Films Marvel #3 : Thor et Captain America
Marvel suit et relance de deux :
Thor et Captain America
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C’est marrant des fois les coïncidences. Alors que je vais m’atteler à vous causer des films Marvel Thor et Captain America, les deux super-héros sont partout dans la presse pour une toute autre raison. Je me suis donc fendu, rien que pour vos beaux yeux, d’un article annexe au sujet de notre dieu Viking devenant une femme et de notre bannière étoilée endossée par un noir.
Donc c’est bon, pour Marvel Films, c’est validé, les soussous sont dans la popoche, alors on embraye. Et on commence par l’évidence : la suite d’un truc qui a cartonné. Si Hulk n’aura pas assez convaincu et subi quelques avaries qui empêcheront la mise en chantier d’une suite, on peut miser sur les aventures de la poule aux œufs d’or Iron Man.
Le film n’atteindra les salles qu’en 2010 puisqu’il n’a été mis sur la rail qu’une fois le succès du premier confirmé. Et puis il s’est passé des choses depuis, des choses pas anodines.
Le 31 décembre 2009, Mickey a racheté les Avengers à grand coup de biftons (4 milliards, ce qui n’est en fait pas si énorme). Ce qui intéresse le géant du divertissement, ce n’est pas forcément les BD, qui ne rapportent pas tant que ça, mais comme d’hab’ l’exploitation de toutes les licences possibles et imaginables, pour vendre des dessus de lit, des parcs d’attraction et des figurines. Mais le potentiel bankable des super-héros Marvel au cinoche, ça ne les laisse pas froid (en plus ça synergise avec les dessus de lit, alors c’est parfait).
Ce rachat en inquiétera certains, Disney ayant la farouche réputation de tout lisser pour faire des bidons de lessive calibrés. L’inquiétude est légitime mais, à mon sens, un peu à côté de la plaque. C’est une vision un peu naïve de ce qu’est une grosse multinationale capitaliste gavée d’actionnaires gourmands (ce qu’est, de toute évidence Disney, bien sûr). En fait, le costard-cravate, ça n’a pas vocation première à formater : sa mission, sa passion, son combat de tous les jours, c’est de rentrer des quantités indécentes de gros flouse qui pue, forcément immensément plus que ceux qu’ils ont investi à la base. Alors forcément, pour arriver à ce noble objectif, ils ont tendance à ne pas vouloir prendre de risque, à écouter les études de marché faites par des têtards clonés en écoles de commerce, à utiliser les recettes qu’ils savent payantes et à surfer sur ce qui marche jusqu’à la nausée et que la bulle explose. MAIS, un costard-cravate, s’il se rend compte qu’un truc un peu audacieux marche, ça lui va aussi. Ça peut sortir des canons tant que ça veut si à la fin ça fait rentrer des bentleys.
Vous en voyez la preuve avec Pixar : Disney les laisse tranquille depuis le jour où ils se sont rendus compte que leurs machins ambitieux et souvent à contre-pieds généraient plus de pognon que les vieilles popotes sans saveur de Mickey Canal Historique.
Nous reviendrons plus tard sur l’influence de Disney car nous n’en sommes pas là. Iron Man 2 sera de toute façon distribué (tout comme Cap et Thor) par la Paramount, le deal avec Marvel n’étant pas encore expiré.
Iron Man 2 : Le syndrome Jack Sparrow
Alors que dire sur ce film ? Je vous avoue que bon… Hein… Voilà…
On prend les mêmes, on rajoute 40 millions, et on recommence (à l’exception de Terrence Howard remplacé par Don Cheadle, mais franchement, qui ça intéresse ?)
Cette suite est souvent considérée comme le plus mauvais film de la franchise (sauf pour ceux qui n’ont pas digéré les flamboyantes hérésies du 3, mais nous y reviendrons). A mon avis, Favreau, auréolé de son tout frais statut de réal’ de machines à fric avec des explosions, s’est vu demandé d’améliorer un peu l’action et le spectaculaire, assez mous de la bite dans le premier. Et l’effort est tout de même assez appréciable à ce niveau-là. Le méchant est badass, ça pète dans tous les sens, il y a la surenchère attendue d’une suite.
En revanche, il est clair que cela est fait en dépit du bon sens et en abandonnant les principales qualités du 1, à savoir l’écriture. Et surtout, pour moi le film est atteint du syndrome Jack Sparrow.
Dis-moi Bioman, c’est quoi le syndrome Jack Sparrow ?
L’avatar de la retenue en comédie par Sayomadeit
Quand Disney (tiens, encore eux) a lancé le film Pirates des Caraïbes, il faut se rappeler que le but était de promouvoir une attraction. On touche donc quand même à un niveau d’intention artistique particulièrement gravos, qui ne sera surpassé qu’à de rares occasions (Battleship, adaptation par Hasbro de son touché-coulé me paraissant être le boss final de cette logique). C’est là-dedans qu’intervient Jack Sparrow. Ce personnage, dans ce qu’il a de réussi, vient avant tout de Johnny Depp. C’est l’acteur qui, en plus de venir cachetonner chez Mickey comme cela deviendra son habitude par la suite, a tenu à glisser une dose de paprika sur l’anti-héros. Les mimiques, le côté fou, incontrôlable, to much, qui fera son charme, il s’est battu, avec l’aide de Verbinsky, pour l’imposer contre les exécutifs de Disney. Et c’est bien à l’issue de cette petite bagarre contre les costards-cravates qu’on obtiendra tout le sel du film. Film qui, en plus d’être reçu avec une petite sympathie même par les plus sectaires des journalistes de Brazil, a cartonné.
Du coup, il s’est passé quoi ? Bin ce dont je parlais plus haut : des exécutifs cons comme des balais qui voient rentrer de l’argent. C’est avec les mains moites et le regard pétillant de S barrés qu’ils commanderont des suites en réclamant plus de ce Jack Sparrow qu’ils conchiaient et qu’ils adorent désormais. Résultat : une suite écrite entièrement autour de lui (négligeant l’importance du clown blanc Orlando Bloom), de son cabotinage constant, de gags forcés, des auto-caricatures débiles qui ridiculisent ce qui faisait la qualité du personnage.
Iron Man 2, c’est un peu ça : Un Tony Stark cabotin qui pisse dans son armure bourré au milieu d’une flopée de scènes d’actions parfois réussies.
Le film connaîtra cependant un succès tout aussi important que le premier, entérinant la voie tracée par le studio.
A Thor et de travers
En 2011, Marvel Films passe à l’étape suivante, et pas des moindres : retenter de lancer de nouvelles licences. J’ai déjà expliqué que, pour des raisons de droit, le studio doit se focaliser sur les membres des Avengers.
Alors en mai 2011 nous arrive le grand blond dieu de la finesse et de l’après-shampoing. Et le bougre est problématique. Il fait partie, chez Marvel, de la frange « divine » et « magique » de l’univers (comme Hercules ou Arès). Autant d’éléments que les films Hulk et Iron Man n’ont pas abordé, centrés sur des êtres aux origines « scientifiques ». Le sérum du super-soldat donnant naissance à Cap ne sera pas un problème dans cette configuration (il est même déjà évoqué dans Incredible Hulk) mais un dieu nordique ?
Beaucoup se seraient attendus à adapter la version Ultimate du personnage. Cette version alternative des Vengeurs est bien plus moderne et adapte déjà à un monde plus terre-à-terre le héros. Il y est une sorte d’altermondialiste à pouvoirs démesurés se revendiquant fils d’Odin mais sans que l’on sache vraiment s’il est un schizo issu d’un projet super-soldat ou une réelle divinité. Pourtant, Marvel Films fait le choix brut de décoffrage des deux pieds dans la mythologie.
Ultimate Thor par Bryan Hitch,
de loin une de mes versions préférées du personnage
En fait, il utilise la méthode Stargate, ce qui est un choix compréhensible par les spectateurs, car déjà vu. Les dieux anciens sont des aliens de galaxies très lointaines nous ayant visité et inspiré nos religions. Leurs pouvoirs, compris alors comme de la magie, ne sont rien d’autre que des sciences aliens, des technologies avancées. On retrouvera même le bon vieux portail spatial, décrit selon le mode de pensée comme un trou de ver ou un chemin magique. Les mondes (Asgard, Mitgard, etc.) de la mythologie nordique ne sont alors plus que des mondes loin dans le cosmos intersidéral. Ah ces bonnes vieilles théories de tarés complotistes, c’est tellement pratique pour écrire des histoires !
C’est bien vu mais ça me fait personnellement me poser une question tout de même : comment se fait-il que les asgardiens ne sachent pas que Loki va les trahir alors que nous l’avons écrit dans nos mythologies ? Bon ok, on s’en fout.
Pour l’acteur, on se paie du sang-neuf. Marvel ne cherche toujours pas à sortir le chèque pour des stars bankables, préférant se créer leur propre star à partir d’un bleu pas trop cher. Il faut savoir qu’à ce moment-là, Joss Whedon, sur qui nous reviendrons, est déjà en lien avec la Marvel. Et il a produit un film d’horreur intitulé Cabin in the Wood qu’il n’arrive pas à faire distribuer et dans lequel joue Chris Hemsworth. C’est Whedon qui, en apprenant qu’il participait au casting, appela le réalisateur pour lui conseiller de le choisir. Et voilà : il est grand, il est blond, il a les yeux bleus, c’est un beau gosse, nous avons notre Thor musculeux. Question capacités d’acteur, de toute façon, le perso tel qu’écrit n’est pas hors de ses capacités (s’énerver très fort, grogner, jouer des pectoraux, avoir l’air grave et concerné, patati patata). Anthony Hopkins, caution prestige du casting dans le rôle d’un Odin qui se devait d’avoir une certaine prestance, se moquera d’ailleurs en interview du jeu de son jeune compère, mais soyons honnête, il fait le taf pour lequel on l’a embauché.
A la réalisation, le choix est plus surprenant… Kenneth Branagh est un acteur et réalisateur britannique essentiellement abonné aux drames shakespeariens. Pas vraiment le premier choix pour faire du blockbuster de supers. Mais question problèmes familiaux et doutes existentiels de mecs en capes et armures, il touche sa bille. Le film s’oriente ainsi vers les drames à la cour asgardienne, avec de l’orgueil, des complots, des luttes fraticides/paricides/régicides, le tout en costume et en surjouant avec l’accent faux-vieil-anglais. Il faut admettre que le parti pris n’est pas idiot. Le réalisateur, à la surprise générale, parvient même à se lâcher dans les quelques scènes godofwaresques qui amènent le minimum syndical de spectaculaire au film.
Brannagh apporte également un certain sens de la comédie (genre auquel il a déjà touché) dans l’autre partie du film, celle sur Terre. Et là, il faut bien comprendre ce qu’a fait Marvel Films.
Le personnage de Thor a été grandement simplifié par rapport à la BD. Car normalement, comme tout bon super-héros, il a un alter-ego : Donald Blake, sorte de jeune Dr House qui change de place avec Thor lorsqu’il tape sa canne. En-dehors d’un petit clin d’œil, le film fait l’impasse là-dessus pour se concentrer sur le seul dieu, le bourrin, l’orgueilleux, le huilé Thor qui retourne des tables, et sur sa quête pour retrouver ses pouvoirs et par la même occasion apprendre à être moins un gros con. Car oui, tout comme Tony Stark, Thor est à la base un gros con. Et car oui aussi, il passe une bonne partie du film sans pouvoirs. C’était l’un des autres problèmes : comparé aux autres héros Marvel, Thor est un peu cassé niveau supermanisme (c’est un dieu quoi). On voit mal qu’est-ce qui pourrait l’embêter sur notre bonne vieille Terre.
Le SHIELD, plus présent que dans les autres films (avec l’éternel Agent Coulson), apporte la touche X-Files/Men in Black qui permet de faire fonctionner du surnaturel avec du moderne. En-dehors de ça, le film fait le choix d’organiser toute la partie terrestre sur la mécanique Terminator/Les Visiteurs, qui consiste à jouer tous les ressorts comiques sur le décalage entre un être surpuissant/d’un autre temps et le monde moderne. Pauvre en action (à part un moment où on essaie de nous faire croire que l’infiltration façon rugbyman-cochon-dans-le-maïs du héros relève de techniques dignes des militaires les plus entraînés), ce choix de la comédie a le mérite de rendre le film assez rafraîchissant.
Les lecteurs de la BD auront bien remarqué qu’il s’inspire largement du run de l’excellent scénariste Straczinski, où Asgard se retrouve situé à côté d’une bourgade redneck du Kansas. Mais il aurait peut-être mieux fait de s’en inspirer plus, tant le film semble mou et peu ambitieux par rapport au génie des mises en situation de sieur Straczinski. A la place, il patauge entre sa dimension shakespearienne, comédie potache, action obligatoire et tentative de faire coller le tout à l’univers désormais partagé des films Marvel.
La romance avec Nathalie Portman est bâclée en trois coups de marteau à pots et aurait tout aussi bien pu être jouée par n’importe quelle actrice en herbe capable de réciter un texte. Mon cœur penchera plutôt pour Kat Dennings qui a au moins le mérite d’être marrante en plus d’être craquante (mais ça c’est mon avis et tout le monde s’en fout légitimement).
Tom Hiddleston et son personnage de Loki ont le mérite d’être plus intéressants que celui de la BD (qui est juste méchant, parce que Loki, bin dans la mythologie, il est méchant) mais il faudra attendre Avengers et Thor 2 pour qu’il soit utilisé à son plein potentiel.
Quant à la direction artistique, perdue dans tout ce bordel, il faut dire qu’elle patauge grave. Ne sachant quoi foutre de ses dieux-aliens, ces vikings-haute-technologie, elle opte pour des armures des Chevaliers du Zodiaque et des couleurs dégueulasses qui font saigner les yeux dans l’espace.
Saluons tout de même la production design du torse de Chris
Comprenez-moi bien : Thor n’est pas un ratage de Marvel. Il est tout à fait agréable à regarder (le film mais aussi le perso, que vous pouvez mater sous toutes les coutures, messieurs-dames) et réussit au moins à légitimer cette partie de l’univers, ce qui n’était pas gagné. Mais ses gros défauts d’écriture et de conception donnent clairement une impression de panique à bord au cours du processus. Ce qui le met très en-dessous de son copain de la même année…
Captain America : Un vieux soldat qui a dû s’adapter
Captain America : The First Avengers, qui sort en juillet de la même année, posait un problème tout à fait différent et bien plus pernicieux. Putain… Ce mec est Captain EUMAYRIKA ! C’est l’Amérique (l’Amériqueuuuuh… quoi j’ai déjà fait une blague sur Joe Dassin?), son costume est un putain de drapeau ! Et le moins qu’on puisse dire, c’est que le reste du monde et les américains eux-mêmes commencent à être un peu méfiants avec leur patriotisme bas-du-front et les symboles agressifs de leur impérialisme.
Soyons clair : faire un blockbuster international avec ça est plus casse-gueule que de mettre des dieux nordiques dans Winnie l’Ourson.
Et là, je dois reconnaître le mérite à l’ensemble de l’équipe de production d’avoir réussi ce que je n’hésiterais pas à qualifier de leçon d’adaptation.
Je m’explique…
La réalisation est confiée à Joe Johnston, plutôt honnête artisan relativement apprécié à Hollywood (qui lui pardonne la purge Jurassic Park III… moi je pardonne mais je n’oublie pas), d’autant qu’il a signé des divertissements efficaces comme Jumanji. Il a aussi à son actif le méconnu mais généralement bien vu The Rocketeer, trip d’aventure presque super-héroïque à l’esthétique rétro et comprenant à son casting Jennifer Connelly, excusez-moi du peu.
Si vous ne vous laissez pas trop perturber par JC,
vous pouvez admirer l’esthétique retro
On débauche le petit Chris Evans, acteur mineur déjà vaguement connu pour son rôle de la Torche dans les minables films Fantastic Four. Il est blond, il est beau, il a les yeux bleus… je vous la refais pas. Tommy Lee Jones est la caution « acteur prestigieux » (comme Hopkins pour Thor) et je suis amoureux d’Hayley Atwell qui joue Peggy mais là encore je sais, tout le monde s’en fout, arrête.
Mais la réussite brillante du film est entièrement dans ses partis pris d’adaptation, sa direction artistique et son écriture. Pour cela, il faut bien avoir conscience des choix qui ont été fait.
Captain America est à l’origine un super-héros créé pendant la Seconde Guerre Mondiale par Jack Kirby et Joe Simon. Le comic avait vocation à soutenir l’effort de guerre et à participer à la propagande idéologique, y compris sur le front où il était donné aux marines. Par la suite, privé de sa raison d’être qu’était la guerre, il se tournera vers les autres menaces de l’Amérique, à savoir les soviétiques et les asiatiques de type peu ouverts au bienfait du capitalisme. Cette triste période sera rétroactivement reniée par Marvel lorsqu’ils reprendront le personnage, allant jusqu’à dire que ce n’était pas Steve Rogers (qui était prisonnier de la glace depuis la fin de la Guerre) mais un remplaçant particulièrement va-t-en-guerre (et qui deviendra même un antagoniste). Rogers reprenant du service ne perdra bien sûr rien du patriotisme inhérent à un Captain America. Mais il faut bien comprendre qu’aux États-Unis, « patriote » n’est pas forcément opposé à progressiste. Il y a cette idée, y compris dans la gauche américaine, que les États-Unis sont un idéal, des valeurs, et que certaines politiques les foulent du pied. Par exemple : les USA c’est l’hospitalité pour tous les migrants du monde, donc être anti-immigration, ce n’est pas patriote ; les USA, c’est la diversité, donc être raciste, ce n’est pas patriote, etc.
La désormais mythique première couv’ de Cap
C’est ainsi, comme pour contrebalancer les possibles dérives réactionnaires de ce personnage hautement symbolique que Marvel en fera assez régulièrement un progressiste. Son sidekick sera le premier super-héros afro-américain, il combat le KKK, il se rebelle contre le gouvernement, etc. En fait, Rogers est quelque part une sorte de liberal au sens américain du terme. Il ne perd évidemment jamais le patriotisme cocardier et parfois assez ridicule des américains et de leurs symboles, mais pas forcément utilisés comme on s’y attend outre-Atlantique (parce qu’il faut être honnête, on a une vision encore plus caricaturale d’eux que celle qu’ils ont ont de nous).
Le film choisit de se passer intégralement en 39-45 (alors qu’ils auraient pu utiliser cette période que comme genèse). Le film campe un Rogers qui n’a rien d’un nationaliste. Utilisant le fait que le sérum transforme un avorton en super-soldat, ils jouent la carte d’un homme faible mais si viscéralement opposé à la brutalité faite à ceux qui ne peuvent se défendre que son pouvoir réside en réalité là : une sorte de courage naïf et incorruptible, pas plus motivé à tuer du boche qu’à accepter quelque injustice que ce soit. Rogers veut combattre les nazis parce qu’il ne supporte pas le nazisme, idéologiquement. « Les nazis ont conquis l’Allemagne avant de s’attaquer au reste de l’Europe », dira le savant qui le transforme.
Cet ancrage dans la période génitrice du personnage apporte également une direction artistique fabuleuse, totalement héritière des films d’aventures 80s à la Indiana Jones. Les costumes, les décors, le folklore WWII, les bons vieux troufions sur le front et toute l’imagerie de la propagande guerrière : tout est là, parfaitement réussi.
Mais le véritable coup de force n’est pas uniquement de parvenir à adapter ce personnage casse-gueule, c’est d’adapter également ce qu’il symbolise éditorialement. Bon, qu’est-ce que je veux dire par là ?
D’après l’ami Chris, l’hymne qu’on entend dans le film finissait par lui faire péter un plomb
Dans la BD, Cap il est fort alors il va taper du nazi. Mais dans le film, on ne veut pas l’envoyer se battre parce qu’il est trop précieux comme outil de propagande. Et là, ce n’est pas le personnage qui est adapté, mais le rôle historique de sa BD. Ainsi, le film illustre, raille et critique toute la propagande guerrière des États-Unis et pose un Cap qui s’y refuse. Jusque dans les costumes, le film suit cette logique. Le premier est véritablement le premier de la BD et il est… ridicule. Mais ici, c’est volontaire : il est ridicule parce que c’est un costume grand-guignolesque qui n’est là que pour faire beau et pour chanter des hymnes devant les troupes.
On signalera également que le film, en se passant à une autre époque, parvient à être meilleur que les autres pour créer un univers Marvel cohérent. On retrouve le visionnaire père de Tony Stark, les bases du SHIELD, le monde de Thor en utilisant ce bon vieux folklore d’Hitler fasciné par le surnaturel et la mythologie nordique, etc.
Il y a pour moi là l’une des réussites les plus fabuleuses de Marvel : réussir à adapter plus brillamment que les autres le personnage le plus foireux à adapter.
Peggy > Jane Foster / Black Widow / Pepper Potts / la plus cool de tes copines
La suite dimanche prochain, old pals !
Scène post-générique
EXTÉRIEUR NUIT [Spoiler alert sur Captain America]
Devant un cinéma, Bolchegeek finit sa clope, l’air mélancolique. Le copain Nemarth lui secoue le bras en lorgnant sur une affiche, la bave aux lèvres.
« Eh mec ! Faut y aller ! »
Bolchegeek écrase sa clope. Il ne semble pas aussi emballé.
« Qu’est-ce qui t’arrive ? C’est parce que c’est la troisième fois qu’on va le voir ? T’en as marre ?
– Non, non. Je pensais à Peggy.
– Comment ça ?
– Bin, je me disais… Hayley Atwell, c’est la meilleure de toutes les nanas des films Marvel. On dirait presque une nouvelle Jennifer Connelly. Et à la fin, Cap arrive à notre époque. Ça veut dire qu’on la verra plus putain. Elle doit être morte ou toute vieille et fripée. »
Nemarth lui tapote l’épaule, l’air compatissant.
« Je sais c’est dur, mec. On la reverra plus, faut passer à autre chose. Mais là faut vivre à ton époque… et on va revoir Avengers putain !
– PUTAIN OUAIS TROP COOL ! »