Takenoko le jeu du panda
Vous avez invité vos amis, vous êtes prêt(e), ce soir ils vont découvrir grâce à vous le shakuhachi, mais vous tombez sur un os, comment les occuper avant qu’ils ne tombent sous le charme zen de la flûte ? Ne craignez rien, le Cri a pour vous la solution : Takenoko un jeu de société tout calme se déroulant dans les jardins zen de l’empereur du Japon.
Petite pousse de bambou
C’est ce que signifie le titre du jeu et c’est effectivement l’élément central du plateau. En effet afin de sceller la paix entre l’empire du milieu et l’empire du soleil levant, l’empereur de Chine a décidé d’offrir à son homologue japonais un panda géant. Celui-ci ravi de la beauté exquise du gros nounours décide de le placer au sein de son jardin zen, au grand dam du jardinier impérial qui verra les aménagements de ses bambouseraies être mis à mal par la grosse bête noire et blanche. Et c’est là que les joueurs entrent en scène: défendront-ils le jardinier, encourageront-ils le panda à donner libre cours à sa faim débordante ? Ce sera à eux de choisir selon les moments ce qui les arrange le plus. Mais pour mieux comprendre, nous allons devoir passer par la case obligatoire de…
L’explication des règles
Dans Takenoko les règles sont relativement simples: le but du jeu est de remplir un certain nombre d’objectifs ( déterminé par le nombre de joueurs ) qui rapportent plus ou moins de points. Le joueur ayant le plus de points, étrangement, remporte la partie… Incroyable n’est-ce pas ?
Il existe plusieurs sortes d’objectifs: les objectifs jardinier, les objectifs panda et les objectifs parcelles, ces derniers rapportent le moins de points mais sont absolument indispensables pour aménager le plateau de jeu. Et oui, au tout début de la partie il n’y a que la tuile de l’étang central du jardin qui est posée, il faudra donc piocher et aménager des parcelles afin de donner forme au jardin et y faire pousser les bambous. Comme il existe trois sortes de parcelles différentes (les vertes, les jaunes et les roses) des combinaisons sont possibles et vous remplirez donc vos objectifs parcelles en réussissant les dites-combinaisons. Puis viennent les objectifs jardiniers et pandas et pour pouvoir les remplir il va vous falloir du bambou car le jardinier veut aménager la bambouseraie impériale parfaite et le panda veut juste tout boulotter. Faire pousser le bambou nécessite beaucoup d’attention donc il est bien temps que je vous explique les tours de jeu, l’empereur nous regarde après tout, ne le faisons pas pousser n’importe comment.
Les tours se déroulent toujours de la même manière : On lance d’abord le dé de la météo (j’y reviens dans quelques lignes) puis on choisit deux actions parmi les suivantes :
_ On pioche trois cartes parcelles, on en choisit une que l’on pose immédiatement en jeu et on remet les deux autres sous la pioche.
_ On pioche un canal d’irrigation que l’on choisit de poser ou non en jeu (on peut les stocker et tous les poser d’un coup en choisissant cette action plus tard). Irriger les parcelles est indispensable pour y faire pousser du bambou, cette action qui ne sert pas à remplir d’objectif en elle même doit être fréquemment utilisée.
_ On déplace le jardinier, celui-ci avance en ligne droite de n’importe quel nombre de cases (vous choisissez) et fait immédiatement pousser une pousse de bambou sur la case irriguée où il atterit et sur les cases irriguées adjacentes partageant la même couleur.
_ On déplace le panda, celui-ci avance en ligne droite de n’importe quel nombre de cases (comme le jardinier) et mange une pousse de bambou sur la case sur laquelle il atterit.
_ Enfin on pioche une nouvelle carte d’objectif parmi les trois tas disponibles (panda, jardinier, parcelles). Et oui, avoir de nouveaux objectifs coute une action et peut donc vous retarder, à vous d’utiliser cette action avec parcimonie !
Une fois les deux actions accomplies, on regarde si on a rempli un de nos objectifs (qui sont personnels à chacun des joueurs) si oui on le révèle et on pose la carte d’objectif devant nous en signe de gloire éternelle si non c’est au tour du joueur suivant.
Le dé de la météo va venir légèrement perturber tout cela, mais rassurez vous, je n’ai pas oublié que ce soir c’est soirée Shakuhachi donc rien de bien méchant. C’est un dé à six faces où chaque face représente un évènement météorologique qui fait son propre effet sur le jeu : (paries combien qu’il va encore nous faire une liste ?)
_ Le soleil (et voilà … tu me dois cinq euros..) ajoute au joueur la possibilité d’avoir une troisième action.
_ La pluie fait pousser du bambou sur la case irriguée de votre choix.
_ Le vent permet au joueur de faire deux fois la même action au lieu d’en choisir deux différentes.
_ L’orage terrifie le panda qui se réfugie sur la case du choix du joueur et pour se rassurer il y mange une pousse de bambou.
_ Les nuages font planer le doute au jardinier, il décide donc d’aménager la bambouseraie en plaçant sur des parcelles des…aménagements ! (Il y en a trois, une liste dans une liste, ça devient n’importe quoi cette chronique : le bassin qui irrigue la parcelle sans besoin de canaux d’irrigation, l’engrais qui double la production du bambou et l’enclos qui empêche le panda de manger les pousses de cette parcelle.)
_ Enfin le point d’interrogation donne libre choix au joueur de décider de l’évènement météo qui s’abat sur son tour.
Voilà vous connaissez maintenant l’essentiel des règles mais alors qu’est-ce que cela vaut une fois le plateau mis en place ?
Du Bambou gourmand croquant
Le jeu est à l’image de sa mascotte, le panda, adorable. Avec ses règles simples comme bonjour et son rythme tout gentil malgré la compétitivité entre les joueurs Takenoko va s’imposer de lui même pour les temps calmes. On est certes loin de la frénésie d’un The Island ou de la tactique d’un Tash-Kalar mais il y a quand même un certain challenge à accomplir parfaitement les objectifs, surtout à quatre joueurs qui ne cesseront de vous mettre des bâtons dans les roues avec le panda ou les aménagements ce qui est très plaisant puisque cela évite une redondance entre les parties. De plus le jeu possède une véritable ambiance très accrocheuse comme Abyss mais dans un tout autre registre. Ici le ton est léger, les dessins sont dans un style naif et enfantin pour les cartes et dans un style contemplatif pour les parcelles, les figurines jardinier et panda sont aussi vraiment trop mignonnes pour qu’on n’ait pas immédiatement envie de jouer avec elles.
Takenoko d’Antoine Bauzat est un véritable coup de coeur (que nous ne sommes pas les seuls à avoir ressenti puisqu’il a reçu de très nombreux prix lors de sa sortie en 2012), pour sa simplicité, son ambiance et son adorable panda fauteur de troubles, ce jeu de 2 à 4 joueurs apportera pendant environ 45 minutes une paix et une sérénité à votre salon qui vous réconciliera après une affreuse partie de belote (comment ça c’est un euphémisme ?) Vous pourrez le dénicher entre 30 et 40 euros dans les meilleures boutiques de France et de Navarre. Et si après une lecture du dictionnaire des Yokaï et une partie de Takenoko vos amis ne sont toujours pas convertis aux charmes de la flûte Shakuhachi, changez d’amis.
Le Shakuhachi transcende l’expérience, la rendant presque méta-physique, il en ressort des sentiments de paix intérieure et d’harmonie, le son de la flûte évoque le bruit du bambou qui pousse et les quelques percussions qui l’accompagne rappellent le son de l’eau des petites cascades s’écrasant sur les galets polis. J’ai pas ressenti une telle immersion de jeu depuis qu’on a joué à Abyss au fond de la piscine municipale !
Bonjour,
Alors justement, à ce sujet, il va falloir revenir, (à moins que nous déplacions notre royaux fessiers jusqu’à ta forteresse) pour y rejouer, parce que j’ai bien eu le sentiment moi qu’un panda dans une bambouseraie peut être aussi dangereux que ces maudites baleines !!! L’ambiance est moins dramatique que The Island (LA FIIINNN DU MOOOONDE !!!!) certes, mais pas moins jubilatoire !!
Enfin bref, ce jeu m’a bien plu ! Et sans écouter de Shakuhachi pour autant …. ;P