[Re-play] Brothers – A Tale of Two Sons, balade au pays de l’arbre magique
Il était une fois, au pays des jeux-vidéos, un petit studio suédois nommé Starbreeze Studios… Un nom peu connu face à ces éternels éditeurs géants que sont EA ou Ubisoft mais qui grandit depuis maintenant vingt ans, à raison d’un titre tous les deux ou trois ans. Un studio dont je n’avais personnellement jamais entendu parler avant l’été dernier.
Août 2013. Soudain parait Brothers – A Tale of Two Sons (que mon clavier, adepte du moindre effort, propose de surnommer simplement Brothers), d’abord en exclusivité Xbox puis, un mois plus tard, sur Windows et PlayStation. Reviews et compliments commencent à pleuvoir sur ce jeu modeste qui se voit qualifié par IGN comme l’un des meilleurs jeux de 2013.
Le trailer officiel du 7 août 2014, histoire de vous mettre en appétit…
Et qui à l’époque a du frustrer en beauté les joueurs dépourvus de Xbox !
Prom’nons nous dans les bois, pour essayer d’sauver Papa…
Brothers c’est donc l’histoire de… – roulement de tambours, dégainez wordreference – deux frères ! Deux frères dont les parents ont fait preuve d’une imagination hors limites en les prénommant respectivement Naia (pour l’aîné) et Naiee (pour le cadet). Le jeu s’ouvre sur la cinématique de décès de leur mère, emportée par les flots, dont se souvient le plus jeune et que vient interrompre le second : leur père, gravement malade, doit être soigné de toute urgence. Et si la première étape, très brève, ne vous mène que chez le sage du village, à terme c’est au loin que partent nos deux frangins pour trouver un arbre magique dont la sève est un remède universel. C’est du moins ce que l’on comprendra des gesticulations des personnages qui s’expriment dans un langage qui n’est pas sans rappeler le simlish (et me tape tout autant sur le système). Néanmoins, une fois accoutumée à cette langue étrange, force m’est de reconnaître le brio des développeurs qui rendent parfaitement les sentiments et directions de leur histoire en n’utilisant qu’expressions faciales, mouvements et intonations de la voix.
Nous voilà donc partis en quête du bout du monde avec nos deux héros, main dans la main pour surmonter épreuves et difficultés. Si l’idée peut sembler gentillette, la réalisation en est très bien maitrisée. Nous contrôlons les deux frères simultanément, avec joysticks pour les adeptes de la manette, l’un aux flèches et l’autre aux touches directionnelles pour les fans du clavier. A noter d’ailleurs un défaut certain sur ce point et fatal aux impatients : les contrôles ne peuvent se modifier que dans le launcher du jeu. Avis donc aux joueurs pressés d’étrenner leur nouvelle acquisition : pensez à modifier la configuration initiale de l’aîné en WASD, il vous sera impossible de le faire depuis les options par la suite (comment ça, ça sent l’histoire vécue ?). Mais en dehors de cette lacune, le gameplay est très agréable. Passées les cinq premières minutes qui laissent un peu perplexe (mais comment les coordonner ? Question à laquelle vous ne trouverez certainement pas de réponse si comme moi vous vous obstinez à considérer que le personnage à gauche sur l’écran évoluera avec les contrôles sur la gauche du clavier. Auquel cas il est probable que nos deux héros fonceront régulièrement dans un mur !). Facile à prendre en main donc, qui se base sur la coopération. Quand l’un des frères se trouve bloqué, c’est l’autre qui intervient pour permettre son passage, et inversement. Les énigmes s’enchaînent ainsi, relativement similaires et néanmoins renouvelées tout au long. Et surtout, qualité à mes yeux, l’action n’est pas basée sur la précipitation. Vous vaincrez tout aussi bien les boss en restant immobile une minute à réfléchir à la meilleure stratégie qu’en fonçant dans le tas, mode berserk enragé. Ce qui n’empêche pas d’autres passages de faire appel à votre réactivité.
Au pays des ambiances, les graphismes sont rois.
Et quels graphismes ! C’est sans aucun doute la première chose qui a attiré mon attention sur ce jeu et ça en valait amplement la peine. Finesse des détails, jeux de lumière, eaux limpides… Un enchantement pour les yeux qui se décline dans des paysages totalement différents, d’une campagne automnale à un glacier en passant par de hauts paysages de montagne… Nous avançons tranquillement, attentifs à ce qui nous entoure et tiens ! un banc pour aller admirer tout ça ! (Faites coucou à l’ego des designers qui posent des lieux dans le seul but de donner un meilleur aperçu de leur travail ! Mais ici, comme dans Guild Wars 2, je leur concède ce droit pour le travail magnifique effectué).
Tu la vois la limpidité de cette eau, nom d’un petit troll à lunettes ?
Et pourtant n’allons pas crier au conte de fées, certains décors sont bien plus sombres, plus inquiétants, soutenus par une musique qui quitte enfin les aigus. A noter d’ailleurs à ce propos l’étrange performance des compositeurs qui nous livrent une musique aux chants aigus vite épuisante à écouter indépendamment mais se marie parfaitement avec le jeu pour achever de poser l’ambiance. Et puis, il y a aussi des extrais à tomber…
L’une des plus belles musiques de jeux que j’ai entendu, c’est à regretter qu’elle soit si courte !
Brothers – A Tale of Two Sons est de ces petits jeux indépendants sans prétention que je qualifierai de « pépites ». Pas d’ambition démesurée derrière ce titre à la progression linéaire mais un gameplay agréable, servi par des paysages magnifiques qui vous emportent pour cinq heures d’émotion. Parce que malgré ses petits défauts, ce jeu est un concentré d’émotion qui entraîne dans le rêve, le rire et les larmes. Bref, un voyage à effectuer sans hésitation !