Ant-Man, ou comment la magie Marvel opère encore
En ces temps où l’industrie américaine du cinéma abreuve allègrement nos imaginations déjà bouffies et repues de super héros toujours plus nombreux, il est vrai que Ant-man s’annonçait comme un OVNI. En bon journalistes web que nous sommes, finalement, nous avons volé la vedette à Bolchegeek pour chroniquer ce dernier Marvel nouveau-né au développement chaotique et à la street credibility discutable aux premiers abords. Nemarth et Pétrocore me prirent donc sous leurs bras pour m’amener voir la bête !
Pour être honnête, je n’attendais rien de ce Marvel. Quand mes compères m’informèrent de leur envie d’aller dans les salles obscures il est vrai que le premier argument qui me convainquit fut la climatisation. Je me glissais donc dans mon siège, savourant la fraîcheur de la salle, m’attendant à visionner un film de super héros dont je ne connaissais ni l’histoire, ni l’acteur, ni même le profil du héros. Je savais simplement que c’était un mec qui chevauchait des fourmis, et ça me faisait pas franchement rêver… deux heures plus tard, force est de constater que j’avais passé un putain de bon moment. Et je ne fus pas le seul.
C’est pourquoi cet article est écrit à plusieurs mains, car Ant-Man a fait l’unanimité au Cri !
Un développement chaotique, qui fleurait bon le bide… ou pas.
Initialement, le projet fut porté pendant 8 ans avec acharnement par le génial Edgar Wright responsable du tout aussi génial Scott Pilgrim. La date de sortie fut moult fois repoussée, le scénar mainte fois réécrit pour coller avec l’univers étendu de la machine Marvel qui pondait et pond toujours films sur films, frénétiquement. Edgar Wright quitta finalement l’aventure après des différends avec la production et il fallut alors retrouver un nouveau réal… et réécrire encore le scénario. Trois nouveaux scénaristes s’y collèrent et remodelèrent le script de base. Gabriel Ferrari, Andrew Barrer et Adam McKay que l’on connait notamment pour Very bad Cops se lancèrent et invitèrent même Paul Rudd, l’acteur principal et geek à ses heures, à participer. Le résultat aurait pu être embarrassant, le film aurait pu tomber dans le nanar total. Il n’en fut rien. À croire que tout ce petit monde à su sublimer le projet et construire Ant-Man en apportant chacun sa pierre à l’édifice. Et ça c’est bô.
Chérie, j’ai rétréci le héros
Ant-Man c’est l’histoire de Scott Lang joué à l’écran par le très bon Paul Rudd qui incarne à la perfection ce loser magnifique qui se sublime quand il s’agit de faire rêver sa petite fille. Lâche, boulet, mais courageux et vaillant, ce voleur émérite tout juste sorti de taule se retrouve « embauché » malgré lui par le vieillissant Hank Pym, industriel désargenté et surtout créateur et détenteur d’un costume unique et secret permettant à son porteur de se rétrécir tout en gardant une force considérable. Ce premier Ant-Man cherche un successeur digne de ce nom pour enfiler le costume et arrêter son premier disciple Daren Cross, devenu le principal actionnaire de la société Pym Tech créé par Hank et désireux de commercialiser les recherches de ce dernier tant prisées par des organisations comme la redoutable et fameuse HYDRA. Bref un scénar assez simple, mais bon sang, c’est aussi agréable de retourner un peu sur terre et de retrouver des héros lancés dans des missions moins rocambolesques que les Avengers qui « sont sûrement occupés à faire tomber une autre ville du ciel » comme le stipulera très justement avec humour un Hank Pym sceptique.
Quant au héros justement parlons-en. Scott Lang est bien plus attachant que la plupart des super-héros à la Marvel pour la simple et bonne raison qu’il est « plus comme tout le monde ». Il n’est pas le fils d’un dieu, il n’est pas multi-milliardaire, il n’est pas un agent sur-entraîné mais simplement un père de famille qui, pétri de bonnes valeurs, a fait de mauvais choix et a fait un tour par la case prison. S’il finit par prendre toute la mesure des responsabilités qui lui incombent (mais aussi qui lui décombent), Scott Lang s’engage avant tout dans cette aventure pour réunir assez d’argent et ainsi revoir sa fille dont la garde lui a été totalement retirée. On notera d’ailleurs en début de film un petit commencement de réflexion sur la difficulté pour les anciens taulards de retrouver du travail et donc une forme de rédemption, ce qui finit par les mener de nouveau sur la voie du crime. Et ça, ça fait plaisir.
Ce qui nous a particulièrement marqué avec Ant Man, à part l’aspect graphique hallucinant (nous y reviendrons) c’est surtout le soin apporté aux détails. Et notamment les personnages secondaires qui font tenir le film debout et garantissent aux spectateurs que nous sommes de putains de fous rire. Il arrive que ce genre de personnage ne soit en fait qu’une usine à blagues pas drôles qui sert simplement de faire-valoir à notre héros étincelant. Et là pour le coup, ce n’est pas le cas : bon déjà le héros n’est pas étincelant, mais surtout les personnages secondaires ont des capacités bien spécifiques, nécessaires à l’avance de l’intrigue (le hacker et le chauffeur) ou des traits de caractère qui les rendent de suite attachants (le pote latino de Scott Lang, qui se paie le luxe d’être juste hilarant)
Les personnages principaux ne sont pas en reste, ça joue franchement bien, le tout est emmené par Paul Rudd, brillant. C’est pas compliqué, dans le film, Paul Rudd EST Scott Lang. Il est drôle, il est touchant, il n’en fait pas des caisses. Ça me fait super plaisir de voir que ce mec qui a débuté dans les comédies estampillées Judd Apatow et Will Ferrell se voit proposer des rôles plus différents et plus importants, à la mesure de son talent. Et en plus il a juste l’une des plus belles gueules du cinéma contemporain, il faut bien l’avouer mesdames et messieurs (et oui, je dis aussi « messieurs », je suis pas hétéro-normé moi. Pétrocore, chroniqueur engagé)
Les effets spéciaux sont à se décrocher la mâchoire et nous envoient dans un vrai univers visuel cohérent, on y croit à mort. On reste saisis par la maîtrise à la perfection du jeu des échelles pour garantir un rythme et aussi démontrer toute la puissance à dimension microscopique, et tout le ridicule à échelle réelle. C’est fin, c’est malin, c’est drôle à l’image de ce formidable combat sur le plateau de jeu de la gamine de Scott Lang. On notera aussi une certaine inventivité pour les bastons contre des adversaires à l’échelle « normale », où Ant-Man rétrécit et grandit à l’envie sans pour autant que la visibilité n’en soit affectée. Chapeau l’artiste (enfin les artistes plutôt, puisqu’ils étaient plusieurs à l’écrire).
Dans le genre trouvaille graphique sympa <SPOILER ! Attention SPOILER !> on pourra aussi citer ce passage psyché-chanmé où Ant-Man passe à l’échelle sub-atomique. Parachuté avec le héros dans cet endroit « où l’espace et le temps n’ont plus cours », le spectateur ne pourra qu’admirer les effets visuels pondus par des responsables effets spéciaux particulièrement inspirés. En tout cas, on y croit, et c’est déjà énorme.<FIN DU SPOILER>
Un peu de background pour se la péter en soirée
Parmi les Avengers, Ant-Man occupe une place à part, membre fondateur du groupe, il galère pourtant à y trouver sa place, évidemment à côté de Thor ou de Hulk on fait un peu tâche quand on dit qu’on parle aux fourmis ! (Un peu comme Aquaman du côté DC en fait …) Du coup Marvel a tenté plusieurs fois de repopulariser le héros en changeant son nom et en lui donnant plus de pouvoirs, il pourra ainsi devenir Giant Man en inversant son processus de rétrécissement pour grandir ou il endossera le nom de super-héros le plus pourri jamais inventé : Pourpoint Jaune ou Yellow Jacket en anglais, avec un nouveau costume que l’on peut aisément qualifier de costume du charisme. Bref c’était mission impossible, le personnage était grillé aux yeux du public, mais comme le dit le proverbe « a quelque chose malheur est bon. »
En effet les auteurs de comics ont donc pu prendre leurs aises avec le personnage et expérimenter de nouvelles approches, chose complètement impossible avec des personnages populaires comme Spiderman ou Wolverine, et on a pu voir émerger un Ant-Man plus crade, bien moins lisse que ses compères de la grosse équipe. Ainsi dans la géniale BD The Ultimates, Ant-Man devient un mec frustré, violent et colérique jaloux du talent scientifique de Tony Stark et de Bruce Banner qui sombre dans une profonde dépression après avoir commis l’impardonnable (que je n’aurai pas le toupet de vous spoiler ici). Et le troisième Ant-Man de la BD L’Incorrigible Ant-Man sera dans la lignée, un looser fini, égoïste et qui se sert de ses pouvoirs pour aller mater des nanas sous la douche, bref une évolution qui rend le personnage mémorable ce dont il avait vraiment besoin.
Et quel incroyable plaisir de retrouver ce côté là, cet Ant-Man moderne bourré de défaut dans le film (tout de même dans une moindre mesure que dans les BDs précédemment citées) qui sauve tellement un personnage qui aurait pu être tellement lisse : Hank Pym un autre scientifique de génie qui lui aussi a des supers pouvoirs, voilà qui aurait été original après Spiderman, les 4 Fantastiques, Tony Stark et Bruce Banner (je suis sûr que j’en oublie). Merci les scénaristes d’avoir choisi de faire de Scott Lang le Ant-Man du Marvel Cinematic Universe, de pas vous être pris trop au sérieux et de nous avoir livré une si géniale comédie super héroïque !
Comme dirait Pétrocore : « Ant-Man, c’est un excellent film de super-héros mais aussi un excellent film tout court ». Ant-Man est clairement une réussite. Tant par ses aspects visuels hallucinants (les fourmis bordel !, les fights !), que par son scénario simple et excitant, et ses personnages tous haut en couleurs. On assiste à deux heures rythmées, drôles et où les détails fourmillent (tu l’as vu la vanne ?) et où le spectateur jubile face à autant d’inventivité, d’idée et de travail de fond. Ant-Man est entré par la grande porte et on espère pour lui qu’il se trouvera une bonne place dans la pléthore de héros Marveliens !
La petite note de Bolchegeek
Eh oui je rompt ici la tradition du dossier Marvel pour laisser parler l’enthousiasme de mes passionnés de confrères ! Je rajouterais juste ici ma petite touche, ne partageant pas complètement leur engouement. Si je suis d’accord sur les qualités soulignées par l’ami Petrocore (à part la sous-intrigue subatomique, qui à mon sens est un énorme pétard mouillé, qui se résout d’une manière complètement gratuite et dont les visuels m’ont pour ma part plutôt évoqué un fond animé Windows Media Player), je dois apporter mon petit bémol de relou.
Ant Man s’en tire assez bien dans la mesure de ce qu’on pouvait craindre en sachant comment il a été produit. Cependant, il garde les séquelles de ce développement et on ne peut s’empêcher d’imaginer ce qu’il aurait pu être si on avait un peu laissé bosser Wright. Certaines scènes portent tellement sa patte que même la mise en scène se retrouve obligée de « faire du Wright » (notamment les excellentes séquences où le braqueur mexicain raconte une anecdote). Malheureusement, Payton Reed n’est pas Wright, mais bien un yes man de comédie embauché à la dernière minute pour faire ce que Marvel demande (on sait que la boîte cherche de moins en moins un travail de réalisateur, mais des techniciens capables d’exécuter leur cahier des charges). Résultat, ces scènes jurent au milieu d’un film à la mise en scène beaucoup plus académique (je salue tout de même le superbe effort accompli sur les scènes d’actions, qui reprennent les premiers tests de Wright, et sont inventives, lisibles et jouissives, utilisant à fond les ballons l’aspect changement de taille tout comme – et c’est plus surprenant – les fourmis).
Je reconnais aussi la volonté de Marvel d’ouvrir ses films à des genres différents (tout comme Captain America 1 et 2 ne relevaient pas du même genre) en conservant l’idée d’un film de braquage. C’est d’autant plus dommage qu’ils n’aillent pas au bout, en nous gratifiant sans complexe de leurs marvellismes (clins d’œil à la con et abus de sous-Avengers qui sacrifient la cohérence du film sur l’autel du fan service). La très bonne surprise aussi vient d’avoir évité ce sur quoi jouait la bande-annonce, c’est-à-dire le « un homme fourmi c’est tout pourri lol », jouant plutôt la carte d’expliquer que, s’il fait pâle figure à côté des Avengers, il est en réalité le centre d’un enjeu et détenteur d’un pouvoir qui font passer Iron Man pour de la technologie pour Apple Store.
C’est l’histoire du verre à moitié plein (ce qui est déjà pas mal) et, personnellement, je ne peux que regretter la partie à moitié vide, comme des empilements de clichetons éculés et le pire méchant de l’histoire des films Marvel (sans déconner : ZERO caractérisation à part… « bonjour, je suis méchant et j’apprécierais de faire le mal, s’il-vous-plait ». Mais comme dirait Ray Arnold : « Ça aurait pu être pire, John. Bien pire. » Et puis j’ai toujours dit que Paul Rudd était un des meilleurs acteurs du monde, alors je suis bien content qu’on l’encense ici !
Je comprends. En tant que grand lecteur de Marvel, je m’étais dit la même chose au début. Après en terme de cohérence du MCU et de planning des sorties, c’est plus logique d’attribuer ça à Stark pour qui on a un background plus développé et plus d’attachement émotionnel. De plus, dans les comics on a eu récemment (à l’exception de quelques runs) une exploitation plus faible de la relation père/fils de Pym et Ultron, ce qu’on peut trouver dommage mais encore faut-il savoir l’exploiter (le désastreux Age of Ultron version comics par Bendis et Hitch).
Salut les trolls! Merci pour l’article et les bonnes raisons d’aller le voir. Continuez, pitié!
Par contre, pour parler de l’univers MCU, si l’utilisation de Scott Lang est une bonne idée, moi je trouve dommage que la relation Hank Pym/Ultron soit passée à la trappe. Mais je suis un sale traditionaliste.