Le Rock’n’Troll de Lazylumps : FIDLAR et les Black Lips
Si y’en a un qui me sort : « Nirvana, groupe de prépubères, puis bon à part eux, y’a rien quoi ». Je le claque. Si un autre me sort « le grunge ? C’est de la merde, ils font que crier » alors je ne répondrai plus de rien.
Que l’on soit fixé !
Bien, chers élèves, après ce petit avertissement je vais donc pouvoir vous ouvrir les portes du merveilleux monde de la musique des jeunes sans cervelle mais avec un talent tellement incroyable que vous en laisserez tomber vos préjugés -et vos bras par la même occasion. S’en suivra peut être, une poussée capillaire, un penchant pour le surf et le skate, la drogue, la bière et les pogos.
« I feel, feel like getting drunk,
I feel, feel like fucking up my life
again with all my friends,
I hope we’ll make it til the end »
« No waves » de FIDLAR.
Alors le grunge, il est vrai, est apparu avec les cheveux longs et gras de la génération 90’s et s’est incarné en la figure de Cobain (Kurt de son prénom si quelqu’un est encore ignorant), petit nabot braillard mais sacrément doué pour un Amerloc camé à l’héroïne. Certes. Il est convenu aussi de rappeler que Dave Grohl, batteur de l’époque, est devenu Ultra Star avec les Foo Fighters ces dernières années… Mais pour moi le grunge s’est transformé. Les vieilles figures tutélaires de ce style ne sont que des reliquats posthumes. Le grunge s’est réincarné, oh que oui ma p’tite dame. Le son est toujours crado, les cheveux un peu plus cours, mais l’énergie, la fougue « je m’en foutiste » est restée. Et puis… « son crado », j’exagère sacrément. Les grattes sont accordées cette fois-ci, elle grésillent beaucoup en effet, mais bordel, quel son ! La musicalité pop/rock/punk est plus que présente, les riffs sont furibards, restent scotchés à vos tympans et collent à votre mémoire pendant des plombes.
Bref, c’est le pied – en Converse, bien évidemment.
Aller titiller ses oreilles avec des groupes comme les Black Lips ou les FIDLAR c’est comme se prendre un grand coup de guitare dans la tronche avec en prime, les effluves de la Marie Jeanne qui accompagneront le geste rageur. « Quoi-qu’est-ce-donc-que-ces-groupes-dis-moi-gentil-Lazylumps ? » Vas-tu sûrement demander, interloqué par la présente approche de ton serviteur. Et bien le jeune, je m’en vais t’expliquer ça. Prépare-toi à secouer ta tête d’ici peu et à fredonner des nanana entêtants pendant des semaines -c’est ce qu’on appelle le « nanana post traumatique » après une collision brutale avec le bon goût.
Quoi ? J’en fais trop ? « Nevermind » dirait l’autre.
The Black Lips
Groupe de dégénérés d’Atlanta en Géorgie (USA) formé en 1999 (année où Lou Bega avec son tube débile Mambo, et Larousso tutoyaient les sphères du hit machine français… Triste pays) sûrement autour d’une bonne douzaine de packs de bière et sous LSD. La particularité de ces quatre larrons, c’est que ce sont des acharnés. Ils vivent pour la musique. Enchaînent 12 concerts en 3 jours. Se farcissent des milliers de bornes pour aller jouer à Tijuana, en Palestine, jusqu’en Inde, en faisant même un détour par la France et en échouant au P’tit Jourdan -Limoges city, the place to be. Leur son est à la foi psychédélique, rock à souhait, punk, pop... un bon melting pot pour vos oreilles. Leurs lives virent en émeute. Les refrains, malins, sont plus qu’addictifs et leur virtuosité indé est indéniable. Bref, ils déchirent tout.
Encore un doute ? Allez checker sur internet.
Et dites m’en des nouvelles.
D’ailleurs, leur prochain album sort le 18 mars. Et il sera bon. Vrai de vrai.
Des déchets ce qu’il y a de plus authentique
FIDLAR
Comment peut-on encore faire des mélodies, des riffs, aussi puissants et classieux avec quatre accords ? Comment une telle rage avec des paroles aussi simplistes ?
FIDLAR vous répond en laissant trainer son accent américain (encore eux ?!) avec des relents d’alcool et un arrière goût de tabac cannabisé : All I want to do is rage and never sleep /I’d rather get laid than count sheep /[…] I woke up cause lifes a risk/ I don’t give a fuck.
Traduction : « Tout ce que je veux c’est m’enrager et ne jamais dormir, je préfère me faire baiser que de compter les moutons. Alors je me lève parce que la vie est un risque. J’en ai juste rien à foutre. » Rien à rajouter. Moyenne d’âge 25 ans. Crâmés par le soleil Californien, ces quatre cavaliers de l’apocalypse néo-grunge sèment les pépites sonores comme le Petit Poucet les miettes de pain.
California style
FIDLAR est une comète qui enflamme le ciel musical.
Un album à leur actif (seulement!), plus quelques dizaines de chansons éparpillées sur le net. Des concerts qui s’accumulent et qui, à l’instar des Black lips, finissent en nawak chaotique, en joyeux foutoir, exutoire d’une jeunesse qui a besoin de vraie musique, celle qui fait encore lâcher prise et sauter comme un demeuré.
Ces mecs sont des très très bons, il n’y a aucun doute possible. Prions pour qu’ils ne se carbonisent pas en vol -apparemment le chanteur a arrêté la méthamphétamine et l’héroïne, ouf, on est sauvé-.
Donc je le clame haut et fort, le grunge n’est pas mort. Il a su renaître de ses cendres encore bouillantes et prendre une forme classieuse bien que toujours complétement à coté de ses pompes.
La musique est toujours là, le message est le même. Celui d’une jeunesse un peu désemparée qui n’a rien à perdre, et qui n’en a rien, mais alors vraiment rien à foutre.
« Well you gotta understand
We only do these things because all we are is
Bad kids all my friends are bad kids
Product of no dad kids
Kids like you and me. »
« Bad Kid » des Black lips