de belle façon ! Vivement l’année prochaine !