Orange, et si vous aviez une deuxième chance ?

 

 

Ichigo Takano… Cela vous dit quelque chose ? Vous avez sûrement découvert cette mangaka de talent avec sa série emblématique « Dreaming Sun ». Toutefois ce nom paraît lointain et cela fait un moment que ses histoires manquent au lectorat français avide de découvrir une nouveauté de sa part. C’est pourquoi à l’annonce d’Orange aux Éditions Akata, les fans de manga se sont montrés très enthousiastes ! Sur leur stand des 15 ans de Japan Expo, l’évocation de cette série revenait sans cesse.

 

Les Trolls que nous sommes ne pouvaient décemment pas passer à côté.

 

 

Synopsis

 

Le jour de la cérémonie de rentrée des classes, Naho reçoit une lettre… envoyée par son « moi du futur » ! Est-ce une mauvaise plaisanterie ? La missive la met en garde contre tous les incidents fâcheux qui vont arriver dans les prochains mois. La jeune femme en devenir y explique la façon de réagir afin qu’elle puisse corriger le futur et empêcher une vie lourde de regrets… Tout cela semble bien difficile à croire. Pourtant, tous les évènements décrits arrivent les uns après les autres, à commencer par l’arrivée de Takeru, le nouvel élève de la classe. Naho va-t-elle céder à la peur, laisser son manque d’assurance la rendre malheureuse ou avoir le courage de prendre en main son destin ?

 

 

 

 

« Vivre sans regret, ce n’est pas si simple que ça. Même si je connais l’avenir…

c’est tout de même à moi de choisir et d’agir. »

Naho, Orange, volume 1, lettre 4.

 

Naho est une jeune fille douce, attentionnée, toujours en train de penser aux autres. Son caractère très réservé la rend tellement effacée qu’elle ne s’autorise pas à suivre ses envies et ses désirs.
Lorsqu’elle découvre la lettre écrite par elle-même dix ans plus tard, toutes ses croyances et les interdits qu’elle s’impose vont se retrouver bousculés. Les conseils de son moi futuriste vont la stimuler et éveiller une volonté de changement en elle. Le lecteur assiste donc avec plaisir à l’épanouissement du personnage principal, auquel on ne peut que s’attacher. Au fil des pages, la jeune fille qui apparaissait comme lâche va découvrir en elle plus de courage qu’elle ne le soupçonnait.

 

On pourrait croire en apparence que ce titre n’est qu’un énième manga « High School » pour adolescentes fleur bleue avec une petite touche de science-fiction pour l’originalité, mais si ce préjugé est en train de vous assaillir, éliminez-le de suite ! Orange est un manga beaucoup plus profond qu’il n’y paraît.

Il arrive à mêler deux aspects paradoxaux avec brio : d’un côté, nous avons un groupe d’amis qui vivent les histoires classiques de lycéens de leur âge, avec leurs parts d’amour, d’amitié, de légèreté, et d’un autre côté, Orange montre avec une réalité frappante les souffrances que rencontrent les jeunes. L’adolescent n’est pas qu’un jeune ignorant et insouciant, pour certains c’est un âge difficile à traverser, avec sa part d’ombre, de souffrance, d’inquiétudes et d’incertitude. Ce manga traite donc de sujets difficiles et graves, tels que la mort ou le suicide. Il permet aussi de se poser des questions pertinentes, comme « Comment soutenir ceux qu’on aime dans la souffrance ? ».

Avec cette dualité habilement menée dans le scénario, il est plaisant de voir un manga qui peut rassembler des lecteurs autant féminins que masculins, qui nous touche quelque soit notre âge.

 

 

 

« Si seulement j’avais pu faire ça à ce moment-là. En général… C’est ce qu’on se dit quand on repense à ses erreurs du passé. Avec le temps et le recul, ça paraît si facile. Mais dans la réalité de l’instant présent, ce n’est pas si facile. »

Naho, Orange, volume 1, lettre 4.

 

Le manga est écrit à la manière d’une correspondance et on y jongle entre présent et futur, avec des pages ponctuées de flashbacks qui informent le lecteur sur les raisons de la lettre. Ces crossovers et ces discussions sur l’avenir ne sont pas sans rappeler le manga Nana : de façon similaire, Naho et son « moi du futur » discutent de manière interposée, entre missive et pensée, comme Hachi et Nana.

 

On retrouve dans Orange des problématiques telles que la peur face à l’avenir, ou encore la volonté d’effacer les regrets ; chaque être humain, à un moment de sa vie, a eu affaire à ces difficultés. Et si vous aviez une deuxième chance, la chance de pouvoir corriger le fil de votre destin, la saisiriez-vous ? Les personnages ne nous sont que plus attachants car on se pose ou s’est déjà posé les mêmes questions.
La lettre du futur est une façon comme une autre pour amplifier et rendre visibles ces problèmes.

Connaître les événements à l’avance suffit-il à réussir à les tourner selon nos souhaits ? Au-delà de la prédiction, ce manga nous encourage à suivre nos envies, à ne pas avoir peur. On ne peut modifier le cours des choses par simple volonté de le faire, il faut aussi s’en donner les moyens et tout faire pour que cela se concrétise.

 

 

« Le jus d’orange… Il était sucré et acide à la fois.

Son goût était amer, comme le chagrin… »

Naho, Orange, volume 1, lettre 3.

 

Les dessins de Ichigo Takano sont très doux, suaves, car ce qui compte dans leurs traits, ce n’est pas la volonté de réalisme, mais celle de dégager des émotions.
La mangaka y réussit avec beaucoup de poésie et d’élégance.

 

Du réalisme, Ichigo Takano en veut tout de même, elle tient à représenter les lieux, les traditions locales de façon précise. C’est donc avec délectation que l’on se plonge dans l’univers d’une ville japonaise comme si on y était. L’auteur s’exprime à ce propos : « L’histoire se déroule dans la ville de Matsumoto qui se trouve dans la préfecture de Nagano. C’est une grande ville située en pleine nature, où il fait très bon vivre. »

 

Orange fait le pari risqué mais réussi d’associer des thèmes très différents. Entre poésie de la vie quotidienne et science-fiction, entre légèreté de l’adolescence et souffrance, on se laisse porter avec délicatesse par ce groupe de jeunes. Akata présente avec ce titre un manga d’actualité, humain, émouvant, qui fait tant besoin à notre époque.

 

Le manga est disponible dès aujourd’hui, le jeudi 9 octobre, en librairie. Pour ceux qui voudraient avoir un petit aperçu avant de l’acheter, vous pouvez lire le premier chapitre sur la plate-forme de lecture en ligne des Éditions Akata : AKAZOOM.

Merci de m’acclamer pour ce cadeau.

 

 Article écrit par Marichka Besse