PlanetBase : De moins en moins seul sur Mars
Dans PlanetBase, comme son nom l’indique presque, vous construisez votre colonie sur des planètes plus ou moins hostiles (la première étant clairement d’inspiration martienne), selon le principe ultra-classique des jeux de type Pharaon ou Le Maître de l’Olympe : vous indiquez l’emplacement de chaque bâtiment, et ce sont vos habitants (incontrôlables individuellement) qui vont y apporter les matériaux et procéder à l’assemblage. Environnement inhospitalier oblige, en plus des structures extérieures, le cœur de la base est constitué de bulles pressurisées et reliées entre elles. A vous de vous assurer qu’elles sont correctement approvisionnées en eau, oxygène et électricité.
Le péril rouge
Premier constat : c’est plutôt beau, pas grandiose ni spécialement varié, mais agréable et précis, et dans un style « futur proche » bien dans l’air du temps avec la sortie de Seul sur Mars et autres.
Deuxième constat : contrairement à la plupart des autres jeux de ce genre où une bonne épidémie ou même une pénurie généralisée de bouffe seront certes un grand coup de frein mais rien de vraiment irrattrapable, ici un grain de sable dans la machinerie et vous êtes cuit. Vous avez intérêt à toujours avoir un coup d’avance, et au début les coups d’avance sont aussi peu prévisibles que toutes les manières de mourir bêtement. Vous allez donc mourir.
Exemple : Lors de ma première partie, j’ai sous-estimé la production nécessaire de pièces détachées. Résultat, éolienne qui rouille et baisse un peu en efficacité, mini black-out sur un générateur d’oxygène, passage sous le seuil d’inconfort dans un dortoir, tout le monde se réveille même ceux encore crevés, la qualité de vie baisse, la production de nourriture en prend un coup, cercle vicieux, et à la fin tout le monde meurt. Lentement. Genre même quand c’est clair que la partie est foutue, il vous restera dix minutes d’observation morbide de vos colons s’effondrant l’un après l’autre. Tout ça pour finir par un message quelque peu… austère.
Au moins un truc pour amoindrir votre tourment, c’est que vous avez trois douzaines de sauvegardes à votre disposition. Vous pouvez donc revenir aussi loin en arrière que vous le souhaitez mais… convenons-en, revenir en arrière, c’est chiant. Alors quand l’erreur qui aurait pu être évitée s’avère avoir été commise plus de dix minutes avant, on est en droit de se sentir frustré.
Le péril démographique
Une parenthèse sur les colons : Dès que vous aurez construit le minimum vital, votre colonie commencera à attirer des gens. Au début vous êtes impatient, vos sept pékins de départ ont besoin de bras. Mais il y aura un moment où ils arriveront trop vite et votre développement ressemblera un peu à une course contre la surpopulation.
L’avantage des migrations interplanétaires, c’est qu’il n’y a pas besoin de barbelés pour les retenir, il suffit de désactiver le spatioport (par contre ça supprime aussi le commerce hein, on peut pas tout avoir). Et en plus vous pouvez pratiquer l’immigration sélective sans vergogne, en ajustant les pourcentages de colons souhaités pour chacun des métiers possibles. Sombre avenir que celui de la race humaine.
Bref, une fois que vous aurez équilibré production et consommation, géré l’afflux de migrants, et commencé à sérieusement étendre votre base, il vous restera… ben en fait pas tellement de trucs à faire, et c’est l’inconvénient principal de ce gros bac à sable. Les mécanismes de base s’apprennent plutôt facilement, et par la suite, étendre beaucoup sa base pose certes des défis logistiques, mais pour résoudre ces défis, on n’est quand même pas beaucoup assisté. La partie se résume à faire serpenter sa base entre les collines, puisqu’on ne peut construire qu’en plaine, et à ce propos une autre parenthèse s’impose.
On s’attendrait à voir les cheminées fumer.
Ma première partie vraiment sérieuse, où j’ai vraiment commencé à maîtriser ce que je faisais, est arrivée à une fin prématurée quand, alors que j’atteignais les 150 colons (l’objectif « ultime » proposé par le jeu est de 300 colons, mais après on peut pousser le défi bien au-delà si on en a la patience), je me suis aperçu que le relief généré procéduralement m’avait tout simplement enfermé. J’avais atteint la limite possible d’expansion de ma base, incapable que j’étais de franchir la moindre malheureuse colline, et obligé de contempler un terrain vierge dix fois supérieur à celui que j’occupais. Une erreur dommageable de la part du développement, qu’on peut espérer bientôt corrigée, mais qui fait tache.
De toute manière, il m’était déjà apparu que la suite allait sans doute devenir quelque peu routinière. Une fois qu’on sait gérer et repérer les signaux d’alerte, on augmente petit à petit, en construisant les mêmes bâtiments toujours plus loin puisqu’ils doivent toujours être reliés. On n’a pas le plaisir, comme dans d’autres jeux de ce type, de décider de construire d’un coup un nouveau quartier plus loin sur la carte, en planifiant tous les bâtiments d’un coup et s’assurant de sa viabilité avant même la pose de la première brique de bioplastique. Par ailleurs, la « merveille » (ci-contre) est un clin d’œil sympa mais rapidement lassant à répliquer à l’infini.
PlanetBase est un jeu intéressant, bien pensé, mais quelque peu limité si vous vous attendez à passer des dizaines d’heures de jeu à fignoler votre base, faire face à des menaces variées, remplir des objectifs et construire des bâtiments de plus en plus gros. Des choses qu’on espérerait de la part de ce type de jeu, et que je me permets de continuer à espérer pour des mises à jour prochaines, voire carrément pour un « PlanetBase 2 » qui mettrait tout ce potentiel à profit.
Il faut en effet remarquer que ce jeu est produit en indé par une toute petite boîte, MadrugaWorks, constituée d’un seul développeur et quelques graphistes (expérimentés certes), ce qui en ferait plutôt une performance pour un effectif aussi réduit. On peut donc en espérer mieux sans trop de naïveté, car même si par les temps qui courent la lutte pour la survie est rude pour les petites boîtes de ce genre, PlanetBase constitue sans nul doute un premier pas solide vers de bonnes choses.
J’ai maintenant une petite vingtaine d’heure sur le jeu et je suis totalement d’accord avec l’analyse d’Osgy. Planetbase est un jeu qui ne tolère pas l’erreur tout en étant en même temps assez calme et posé pour qu’on puisse (grâce aux nombreuses sauvegardes) retenter sa chance avec sa base sans être complètement dégouté par parfois l’hostilité de ces planètes que l’on est censé coloniser. Effectivement les premières parties sont très très difficiles, le temps de comprendre le rôle de chaque ressource et de chaque membre d’équipage mais on est assisté par une aide extrêmement bien faite (et entièrement traduite en français) que je consulte encore régulièrement ainsi qu’un tutoriel qui donne les bases du jeu mais qui laisse beaucoup de place à la découverte (et donc aux game-overs).
Pour les personnes qui voudraient se lancer voilà quelques conseils:
_ Vos colons n’aiment pas aller loin (l’ia peut se montrer très très têtue vis à vis de ça) aussi collez autant que possible vos bâtiments.
_ Les robots sont vos amis, eux ne se fatiguent jamais (mais ils cassent), sont toujours contents de sortir de la base etc… bref une fois que votre base tient à peu près la route, faites des robots, vos ouvriers ne se blesseront plus à la mine et vous pourrez étendre vos champs d’éoliennes aussi loin que vous voudrez. Attention par contre, la construction d’un robot prend énormément de temps et de ressources donc soyez sûr de vos capacités de production avant de vous lancer.
_ Quand vous commercez avec les marchands ne donnez pas tout ce que vous possédez (je sais ça semble idiot comme conseil, mais on a rapidement l’impression que c’est bon on est bien et qu’on peut se passer de ces 20 pièces détachées surtout qu’on gagne masse au change) anticipez toujours un coup dur, les météorites qui tombent c’est pas du décor, elles peuvent tomber n’importe où y compris sur vos colons et vos bâtiments.
_ Jetez toujours un œil à l’état de votre réseau, vous verrez rapidement qu’en pleine journée vous produisez bien plus d’énergie que vous en consommez, ne laissez pas gâcher tout ça, stockez tout ce que vous pouvez: accumulateur d’énergie, citerne d’eau, entrepôts n’hésitez pas à en avoir beaucoup, le stockage de toutes vos ressources est la clé du succès !
_ Et enfin n’ayez pas les œils plus gros que le ventre, ne construisez un gros bâtiment que si vous êtes certains de pouvoir l’entretenir sur la durée, j’ai perdu une partie juste en construisant un bâtiment trop gros par rapport à ma production condamnant ma base entière à la famine, c’était un bio-dôme, un bâtiment qui produit de la nourriture…
Voilà en espérant que cela vous aide à vous installer sur un jeu qui vaut vraiment la peine qu’on se penche dessus, calme, joli comme tout et avec juste assez de challenge pour vous retenir de longues heures (même si le long terme offre moins de possibilité que ce que vous pourrez trouver chez la concurrence). Une expérience relaxante pour tous ceux qui ont la tête dans les étoiles.